Le cardinal Pietro Parolin a présidé la Messe dans la basilique vaticane

Pèlerin inlassable de l’espérance et de la paix

 Pèlerin inlassable  de l’espérance et de la paix  FRA-005
29 avril 2025

Isabella Piro

La «grande mission ecclésiale et historique» de saint Jean-
Paul ii a été d’«introduire l’Eglise dans le Troisième Millénaire», et il s’y est engagé «de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces au cours des vingt-six années de son immense pontificat», en tant que «pèlerin inlassable» de l’Evangile «jusqu’aux recoins les plus éloignés de la planète», et en tant que serviteur inlassable de la paix. Le cardinal Pietro Parolin, a résumé par ces paroles la signification de la vie et du pontificat du Pape Woj-tyła, dans l’homélie prononcée le mercredi 2 avril, à l’autel de la Confession dans la basilique Saint-Pierre, à l’occasion de la Messe pour le xxe anniversaire de la mort du Pape polonais, en présence de nombreux fidèles venus de divers pays dont environ deux cents de Cracovie — dont Jean-Paul ii fut évêque auxiliaire puis archevêque jusqu’à son élection au pontificat — guidés par le cardinal Stanisław Dziwisz, pendant long-temps secrétaire particulier de Karol Wojtyła et actuel archevêque émérite de la ville, qui a concélébré avec une trentaine de cardinaux et prélats, en présence de divers représentants des autorités civiles italiennes et polonaises. L’émotion, la gratitude et la joie ont accompagné la célébration, rythmée par de nombreux souvenirs liés à «ces jours d’il y a vingt ans». Dans son homélie, le cardinal Parolin, à l’époque sous-secrétaire pour les relations avec les Etats, a cité le Chemin de Croix au Colisée, le 25 mars 2025, Vendredi Saint, avec «l’image du Pape embrassant la croix dans sa chapelle»; l’apparition du Pape «désormais privée de la parole», à la fenêtre du Palais apostolique deux jours plus tard, pour la bénédiction de Pâques; l’attente de sa rencontre avec le Seigneur «qui eut lieu le soir venu», le 2 avril 2025, veille du dimanche de la Divine miséricorde. Puis les «foules» venues à Rome avec une «affection débordante» apporter leur «dernier salut terrestre» à un grand pasteur qui, dans sa «longue maladie», avait été «solidaire avec la souffrance du monde».

Le cardinal Parolin a offert une clé de lecture à toutes ces images en reprenant le Triptyque romain, la dernière composition poétique de Jean-Paul ii, dans laquelle la réalité tout entière est contemplée comme «une vision de Dieu, le Premier Voyant». Dans ce sens, a souligné le cardinal, la vie et la mission du Pape Wojtyła ont été vécues «en transparence totale et constante devant les yeux de Dieu» et c’est de ce fondement qu’ont découlé «l’extraordinaire courage et la constance du témoignage de foi» offerts par le Pape polonais en vingt-six ans d’«immense pontificat» en tant que «pèlerin inlassable jusqu’aux extrémités de la terre pour y apporter l’annonce de l’Evangile». Le cardinal Parolin a également rappelé dans son homélie le souvenir de l’attentat qui a frappé le Pape place Saint-Pierre le 13 mai 1981 et sa conscience selon laquelle Dieu, «unique Seigneur de la vie et de la mort», l’avait sauvé.

Puis l’image inoubliable de Jean-Paul ii ouvrant la Porte Sainte de la basilique vaticane le 24 décembre 1999, inaugurant le grand Jubilé de l’An 2000, premier du Troisième Millénaire. Les paroles prononcées alors par le Pape, a expliqué le cardinal, et en particulier son invitation à l’Eglise afin qu’elle «avance en eau profonde avec confiance», retentissent encore au cours de ce Jubilé qui «nous voit “Eglise en sortie”, navigant dans des eaux agitées, mais toujours pèlerins d’espérance».

Le cardinal italien a également rappelé la participation de Karol Wojtyła au Concile Vatican ii, vécu comme évêque avec «gratitude et fierté», et devenu pour lui «une boussole qui l’a guidé dans le service pastoral et universel pour l’Eglise et l’humanité tout entière». Ainsi, l’un des mots du Concile qu’il utilisait le plus souvent était précisément «Christ» et c’est pour cela qu’il «put s’exclamer avec une force impressionnante» dès le début de son pontificat, le 22 octobre 1978, «N’ayez pas peur! Ouvrez toutes grandes les portes au Christ!», car Lui seul «sait ce qu’il y a dans l’homme» et Lui seul «a les paroles de vie éternelle». De cette solide conviction ont découlé «l’autorité et la fermeté» avec lesquelles Jean-Paul ii rappelait à leurs responsabilités les peuples et les gouvernants, les exhortant à la «défense de la justice, de la dignité des personnes humaines, de la paix». Il a décrit avec «gratitude et admiration l’inlassable service de la paix» du Pape Woj-tyła, «ses avertissements passionnés, ses initiatives diplomatiques pour tenter jusqu’au dernier moment de conjurer les guerres». Un grand nombre de ses appels, lancés «jusqu’aux derniers instants de sa vie» ont malheureusement été ignorés, «comme c’est le cas des grands prophètes»; mais son témoignage et sa fidélité à Dieu demeurent vivants aujourd’hui encore, et sont un point de référence permanent dans la tentative de «reconstruire constamment la paix» dans et entre les nations, afin «que cela ait à nouveau un sens de parler de “famille des peuples”».

Enfin, le cardinal Parolin a rappelé les funérailles du Pape polonais présidées le 8 avril 2006 sur le parvis de Saint-Pierre par le cardinal Jo-seph Ratzinger, alors doyen du Collège cardinalice puis successeur du Pape Wojtyła. Pietro Parolin a souligné «la certitude du peuple sur la sainteté du Pape défunt», ainsi que les paroles par lesquelles le futur Benoît xvi s’est adressé directement à lui, «à la fenêtre de la maison du -Père... Puisses-tu nous bénir, Très Saint Père!». Il a conclu son homélie par la même invocation à Jean-Paul ii afin qu’il bénisse l’Eglise «pèlerine d’espérance», et «cette humanité déchirée et désorientée afin qu’elle retrouve la voie de la dignité» et connaisse «la richesse de la miséricorde et de l’amour de Dieu».