Méditation

Etincelles d’unité

 Etincelles d’unité  FRA-004
07 avril 2025

Frère Matthew

Prieur de la Communauté œcuménique
de Taizé

Le Carême avance. C’est le temps pour persévérer. Je retiens la question que j’avais reçue d’un jeune dans l’église à Taizé: «Comment consacrer ma vie à Dieu?» Elle m’accompagne, m’interroge, comme s’il y avait un appel à aller toujours plus loin, à laisser grandir le désir de tout donner au Christ.

Pour nous qui voulons vivre une passion pour l’unité, se con-sacrer à Dieu c’est revenir constamment à la prière de Jésus avant sa Passion que nous transmet l’Evangile de Jean: «Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé».

Cette prière forme le socle de notre vie de communauté, nous permet de vivre notre parabole de communion, un signe de réconciliation parmi les chrétiens et dans la famille humaine en vue de préparer des chemins de paix.

Je me souviens de la visite d’un prêtre orthodoxe, très engagé dans le mouvement œcuménique, il y a quelques années. Il nous a dit: «La question est: voulons-nous aller avec la prière du Christ ou contre la prière du Christ». Quelle simplicité! Qui voudrait s’opposer à quelque chose pour lequel Jésus a prié? Et pourtant…

Et pourtant, il y a tant de motifs d’action de grâce pour le chemin déjà parcouru vers l’unité visible des chrétiens. La place accordée à l’œcuménisme dans le Synode sur la synodalité, marqué par la présence des délégués fraternels, nous réjouit le cœur. Que va proposer le groupe de travail 10 du Synode dédié à ce sujet?

A mes frères, j’ai suggéré que chacun pourrait vivre un engagement personnel au niveau œcuménique pendant le temps de Carême. Ils pourraient lire un livre spirituel d’un auteur d’une confession autre que la leur. Ou assister à la célébration d’une église d’une autre confession dans notre région. Ou formuler une prière pour l’unité à prier chaque jour.

Comprendront-ils qu’il ne s’agit pas d’un «en plus» mais d’accueillir le don que Dieu nous fait à travers notre vocation œcuménique qui, de manière toute humble, vit déjà une anticipation prophétique? Car je crois du fond de mon être que la prière de Jésus est bien efficace.

Oui, comme pour le Carême, c’est le temps pour persévérer dans la quête de l’unité des chrétiens. Mais de même que pendant le Carême, à certains moments, nous entrevoyons déjà la joie du pardon qui sera manifestée pleinement à Pâques, ainsi, sur ce chemin il y a tout à coup des étincelles d’unité qui éclatent!

Cela nous donne d’espérer au-delà de toute espérance. L’aube se pointe. Chantons déjà. Nous vivons un temps de Dieu, un kairos. Dieu a confié à tous les baptisés une belle mission: «il nous a réconciliés avec lui par le Christ, et il nous a donné le ministère de la réconciliation».

Soyons ces pèlerins d’espérance que sont les ambassadeurs du Christ, comme l’écrit Paul en 2 Corinthiens 5. Laissons-nous réconcilier avec Dieu. Vivons de l’appel qu’il nous lance. C’est ainsi dans notre monde si secoué et pourtant tant aimé de Dieu que nous deviendrons aussi des pèlerins de paix.