
La responsabilité des femmes dans les domaines ecclésial et pastoral a été l'une des priorités indiquées par la deuxième Assemblée du Chemin synodal italien, qui s'est tenue à Rome du 31 mars au 3 avril. Peu de personnes ont été surprises. La question féminine apparaît, au niveau national comme au niveau universel, comme un banc d’essai sur la possibilité concrète pour l’Eglise de marcher ensemble, malgré la diversité des rôles et des charismes.
Dès la première phase d'écoute dans les territoires de la Péninsule, la nécessité de reconnaître réellement la pleine dignité des femmes baptisées, en les incluant dans des contextes décisionnels dont elles sont encore trop souvent exclues, s'est imposée avec force, du nord au sud. Le Chemin synodal a voulu donner des signes concrets avec la nomination d'au moins une déléguée par diocèse et la présence de 6 femmes sur les 23 membres de la présidence et de 40 sur les 100 membres du comité, ainsi que d'un tiers des participants aux deux Assemblées. En particulier lors de la deuxième et théoriquement dernière Assemblée, en avril, le débat sur le rôle des femmes a été passionné et animé : la « Proposition » qui en est issue a été jugée par une grande partie des personnes présentes trop réductrice par rapport à la richesse de la réflexion qui a émergé au cours des quatre années de travail. Tout comme le reste du texte.
Cependant, au cours de la réunion, le non-placet palpable à l’égard du document s'est transformé en placet incontestable pour la capacité du processus à vivre les conflits et les questions critiques sans s’y enliser. La voix de l'Assemblée – qui a résonné d’un ton franc mais sans débordement dans la salle Paul VI du Vatican – a poussé les évêques à s’interroger. Au lieu de se recroqueviller sur eux-mêmes pour garder le cap, ils ont cherché à discerner si ce malaise ne contenait pas un souffle de l'Esprit. D'où la proposition surprise de la Conférence épiscopale italienne – approuvée à la quasi-unanimité – de donner six mois supplémentaires au processus pour réélaborer totalement le document, dont le vote a été reporté au 25 octobre. Entre-temps, la Conférence épiscopale italienne a annulé de manière exceptionnelle, la traditionnelle rencontre du mois de mai, qui a été reportée au mois de novembre.
A une époque dominée par des leaders hyper-musclés qui brandissent leur mandat comme une massue contre les minorités et, parfois, les majorités, l’Eglise offre un témoignage de signe opposé. Au « pouvoir machiste », les responsables désignés ont préféré l'autorité de ceux qui savent imaginer et construire des ponts pour contourner les murs de la polarisation. Une créativité propre au paradigme féminin. Et au processus synodal. Femmes et synodalité, une fois de plus, marchent ensemble.
Lucia Capuzzi
Journaliste au quotidien « Avvenire », membre de la présidence du Comité du Chemin synodal des Eglises en Italie.