Un rituel entre solennité et gravité

Avec «l’Extra Omnes» les cardinaux entrent en Conclave

 Avec «l’Extra Omnes»  les cardinaux entrent en Conclave  FRA-006
14 mai 2025

«Veni creátor Spíritus, mentes tuórum visita»: l’antique invocation de l’Esprit Saint a accompagné, peu après 16h15 le mercredi 7 mai, la lente procession des 133 cardinaux électeurs de la chapelle Pauline vers la chapelle Sixtine. Les contacts avec le monde extérieur ont été interrompus, la chapelle décorée par les fresques de Michel-Ange a été blindée pour éviter tout intrusion de l’extérieur et les portables ont été confisqués. Les 133 cardinaux convoqués à Rome pour élire le 266e Successeur de Pierre étaient côte à côte, mais seuls devant Dieu pour choisir celui qui guiderait l’Eglise catholique universelle. «Un Pape pasteur, bâtisseur de ponts, maître d’humanité et visage d’une Eglise samaritaine» a été le portrait robot que les cardinaux avaient tracé lors de la dernière congrégation générale du mardi 6 mai, au cours de laquelle avait été soulignée la nécessité de poursuivre les «réformes» commencées par François.

Auparavant, vers 15h45, les cardinaux avaient quitté la Maison Sainte-Marthe, où ils résident pendant la durée du Conclave, et s’étaient rendus dans la chapelle Pauline du Palais apostolique, pour un temps de prière au cours duquel le cardinal Parolin, Secrétaire d'Etat du Saint-Siège, qui présidait le Conclave en tant que premier dans l’ordre des cardinaux-évêques, avait ouvert solennellement le rite: «Vénérables frères… après avoir célébré les divins mystères, nous nous apprêtons à présent à entrer en Conclave pour élire le Souverain Pontife», a-t-il lu d’une voix grave. Puis lentement, les cardinaux sont entrés en procession accompagné par l’hymne de la litanie des saints, dans l’ordre protocolaire, le premier à entrer dans la chapelle Sixtine étant le dernier cardinal de l’ordre des diacres, le cardinal Kookavad, et le dernier à y entrer, le cardinal Parolin. Pour la prestation de serment qui a suivi, l’ordre a été inversé: la longue formule en latin a été prononcée par le cardinal Parolin, puis, chaque cardinal a posé la main sur la Bible, ouverte à la page de l’Evangile de Matthieu rapportant la vocation de l’apôtre Pierre, prononçant la formule en latin: «Et ego… cardinalis… spondeo, voveo ac iuro. Sic me Deus adiuvet et hæc Sancta Dei Evangelia, quæ manu mea tango» («Moi, cardinal (nom et prénom prononcé en latin), je le promets, j’en fais le vœu et je le jure. Que Dieu m’y aide ainsi que ces saints Evangiles que je touche de ma main».

Au terme de la prestation de serment, l’Extra Omnes, «Dehors tous», la formule rituelle a été prononcée par le maître des célébrations liturgiques, S.Exc. Mgr Diego Ravelli, et a précédé de quelques instants la fermeture des lourds battants de la grande porte de la chapelle Sixtine, surveillés par deux gardes suisses. Il était 17h46 et plus de douze ans, 4.4399 jours exactement, s’étaient écoulés depuis la dernière injonction. Outre les cardinaux électeurs, sont restés dans la chapelle Sixtine Mgr Ravelli et le cardinal non électeur Raniero Cantalamessa, prédicateur émérite de la Maison pontificale, qui a proposé une méditation pour aider les cardinaux à réfléchir «sur le très grave devoir qui les attend et sur la nécessité que, dans l’élection du Souverain Pontife, ils agissent avec une intention droite, en s’efforçant d’accomplir uniquement la volonté de Dieu et en visant uniquement au bien de toute l’Eglise». Au terme de la méditation, Mgr Ravelli et le cardinal Cantalamessa ont quitté la chapelle. Le cardinal Koovakad a fermé les portes à clé. «Cum clave», précisément.

Lors de ce Conclave de 2025, après une première fumée noire le mercredi 7 mai au soir et une autre le jeudi 8 mai au matin, c’est finalement dans l’après-midi du jeudi, au quatrième scrutin, que Léon XIV a été élu.