Papes et Jubilés: Martin v

Après le Schisme d’Occident

 Après le Schisme d’Occident  FRA-004
07 avril 2025

Bernard Ardura

Président émérite du Comité pontifical
des sciences historiques

Odon, issu de la noble famille Colonna, naquit à Genazzano, près de Rome, le 25 janvier 1369. Sous-diacre, il fut créé cardinal en 1405 par Innocent vii. Il vécut, pendant une bonne partie de sa vie, sous le Schisme d’Occident avec deux ou trois Papes et antipapes. Successivement, il abandonna Grégoire xii élu Pape à Rome, puis participa au Concile de Pise en 1409 et à l’élection des deux antipapes Alexandre v et Jean xxiii.

Après la démission de Jean xxiii et l’abdication de Grégoire xii en 1415, et la déposition de Benoît xiii en 1417, qui marquèrent la fin du Schisme d’Occident, les membres du Concile de Constance procédèrent à l’élection d’un nouveau Pape. Odon Colonna fut élu, le 11 novembre 1417, fête de saint Martin, dont il prit le nom. Fait très inhabituel, durant les trois jours suivants, il fut ordonné diacre, prêtre et évêque.

Tant qu’il était à Constance, le Pape se fixa pour premier but la réforme de l’Eglise, notamment celle des bénéfices ecclésiastiques, source de nombreux abus et la fit approuver par le Concile qui se conclut au mois d’avril 1418. Martin v rentra alors en Italie où il se consacra à la réforme de la Curie, des ordres religieux, et de la discipline des évêques.

Un pontificat réformateur,
à la recherche de l’unité

Le second but de son pontificat fut la réduction des schismes. Il confirma la condamnation prononcée par le Concile de Cons-tance des doctrines de Wyclif, Jean Huss et Jérôme de Prague, et tenta, mais en vain, d’arrêter les progrès des hussites. Ses projets de croisades n’eurent pas d’écho auprès des souverains. Ceci explique notamment l’échec de son dessein d’organiser une guerre contre les Turcs. Pour donner suite aux travaux du Concile de Constance, qui visaient le rétablissement de l’unité avec les Grecs, Martin v autorisa quelques mariages mixtes, et envisagea un Concile d’union qui aurait pu se tenir à Constantinople, voire dans la Péninsule italienne, mais les Grecs ne donnèrent pas suite à ce projet. Martin v mourut subitement le 20 février 1431.

La première Porte Sainte
du Jubilé

En référence à la décision d’Urbain vi de célébrer un Jubilé tous les 33 ans, le nombre des années de la vie de Jésus, Martin v célébra une Année Sainte en 1423. En 1425, il célébra un nouveau Jubilé qui comporta deux innovations: le Pape institua le rite de l’ouverture d’une Porte Sainte pour pénétrer dans la basilique de Saint-Jean-de-Latran. Ce n’était pas toutefois une totale innovation. En effet, une Porte Sainte existait déjà en Italie, dans la basilique de Collemaggio à L’Aquila, pour la Perdonanza instituée en 1294 par Célestin v. Mais le symbolisme de la Porte Sainte était et demeure fort: passer la Porte Sainte exprime la volonté d’entrer, par le Christ, dans le cœur miséricordieux du Père qui pardonne: «Je suis la Porte, si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé» (Jn 10, 9). C’est aussi à compter de ce Jubilé, que l’événement fut célébré par la frappe d’une médaille commémorative.