L’escrimeuse française Margaux Rifkiss et son équipe de personnes âgées

Margaux RIFKISS of France, fencers from the French Fencing Team give lessons to elderly people in ...
29 avril 2025

Giampaolo Mattei

Margaux Rifkiss remporte une médaille chaque mercredi, depuis près de deux ans. Française, âgée de 28 ans, championne européenne et médaille d’argent mondial en sabre par équipe, elle ne rate jamais le rendez-vous avec les résidents de l’ehpad Maison des Vergers à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, pour leur donner des cours d’escrime. L’âge moyen des «athlètes» est un peu plus de 90 ans: 88 ans le plus jeune, et 102 — Marguerite — la moins jeune (mais aussi la plus compétitive, qui n’aime pas perdre!). Margaux finit de s’entraîner (cinq heures par jour) et enfourche son vélo avec sur le dos son sac dans lequel elle transporte tout le matériel pour son équipe: des sabres en plastique (non pointus), des balles en plastique et tout ce qu’il faut pour faire un peu de sport sans se faire mal.

«Ce n’est pas seulement un service social, mais une expérience qui me fait grandir moi, surtout», confie Margaux. «Ma grand-mère était en ehpad et quand j’allais lui rendre visite, ses yeux s’illuminaient quand je lui parlais de l’escrime. C’est comme si elle s’évadait ailleurs et n’était plus dans une maison pour personnes âgées», se souvient-elle. Et ainsi, Margaux n’a pas hésité un seul instant, avec la même rapidité que celle nécessaire à un coup, à devenir enseignante dans la maison de repos, soutenue par la Fédération française d’escrime.

«Ma grand-mère aurait adoré ça! Elle n’est plus là aujourd’hui, mais je sais que d’une certaine façon, je lui fais plaisir car elle aurait certainement participé à mes cours!». Sa grand-mère est donc la motivation principale de Margaux.

Forte de son diplôme précisément en silver économie de l’université d’Aix-Marseille, elle explique: «L’escrime est un sport sans barrière et les faits confirment qu’on peut le pratiquer à tout âge, avec le juste équilibre, notamment parce que cela améliore la qualité de vie des personnes âgées: le sommeil, l’appétit, l’humeur, la confiance en soi».

Le style de l’entraînement — qui dure entre une heure et une heure et demi — est simple: s’amuser, également avec des «défis» à qui portera le plus de coups après le salut mutuel rituel des escrimeurs avant chaque «assaut». Il y a également des exercices psychomoteurs personnalisés, qui aident par exemple à coordonner les mouvements des bras et des jambes, «en ayant toujours un objectif sportif précis».

Pour les personnes âgées, insiste Margaux, «c’est vraiment gratifiant de sentir que l’on pratique un sport olympique porteur de grandes valeurs. Et on le voit dans la concentration lors des exercices». Elle poursuit: «On ne porte pas assez d’attention à la santé mentale des personnes âgées, qui est pourtant une question centrale. Les études scientifiques montrent que les encourager à ne pas s’arrêter contribue aussi à retrouver la confiance en soi, et surtout, à ne pas perdre sa dignité». Avec des médecins, des psychomotriciens et des thérapeutes, «nous travaillons sur les aspects physiques, cognitifs, culturels et sociaux pour briser l’isolement des personnes âgées». Et il serait important, dit-elle, d’appliquer ce projet à grande échelle: «Mon rêve aujourd’hui est que toutes les personnes âgées dans les instituts puissent pratiquer l’escrime, j’ai été chargée par la Fédération de former de nouveaux enseignants, pour adapter la pratique sportive dans les ehpad avec des athlètes de haut niveau».