Engagées pour le bien commun

 Engagées pour le bien commun  FRA-009
07 août 2025

L’œuvre des sœurs franciscaines missionnaires de Marie en Ukraine orientale

Apporter la paix et la joie
là où il y a la souffrance
et l’incertitude

Vatican News

Au milieu de la guerre en cours, dans l’est de l’Ukraine, les sœurs Franciscaines missionnaires de Marie (FMM) incarnent leur charisme franciscain en apportant la paix dans un contexte marqué par la tourmente et les injustices. Malgré l’incertitude de la vie quotidienne, la menace constante du danger et la fatigue causée par les sirènes des raids aériens, elles restent fidèles à leur mission.

«Actuellement, ici, il y a de nombreux besoins à différentes échelles, qui vont des besoins humains de base au soutien spirituel, émotionnel et psychologique. Les menaces et la vie constamment mise en danger par la guerre provoquent de multiples carences chez les enfants, les jeunes, le personnel militaire et leurs familles, et les personnes âgées, et cette liste s’allonge au fur et à mesure que la guerre se poursuit», a partagé sœur Yana Chop, une des franciscaines missionnaires de Marie à Kryvyï Rih. «C’est le moment de se confier à Dieu et d’apporter la paix dans des lieux et chez des personnes spécifiques».

Les sœurs FMM collaborent avec la paroisse de l’Assomption de la Vierge Marie, guidée par les pères Missionnaires de Notre-Dame de La Salette. Dans le cadre de cette collaboration, une cuisine pour les nécessiteux œuvre deux fois par semaine, fournissant des repas chauds à 150 personnes. «Une soupe chaude est parfois le seul repas de la journée pour certaines personnes qui vivent dans la rue», a déclaré sœur Yana.

Outre l’assistance matérielle, les sœurs offrent un soutien spirituel et psychologique aux personnes touchées par les traumatismes de la guerre. Elles organisent des prières, des rencontres communautaires et des entretiens individuels, elles aident les personnes à trouver de l’espérance et un sentiment de sécurité pendant les moments difficiles. Au sein de leur communauté paroissiale, elles travaillent dans la sacristie, aident à la liturgie et à la catéchèse pour les enfants, les jeunes et les adultes. «Deux fois par semaine, les enfants de la paroisse, provenant de familles dysfonctionnelles et de familles réfugiées, viennent chez nous pour faire des activités communes. C’est un temps pour les repas en commun, les activités de soutien et la catéchèse, où, ensemble, nous pouvons connaître Dieu», a poursuivi sœur Yana.

La musique joue un rôle spécial pour apporter une espérance, une paix et un soutien spirituel aux personnes. Les sœurs pensent que la musique aide à surmonter la solitude, à édifier la communauté et à trouver la paix intérieure dans les moments de crise. «Dans les conditions dures de la guerre et de la pauvreté, jouer de la musique et chanter deviennent des formes de prière et d’espérance, ainsi qu’un rappel que la bonté et la beauté existent encore dans la vie de tous les jours», ont déclaré les sœurs. Les initiatives musicales de la paroisse de Kryvyï Rih vont au-delà de la communauté locale: leur message va encore plus loin grâce au partage d’enregistrements en ligne. Comme le souligne Sœur Yana: «Les concerts et le chant communautaire sont enregistrés et publiés sur les réseaux sociaux ukrainiens de la Congrégation pour atteindre ceux qui ne peuvent pas être physiquement présents, en particulier les personnes âgées, les malades et les réfugiés qui se trouvent en Ukraine et à l’étranger». Les sœurs FMM estiment que la musique peut devenir un pont qui relie les personnes dans la prière et dans l’espérance, indépendamment du lieu où elles se trouvent. «Dans les moments difficiles, surtout pendant la guerre, ces diffusions en ligne fournissent un soutien spirituel, renforcent le sentiment de communauté et permettent aux personnes de garder le contact avec l’Eglise et l’Evangile», a déclaré sœur Yana. «C’est un instrument simple, mais très efficace pour l’évangélisation et la solidarité. Pour nous sœurs, c’est une grande joie de faire de la musique ensemble dans la communauté, car cela nous plait beaucoup».

Sans aucun doute, il y a de nombreuses occasions jour après jour pour apporter la paix aux autres. Les FMM soulignent que l’on peut commencer par le geste le plus simple, comme le sourire, qui peut illuminer la journée de quelqu’un et faire naître une nouvelle espérance au milieu des difficultés de la guerre. «La confiance quotidienne dans Jésus, qui est la véritable Paix, est très précieuse et importante», ont conclu les sœurs. «Seul le Seigneur Ressuscité peut nous enseigner à vivre, à servir dans ce lieu et à devenir Ses témoins. Dieu, qui n’abandonne pas son peuple, mais qui est avec lui à chaque moment».

