Avant de commencer l’Audience générale du mercredi 6 novembre, sur la place Saint-Pierre, le Pape François a expliqué aux fidèles présents et à ceux qui le suivaient à travers les médias la raison de la présence d’une petite statue mariale sur le parvis, devant laquelle il a prié pour les victimes de la tempête Dana qui a frappé la communauté de Valence et d’Espagne. Voici ce qu'il a dit:
J’ai voulu saluer la Virgen de los Desamparados, la Vierge qui prend soin des pauvres, la patronne de Valence, Valence qui souffre tant, tout comme d’autre régions d’Espagne, mais surtout Valence, qui est sous l’eau et qui souffre. J’ai voulu que la patronne de Valence soit ici. Cette image m’a été offerte par les habitants de Valence. Aujourd’hui, particulièrement, prions pour Valence et pour les autres régions d’Espagne, qui souffrent à cause des inondations.
Ensuite, le Souverain Pontife, poursuivant son cycle de réflexions sur le thème «L’Esprit et l’Epouse», a prononcé la catéchèse en insistant sur l’importance du Paraclet dans la prière chrétienne. En voici le texte.
Chers frères et sœurs, bonjour!
L’action sanctifiante de l’Esprit Saint, outre la Parole de Dieu et les Sacrements, se manifeste dans la prière, et c’est à cela que nous voulons con-sacrer la réflexion d’aujourd’hui: la prière. L’Esprit Saint est à la fois sujet et objet de la prière chrétienne. C’est-à-dire qu’il est Celui qui donne la prière et Celui qui est donné par la prière. Nous prions pour recevoir l’Esprit Saint et nous recevons l’Esprit Saint pour pouvoir prier vraiment, c’est-à-dire comme des enfants de Dieu et non comme des esclaves. Réfléchissons un peu à ceci: prier comme des enfants de Dieu et non comme des esclaves. On doit toujours prier avec liberté. «Aujourd’hui je dois prier pour ceci, ceci, ceci, cela, parce que j’ai promis ceci, ceci, cela… Sinon, j’irai en enfer!». Non, ce n’est pas ça la prière! La prière est libre. Tu pries quand l’Esprit t’aide à prier. Tu pries quand tu ressens dans ton cœur le besoin de prier et quand tu ne ressens rien, tu t’arrêtes et tu te demandes: «Pourquoi je ne ressens pas l’envie de prier, que se passe-t-il dans ma vie?». C’est toujours la spontanéité dans la prière qui nous aide le plus. Cela signifie prier comme des enfants et non comme des esclaves.
Avant tout, nous devons prier pour recevoir l’Esprit Saint. Il y a, à cet égard, une parole très précise de Jésus dans l’Evangile: «Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent!» (Lc 11, 13). Chacun, chacun de nous, sait donner les bonnes choses aux enfants, que ce soit à nos enfants, à nos petits-enfants ou à nos amis. Les enfants reçoivent toujours des choses bonnes de nous. Et comment le Père ne nous donnera-t-il pas l’Esprit? Et cela nous donne du courage et nous pouvons aller de l’avant. Dans le Nouveau Testament, nous voyons toujours l’Esprit Saint des cendre pendant la prière. Il descend sur Jésus lors du baptême dans le Jourdain, alors qu’il «priait» (Lc 3, 21); et il descend sur les disciples à la Pentecôte, alors qu’ils «persévéraient et priaient d’un commun accord» (Ac 1, 14).
C’est le seul «pouvoir» que nous ayons sur l’Esprit de Dieu. Le pouvoir de la prière: il ne résiste pas à la prière. Nous prions et il vient. Sur le Mont Carmel, les faux prophètes de Baal — souvenez-vous de ce passage de la Bible — s’agitaient pour faire descendre le feu du ciel sur leur sacrifice, mais rien ne se passa, car c’étaient des idolâtries: ils adoraient un dieu qui n’existe pas; Elie pria et le feu descendit et consuma l’holocauste (cf. 1 Rois 18, 20-38). L’Eglise suit fidèlement cet exemple: elle a toujours sur les lèvres l’imploration «Viens! Viens!» à l’Esprit Saint, «Viens!» chaque fois qu’elle s’adresse à l’Esprit Saint. Et elle le fait surtout à la Messe, pour qu’il descende comme la rosée et qu’il sanctifie le pain et le vin pour le sacrifice eucharistique.
Mais il y a aussi l’autre aspect, le plus important et le plus encourageant pour nous: l’Esprit Saint est celui qui nous donne la vraie prière. Saint Paul affirme ceci: «L’Esprit vient au secours de notre faiblesse; de nombreuses fois nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. Et Dieu, qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les fidèles» (Rm 8, 26-27).
C’est vrai, nous ne savons pas prier, nous ne savons pas. Nous devons l’apprendre chaque jour. La raison de cette faiblesse de notre prière s’exprimait autrefois en un seul mot, utilisé de trois manières différentes: comme adjectif, comme nom et comme adverbe. Il est facile à retenir, même pour ceux qui ne connaissent pas le latin, et il vaut la peine de s’en souvenir, car il contient à lui seul tout un traité, ces trois choses. Nous, les êtres humains, nous disons «mali, mala, male petimus», ce qui signifie: étant mauvais (mali), nous demandons de mauvaises choses (mala) et de la mauvaise manière (male). Jésus dit: «Cherchez d’abord le royaume de Dieu, et le reste vous sera donné par surcroît» (Mt 6, 33); nous, en revanche, nous cherchons d’abord le surcroît, c’est-à-dire nos propres intérêts — de nombreuses fois hein —, et nous oublions de demander le royaume de Dieu. Demandons au Seigneur le Royaume et tout vient avec Lui.
