Le souffle de Nicée

 Le souffle de Nicée  FRA-002
04 février 2025

Charles de Pechpeyrou

L’année 2025 est riche en heureuses coïncidences. Alors que le Jubilé de l’espérance a débuté il y a quelques semaines, l’on célèbre également le 1700e anniversaire du premier Concile œcuménique de l’histoire de l’Eglise, qui s’est tenu à Nicée (actuelle Iznik, en Turquie), en 325: un événement qui vit se réunir un grand nombre d’évêques venus de nombreuses régions de l’Empire romain, surtout de sa partie orientale, mais aussi quelques occidentaux, à la convocation de l’empereur régnant, Cons-tantin. Ce Concile — comme l’a rappelé le Pape François lors des vêpres célébrées le 25 janvier dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs en conclusion de la 58e Semaine de prière pour l’unité des chrétiens — «s’est efforcé de préserver l’unité de l’Eglise à une époque très difficile». A cette occasion, les Pères conciliaires approuvèrent à l’unanimité la définition d’un symbole de foi commun à l’ensemble de l’Eglise, qui forme la trame du Symbole dit de Nicée Constantinople, que de nombreux chrétiens récitent encore chaque dimanche au cours de l’Eucharistie. Ce symbole défendait l’orthodoxie christologique chrétienne contre l’hérésie rattachée au nom du théologien alexandrin Arius qui prônait en particulier un monothéisme rigoureux inspiré par la pensée philosophique de l’époque.

A Nicée, les Pères conciliaires s’occupèrent également de questions disciplinaires et canoniques qui, exposées dans vingt canons, fournissent un bon aperçu des problèmes et des préoccupations pastorales de l’Eglise du début du ive siècle, comme le rappelle en ces pages le cardinal Kurt Koch, préfet du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens. La question pastorale la plus importante concernait l’unité du calendrier liturgique — et en particulier la date de la célébration de Pâques. Or — deuxième heureuse coïncidence — en cette année 2025, Pâques sera fêtée le même jour dans les calendriers grégorien et julien, le 20 avril. Une occasion providentielle pour que tous les chrétiens «fassent un pas décisif vers l’unité, autour d’une date commune, une date pour Pâques», selon le Pape François, qui a déjà a exprimé le désir de se rendre à Nicée pour célébrer la commémoration des 1700 ans du Concile avec le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée i. La communauté œcuménique entend bien saisir ce grand anniversaire comme une opportunité pour reprendre et intensifier les efforts visant à trouver une date commune pour Pâques.

«L’anniversaire du Concile de Nicée est donc une année de grâce — tel a été l’appel final du Pape François lors des vêpres du 25 janvier, Solennité de la Conversion de saint Paul apôtre — elle est aussi une opportunité pour tous les chrétiens qui récitent le même Credo et croient au même Dieu: redécouvrons les racines communes de la foi, préservons l’unité!» En ce temps d’espérance renouvelée, il revient à chacun d’entre nous de relancer cet appel du Souverain Pontife, poussés par le même élan qui anima les Pères conciliaires à Nicée il y a dix-sept siècles, afin de cheminer, travailler et prier ensemble.