Les sœurs du Divin Pasteur
de la Divine Providence coopèrent
avec une prison polonaise

En prison pour redonner espoir aux détenues

Karol Darmoros

La conclusion d’un accord avec la prison de Krzywaniec, en Pologne, est une étape de plus dans le développement des activités de réinsertion de la part des sœurs du Bon Pasteur. Dans le même temps, c’est également la réalisation du charisme de la Congrégation, depuis le début destiné à aider les femmes en crise. «En avril, nous avons débuté les rencontres avec les détenues. Ce sont des rencontres de groupe sur des sujets convenus au préalable, il y a également des rencontres individuelles», a déclaré sœur Krzysztofa Kujawska. Les leçons se déroulent régulièrement, actuellement en deux groupes, et à partir de juillet, une autre sœur s’unira au travail. L’objectif n’est pas uniquement la formation spirituelle, mais également le soutien concret après la sortie de prison. Par exemple, l’aide aux problèmes de logement. «Elles peuvent vivre avec nous, chercher un emploi ou recevoir un soutien psychologique», a expliqué notre interlocutrice.

Les sœurs du Bon Pasteur ne gèrent pas de centres: les femmes peuvent vivre avec elles dans les maisons religieuses après avoir purgé leur peine. «Si l’une d’elles veut rester avec nous — car c’est notre charisme — elle peut rester avec nous, vivre simplement dans nos maisons pour le reste de sa vie. Nous accueillons déjà des femmes qui proviennent d’autres prisons», a expliqué sœur Krzysztofa. Aider les détenues comprend aussi le don de colis ou la distribution de courrier, toujours en accord avec le personnel pénitentiaire. C’est un soutien pour ces femmes qui en ont le plus besoin, car souvent, la prison éloigne la famille et les amis. Le charisme de la Congrégation des sœurs du Bon Pasteur de la Divine Providence naît de l’œuvre de la fondatrice, la bienheureuse Maria Karłowska, qui aidait les femmes qui vivaient dans les rues à Poznań. «Notre visite en prison en tant que sœurs du Bon Pasteur a précisément ce but, donner aux femmes l’espérance (…) d’avoir encore une dignité, d’avoir une lueur d’espérance qui puisse être différente», a souligné sœur Krzysztofa. Elle-même traite les détenues comme des personnes normales qui vont aux réunions dans les paroisses ou dans les communautés. Cela apporte des résultats et crée de la confiance, comme l’affirme sœur Krzysztofa, qui reçoit déjà des signes que ces femmes ne se sentent pas emprisonnées. Travailler avec les détenues est également une réponse à leur situation dramatique après être sorties de prison. «Souvent, quand elles sortent de prison, personne ne les attend. (…) Elles ont de grandes difficultés à trouver du travail», a déclaré sœur Krzysztofa.

Notre interlocutrice a souligné que bâtir la confiance est fondamental lors de ses visites en prison et dans les conversations avec les détenues. Toutefois — comme l’a ajouté sœur Krzysztofa – le facteur décisif est la voix des femmes ainsi que leur décision d’être ouvertes à la conversation ou, à l’étape suivante, d’accepter de l’aide. «Quand je suis allée là-bas pour une première rencontre, aucune collaboration, aucun projet n’a été évoqué. (...) Ce sont elles qui décident si m’accepter ou non (...). Elles m’ont demandé ce qui aurait été fait à la réunion suivante. Pour moi, ça été le signal que nous pouvions procéder», a expliqué sœur Krzysztofa Kujawska. Sa congrégation prévoit d’étendre la collaboration à d’autres prisons. Les sœurs du Bon Pasteur ont de l’expérience: elles se sont rendues à la prison de Grudziądz déjà dans les années 90 et plusieurs femmes ont par la suite vécu dans leurs maisons après avoir purgé leur peine.

L’engagement des sœurs de la charité dominicaines de la Présentation

Tout pour l’amour
du peuple haïtien

Elaine Castro Matheuz

Les religieuses ont été une bouffée d’espérance pour le peuple haïtien qui traverse une situation extrêmement difficile. Haïti affronte une profonde problématique de pauvreté extrême, de catastrophes naturelles, de violence, d’expulsions, ainsi qu’une crise sanitaire qui touche l’ensemble de la population. L’urgence pour les soins médicaux, l’éducation, le soutien psychologique et les aides humanitaires est en hausse, et les religieuses se sont consacrées à répondre à ces besoins, offrant non seulement des médicaments et de la nourriture, mais également une charité et une dignité. C’est dans ce contexte qu’œuvre sœur Marie Marthe Placius, dont l’histoire illustre le travail de nombreuses religieuses qui, chaque jour, donnent tout pour l’amour de leur peuple.

