La sainte du mois

Louise de Marillac

 Louise de Marillac  FRA-005
29 avril 2025

Rémi Bazin

Official du Dicastère des causes des saints

Sainte Louise de Marillac est une figure qui transcende le temps, dont l’héritage continue d’inspirer ceux qui cherchent à vivre une vie de service et de dévouement. «Certes, les misères sociales du dix-septième siècle et de l’époque de la Fronde sont bien lointaines. Mais “les pauvres sont toujours parmi nous”!» (Jean-Paul ii, Discours aux Filles de la Charité, 11 janvier 1980).

En 1625, après la mort de son mari, Louise rencontre saint Vincent de Paul qui devient son directeur spirituel et dont la charité l’inspire profondément. D’abord intimidée et craintive, elle se révèle rapidement une collaboratrice fidèle qui le secondera efficacement dans toutes ses entreprises caritatives pendant 35 ans, jusqu’à sa mort. Quand apparait la nécessité d’épauler les «Dames de la charité», issues de la noblesse ou de la bourgeoisie et tendant à délaisser certains services pénibles, par des communautés de «Filles de la charité», issues de milieux populaires et habituées à tous les travaux, ils instituent ensemble une forme de vie con-sacrée originale pour l’époque, en donnant à ces communautés le statut de confréries afin qu’elles puissent ne pas être soumises à la règle de la clôture à laquelle toutes les religieuses étaient alors tenues.

Ainsi, les Filles de la Charité pourront librement aller et venir, ayant: «pour monastère, la chambre des malades; pour cellule, une chambre de louage; pour chapelle, l’église paroissiale; pour cloître, les rues de la ville; pour clôture, l’obéissance; pour grille, la crainte de Dieu; pour voile, la sainte modestie». Enfants trouvés, galériens, handicapés, aliénés, vieillards abandonnés, populations victimes de guerres, blessés sur les champs de bataille: tous trouvent chez Louise et ses sœurs l’accueil et la compassion du Sauveur.

«A une époque de déchirements politiques qui atteignirent même sa vie familiale, -Louise sut venir au secours des pauvres les plus touchés par la misère. A l’exemple de son directeur, Monsieur Vincent, elle voyait en eux ses “maîtres”. Elle ira jusqu’à donner ce conseil à l’une de ses Filles: “Pour l’amour de Dieu, ma chère Sœur, pratiquez une grande douceur envers les pauvres et tout le monde; et essayez de contenter autant de paroles que d’actions; et cela vous sera facile si vous conservez une grande estime de votre prochain; des riches, parce qu’ils sont au-dessus de vous; des pauvres, parce qu’ils sont vos maîtres» (Jean-Paul ii, Message aux Filles de la Charité, 3 juillet 1991).

Sa spiritualité est profondément enracinée dans l’amour et la confiance en Dieu, le dévouement au service des autres et la conviction qu’en prenant soin des pauvres, on rencontre le Christ lui-même. «Continuez, je vous prie, à servir nos chers maîtres avec grande douceur, respect et cordialité, regardant toujours Dieu en eux!», conseille-t-elle encore à ses sœurs, étant bien persuadée que «les âmes qui cherchent Dieu le trouvent partout mais particulièrement dans les pauvres». Ce qui enflamme son cœur est aussi bien exprimé par la phrase inscrite sur le sceau de la Compagnie qu’elle a fondée: «La Charité de Jésus crucifié nous presse».