Journée mondiale des communications sociales

Appelés à susciter émerveillement et interrogations

People listen as Britain's Reform UK party leader Nigel Farage (not pictured) speaks, during a ...
04 février 2025

Andrea Monda

Comme la joie, l’espérance est elle aussi un bien qui pousse inévitablement vers le partage, et l’on pourrait même dire qu’elle existe dans la mesure où elle est partagée. Sur ce point, le Pape affirme clairement et nettement: «L’espérance est toujours un projet communautaire». C’est l’un des points clés du Message pour la Journée mondiale des communications sociales de 2025, dont le titre, «Partagez avec douceur l’espérance qui est dans vos cœur», fait une référence explicite au passage de la Première Lettre de Pierre (3, 15-16) qui est définie par le Pape de «synthèse admirable dans laquelle l’espérance est mise en relation avec le témoignage et la communication chrétienne: “Honorez dans vos cœurs la sainteté du Seigneur, le Christ. Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous; mais faites-le avec douceur et respect”».  

 François s’arrête sur ce célèbre passage du Nouveau Testament et souligne en particulier la disponibilité à rendre raison de l’espérance «devant quiconque nous demande», comme pour souligner le fait que le témoignage de vie des chrétiens est déjà en soi une «communication», un message qui suscite des interrogations. «Les chrétiens», affirme le Pape, «ne sont pas d’abord ceux qui “parlent” de Dieu, mais ceux qui reflètent la beauté de son amour, une nouvelle façon de vivre toute chose. C’est l’amour vécu qui suscite la question et exige la réponse: pourquoi vivez-vous ainsi? Pourquoi êtes-vous ainsi?». 

  Dans la moitié des années 60, le théologien baptiste américain Harvey Cox, dans son essai Responsables de la révolution de Dieu, observe que «les chrétiens ne peuvent pas être expliqués dans les termes du monde, parce qu’ils ne vivent pas simplement en fonction de leur classe ou de leur race, de leurs intérêts nationaux ou sexuels. Ils représentent pour le monde  une énigme, quelque chose d’inexplicable sur lequel les gens doivent enfin s’interroger».

Il y a donc un renversement du schéma selon lequel le communicateur est avant tout «quelqu’un qui parle»: la façon de «parler» de Dieu du chrétien n’est pas un simple message, un discours,  ce n’est pas la diffusion d’un  produit d’information, mais elle a la force, le poids et la beauté du témoignage. Parler de Dieu signifie plutôt écouter, ou mieux, rencontrer l’autre. Ce n’est pas par hasard que dans le message, immédiatement après, le Pape fait référence à un autre passage du Nouveau Testament, celui des disciples d’Emmaüs: «Dans l’expression de saint Pierre, nous trouvons enfin un troisième message: la réponse à cette question doit être donnée “avec douceur et respect”. La communication des chrétiens — mais je dirais aussi la communication en général — devrait être tissée de douceur, de proximité: le style des compagnons de route, suivant le plus grand Communicateur de tous les temps, Jésus de Nazareth qui dialoguait le long de la route avec les deux disciples d’Emmaüs, faisant brûler leur cœur par la manière dont il interprétait les événements à la lumière des Ecritures.     C’est pourquoi je rêve d’une communication capable de faire de nous les compagnons de route de nombreux frères et sœurs, de raviver en eux l’espérance en ces temps troublés».      

  Que le Jubilé soit donc une occasion de véritable «conversion», de renversement et de changement de cap, pour un style de communication qui sache susciter l’émerveillement et des questions, et offrir ainsi une espérance crédible à un monde qui a une très grande soif précisément de cela.