La mission de sœur Marie Marthe Placius commença avec la simple invitation de Jésus: «Donnez-leur vous-mêmes à manger». Ces paroles sont devenues un écho de la profonde vulnérabilité de son peuple. Depuis la zone Croix-des-Bouquets, aux alentours de Port-au-Prince, elle a répondu comme les disciples: «Ici nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons… Je n’ai pas beaucoup, mais Dieu peut œuvrer et multiplier ce que je suis disposée à lui offrir pour la réalisation de son œuvre».

Sœur Marie Marthe, dans son témoignage sincère, a raconté: «J’avais peur de croiser les bras sans apporter aucun réconfort aux miens, qui souffrent et crient leurs douleurs». Au milieu du chaos, le regard bienveillant de Dieu redonne à l’homme sa dignité, tissant un nouvel habit de salut, que l’on porte en soi et qui engendre de l’espérance. A travers le service communautaire de la mission «en tant que Sœurs de la charité dominicaines de la Présentation de la Sainte Vierge, nous réussissons à maintenir vivantes nos œuvres, surmontant la peur de la mort, de l’enlèvement. De plus, en tant que Haïtiennes, nous sentons que c’est un devoir de vivre et de mourir dans la lutte pour aider les personnes au moment où elles ont le plus besoin de nous. L’objectif principal de nos missions est d’annoncer Jésus Christ», a-t-elle ajouté. Suivant l’exemple de Jésus, sœur Marie Marthe essaye de vivre sa mission comme une multiplication constante d’amour et de soins. Son service s’accomplit dans des centres sanitaires et éducatifs, où elle fournit une assistance aux malades et exerce des activités de prévention. Au sein de la clinique Saint-Esprit, elle offre «une assistance pédiatrique, des consultations externes pour toutes les catégories de la population, y compris les femmes enceintes, des consultations prénatales et périnatales, une assistance pédiatrique et un programme de nutrition pour les enfants». Actuellement, elles n’ont pas assez de nourriture pour maintenir le programme, mais s’occupent de 125 enfants. Elles mènent des campagnes de vaccinations et offrent une assistance aux personnes atteintes de diabète ou d’hypertension artérielle, ainsi que des thérapies de réadaptation et aident ceux qui ont besoin d’une chaise roulante ou d’un déambulateur, facilitant l’aide aux personnes atteintes de handicaps physiques et contribuant ain-si au maintien du programme de réhabilitation.

A ce propos, sœur Marie Marthe a affirmé: «Nous avons un autre centre pédiatrique centré sur le soin de l’enfant, de sa croissance et de son développement. De plus, nous gérons une école maternelle et des programmes de bourses d’études qui permettent aux enfants issus de familles à bas revenu d’avoir accès à l’école».

Dans le même temps, les sœurs accomplissent leur service à l’école Marie Poussepin, où l’on apprend aux enfants non seulement à lire et écrire, mais aussi à valoriser la vie, la dignité et la paix. Sœur Marie Marthe a souligné que: «Dans l’éducation des enfants en bas âge, nous leur enseignons la valeur de la vie à travers les jeux et les activités didactiques. Nous cherchons aussi à encourager les familles à vivre les valeurs qui modifient l’attirance pour la violence, promouvant le respect pour la vie et la culture du soin». L’assistance médicale, l’éducation, l’accompagnement des familles et la présence constante au milieu de la douleur représentent cette double action de la mission: offrir le peu dont on dispose avec la confiance que Dieu le transformera en beaucoup.

Sœur Marie Marthe a raconté la façon dont, après un discernement attentif, elle a tout laissé pour retourner dans son pays natal et servir son peuple. Même si elle a dû affronter la peur et l’insécurité, elle a confié: «Avec la prière et le soutien de ma communauté, je suis en mission et jusqu’à présent rien de mal ne m’est arrivé». Dans son cœur, elle vit la certitude que son don, aussi petit qu’il puisse paraître, continue de se multiplier.

L’histoire de sœur Marie Marthe est la preuve concrète que, comme dans la multiplication des pains, Dieu peut prendre nos simples dons et les transformer en miracles d’amour. La mission des sœurs en Haïti est sans aucun doute un signe tangible du Royaume que Jésus a annoncé : là où il y a de l’amour, Il peut faire beaucoup, parce que la véritable multiplication vient de la confiance en Lui et de Sa grâce qui guérit et sauve.