L’Esprit Saint vient, certes, au secours de notre faiblesse, mais il fait quelque chose de très important encore: il nous atteste que nous sommes enfants de Dieu et met sur nos lèvres le cri: «Père» (Rm 8, 15; Ga 4, 6). Nous ne pouvons pas dire : «Père, Abba». Nous ne pouvons pas dire «Père» sans la force de l’Esprit Saint. La prière chrétienne, ce n’est pas l’homme qui parle à Dieu au bout du fil, c’est Dieu qui prie en nous! Nous prions Dieu par Dieu. Prier, c’est se mettre en Dieu et c’est Dieu qui entre en nous.
C’est précisément dans la prière que l’Esprit Saint se révèle comme «Paraclet», c’est-à-dire comme avocat et défenseur. Il ne nous accuse pas devant le Père, mais il nous défend. Oui, il nous défend, nous convainc que nous sommes pécheurs (cf. Jn 16, 8), mais il le fait pour nous faire goûter la joie de la miséricorde du Père, et non pour nous détruire avec des sentiments stériles de culpabilité. Même lorsque notre cœur nous reproche quelque chose, il nous rappelle que «Dieu est plus grand que notre cœur» (1 Jn 3, 20). Dieu est plus grand que notre péché. Nous sommes tous des pécheurs, mais pen-sons: peut-être que l’un d’entre vous — je ne sais pas — a peur des choses qu’il a faites, a peur d’être réprimandé par Dieu, a peur de beaucoup de choses et n’arrive pas à trouver la paix. Prie, appelle l’Esprit Saint, et Il t’apprendra comment demander pardon. Et vous savez quoi? Dieu ne connait pas beaucoup la grammaire et quand nous demandons pardon, il ne nous laisse pas finir! «Par…» et là, il ne nous laisse pas finir de prononcer le mot pardon. Il nous pardonne avant, il nous pardonne toujours, il est toujours à nos côtés pour nous pardonner, avant que nous finissions de prononcer le mot pardon. Nous disons «par…» et le Père nous pardonne toujours.
Le Saint-Esprit intercède et nous apprend aussi à intercéder à notre tour pour nos frères — il intercède pour nous et nous enseigne à intercéder pour les autres —; il nous enseigne la prière d’intercession: prier pour cette personne, prier pour ce malade, pour ce détenu, prier… prier aussi pour la belle-mère, et prier toujours, toujours. Cette prière est particulièrement agréable à Dieu parce qu’elle est la plus gratuite et la plus désintéressée. Quand tout le monde prie pour tout le monde, il arrive — et c’est ce que disait saint Ambroise — que tous prient pour chacun; la prière se multiplie1. La prière est ainsi. Voilà une tâche si précieuse et nécessaire dans l’Eglise, surtout en ce temps de préparation au Jubilé: nous unir au Paraclet qui «intercède pour nous tous pour les desseins de Dieu». Mais ne priez pas comme des perroquets, s’il vous plaît! Ne dites pas «Bla, bla, bla» Non. Dites «Seigneur», mais dites-le avec le cœur. «Aide-moi, Seigneur», «Je t’aime, Seigneur». Et quand vous priez le Notre-Père, priez «Père, tu es mon Père». Priez avec le cœur et non avec les lèvres, ne faites pas [comme] les perroquets.
Puisse l’Esprit nous aider dans la prière, dont nous avons tant besoin. Merci.
1De Cain et Abel, I, 39.
Au terme de l’Audience générale, le Pape a prononcé les appels suivants:
Prions pour la paix. N’oublions pas l’Ukraine martyrisée, qui souffre tant; n’oublions pas Gaza et Israël. L'autre jour, 153 civils qui étaient dans la rue ont été mitraillés. C’est très triste. N’oublions pas la Birmanie. Et n’oublions pas Valence, ni l’Espagne. C’est pourquoi, comme je l’ai dit, nous avons aujourd’hui sur la place Saint-Pierre la Virgen de los Desamparados, qui est la patronne de Valence. Je vous invite à prier pour Valence un Ave Maria, adressé à Elle. Ave Maria…
Et prions le Seigneur afin de vivre toujours avec espérance. Je vous donne à tous ma bénédiction.
Parmi les groupes de pèlerins présents à l’audience générale se trouvaient les groupes francophones suivants:
De France: institut Fénelon, de Paris; collège Saint-Joseph, de Reims.
Je salue cordialement les personnes de langue française, particulièrement les jeunes provenant de l’institut Fénelon de Paris et du collège Saint-Joseph de Reims.
En ce temps de préparation au Jubilé, apprenons à nous laisser guider par le Saint Esprit afin qu’il nous inspire les moyens pour être de véritables missionnaires de l’Espérance auprès de nos frères et sœurs.
Que Dieu vous bénisse!