Le témoignage du sous-secrétaire du Synode des évêques

Clés de lectures pour un pontificat

 Clés de lectures pour un pontificat  FRA-007
03 juin 2025

Lorena Pacho

Pour l’évêque espagnol Luis Marín de San Martín, sous-secrétaire du Secrétariat général du Synode, membre de l’Ordre de Saint-Augustin comme Léon XIV, ce dernier est un ami, un frère, un compagnon de route. Le prélat est en effet arrivé à Rome en 2008, à la demande de Robert Francis Prevost, alors prieur général des Augustins, pour s’occuper des Archives générales de l’Ordre. Lorsque les engagements de Prevost l’ont amené dans d’autres parties du monde, les deux hommes sont restés en contact. Dans un entretien accordé aux médias du Vatican, dont voici des extraits, l’évêque espagnol offre de précieuses clés de lecture pour comprendre le nouveau Pape.

Comment l’expérience pastorale de Prevost au Pérou a façonné sa vision de la mission de l’Eglise aujourd’hui?

Son esprit missionnaire plonge ses racines dans plusieurs sources. La première est sa famille, toujours très impliquée dans la vie paroissiale et dans la communauté chrétienne. Une autre source réside dans la spiritualité augustinienne, qui est une spiritualité de mission, de témoignage, de sortie. Et troisièmement, son expérience personnelle. Il est parti très jeune en mission et a servi pendant de nombreuses années comme formateur de prêtres augustins à Chulucanas, au Pérou. Cette époque fut particulièrement significative. Il a toujours cultivé une forte sensibilité missionnaire. Il a ensuite déménagé à Chiclayo. Bien qu’il soit né aux Etats-Unis, il a passé la majeure partie de sa vie hors d’Amérique du Nord. Il n’est pas du genre à rester à la maison; c’est quelqu’un qui bouge, qui se tourne vers d’autres cultures, au point de s’assimiler et de s’intégrer parfaitement à la culture dans laquelle il est amené à vivre.

Quel a été son style de gouvernement à Chiclayo et pendant ses mandats de prieur des Augustins? Quels traits de ce style peuvent se refléter dans sa manière de gouverner l’Eglise universelle?

Il a des idées très claires sur les choses. Il a la mentalité d’un mathématicien et d’un canoniste. Il est extrêmement ordonné, infatigable dans son travail, réfléchi. Il ne prend jamais de décisions à la légère. Il médite, réfléchit et prie. Fidèle au style augustinien, Prevost travaille toujours en équipe. C’est l’environnement dans lequel il a été formé et dans lequel il a toujours vécu. Son style de gouvernance a toujours été empreint d’une grande capacité d’écoute. Il écoute beaucoup et est attentif aux différentes opinions. Cela ne veut pas dire qu’il les partage systématiquement, mais il consulte et dialogue. Prevost sait gouverner. Il prend des décisions, mais toujours dans un style dialogique. C’est ce qu’il a toujours fait dans sa vie. A Chiclayo, il a encouragé une grande participation, promu la synodalité, la coresponsabilité de tous, la participation active de toute la communauté.

Au sein de la Conférence épiscopale péruvienne Robert Francis Prevost a joué un rôle important dans la promotion de la Commission pour la protection des mineurs. La question des abus le préoccupe-t-elle? Est-ce une priorité pour lui?

C’est un sujet qui le préoccupe profondément et dont il s’est montré très clair dès le début. Son histoire personnelle le confirme (…) Il était toujours là pour les victimes. Toujours. Et il a suivi scrupuleusement tous les protocoles. Sa conduite était impeccable. Prevost a été l’un des rares à être toujours resté aux côtés des victimes, dès le premier instant. Les victimes elles-mêmes l’ont souligné: «Il était toujours à nos côtés». Il était l’un des rares à savoir les accompagner dès le début. Grâce à lui, justice a été rendue.