Le témoignage d’une brigittine
dans un couvent suédois

Quand la vocation naît grâce à une passion
pour le football

Mario Galgano

«Je m’appelle sœur Monika. Et comme vous le découvrirez probablement très rapidement, je suis allemande». C’est ainsi que commence la conversation avec la sœur septuagénaire. Depuis plus de quatre décennies, elle vit en Suède, plus précisément dans le monastère des Brigittines à Vadstena, une petite ville sur le lac Vätternsee. Elle y vit en communauté avec sept autres sœurs provenant de Suède, d’Allemagne, de Finlande et des Pays-Bas.

La configuration du monastère en dit beaucoup sur l’évolution des vocations ecclésiales. «Une de nos novices est plus âgée que moi», a affirmé sœur Monika. Aujourd’hui, le monastère n’est plus un lieu pour les jeunes étudiantes, mais un espace que les femmes cherchent souvent dans une deuxième phase de leur vie. «C’est peut-être la deuxième carrière d’une femme», a-t-elle déclaré. La composition de la communauté reflète elle aussi une évolution: pour la première fois, la majorité des sœurs sont suédoises. Au début, c’était différent, a-t-elle raconté.

Autrefois, l’ordre — fondé par sainte Brigitte de Suède au XIVe siècle — n’était même pas officiellement autorisé dans le pays. «Jusqu’en 1957, il était interdit de fonder un monastère», a-t-elle expliqué. C’est uniquement une décision du Riksdag qui autorisa enfin la vie religieuse en Suède. Jusqu’alors, la maison de Vadstena était officiellement déclarée comme maison de retraite pour les personnes âgées.

Les principes théologiques des Brigittines se fondent sur trois éléments: la Règle de saint Augustin, les Constitutions de sainte Brigitte et les adaptations modernes qui en dérivent. La spiritualité de l’ordre est clairement marquée: «La souffrance du Christ est importante pour nous», déclare sœur Monika. La structure quotidienne de la prière suit une perspective mariale. Les sœurs regardent la vie de Jésus à travers les yeux de Marie, chaque jour de la semaine ayant un thème différent, des anges à la Trinité. Un des objectifs principaux de sainte Brigitte était de permettre aux hommes et aux femmes d’œuvrer ensemble. Même si par le passé, les moines et les moniales vivaient dans des espaces séparés, ils œuvraient ensemble spirituellement. Dans «l’église bleue» de Vadstena, cela était visible d’un point de vue architectural: avec des chœurs séparés, mais un lieu de culte commun. Un autre aspect essentiel est le service au prochain: écoute, prière, conversion. «Nous recevons de nombreuses demandes de prière pour une chose spécifique, ou les personnes viennent et veulent parler», a-t-elle continué. Le témoignage silencieux fonctionne. Et, parfois, il s’agit aussi de choses très pratiques: «Aujourd’hui nous avons emballé environ 400 pots de confiture dans des boîtes en carton, et j’ai aimé faire cela».

Joie — tel est le cinquième point qui caractérise la spiritualité des Brigittines. Elle en parle quand elle évoque son travail dans l’auberge Eden. «Un jour, là-bas, j’ai commencé à nettoyer les WC. Cela est devenue une joie». C’est la communauté qui rend supportable et sensé même ce travail difficile et dégradant. Mais comment une femme de Coesfeld en Westphalie est-elle arrivée en Suède dans un monastère? Le début a été étrangement profane: le football. Pendant la Coupe du Monde 1974, elle a remarqué le gardien de but de l’équipe nationale de Suède, Ronnie Hellström. «Je suis tombée amoureuse de lui», a-t-elle raconté en souriant. Dès lors, son attirance pour la Suède grandit. Elle a suivi des études en histoire avec une spécialisation en histoire nordique et, «grâce à un ami d’université de mes parents, à l’époque évêque catholique en Suède, je suis venue à Vadstena pour apprendre la langue. Ici, j’ai rencontré de jeunes catholiques qui m’ont transmis leur foi de façon convaincante et réfléchie. Cela m’a touchée et m’a ramenée à la foi».

Le fait qu’elle soit elle-même finalement entrée au monastère a été une évolution intérieure. C’est en enviant une autre femme qui avait demandé à entrer au couvent qu’elle a compris: je le veux moi aussi. Des années plus tard, pour son jubilé d’argent, une surprise spéciale a eu lieu: ses consœurs avaient invité Ronnie Hellström, l’homme qui autrefois l’avait amenée sur ce chemin uniquement par sa présence à la télévision. Il est venu. Le prêtre l’a annoncé au cours de la Messe: «Parfois, un appel a lieu dans la surface de réparation». Elle s’est retournée et a ri. Ronnie Hellström est resté en contact avec la communauté. Quand il tomba malade d’un cancer, il décida d’être enterré à Vadstena. Aujourd’hui, sa tombe se trouve dans le cimetière près du monastère.