Une meilleure collaboration avec les autorités civiles

En 2023, 14.251 personnes ont demandé à être radiées des registres de baptême de l'Eglise catholique en Belgique, dont 98% en Flandre et dans l’archidiocèse de Malines-Bruxelles. Les années précédentes, ce chiffre tournait en général autour des 1.200, avec un pic à plus de 5.000 en 2021. Si aucune raison n’est demandée lors d’une demande de radiation, «beaucoup ont spontanément indiqué qu’ils le faisaient par dégoût pour les abus sexuels dans l’Eglise catholique et la culture du silence présente dans le passé». C’est ce qu’a indiqué la Conférence épiscopale belge dans un communiqué diffusé le 23 octobre à l’occasion de la publication de son Rapport annuel sur les abus sexuels au sein de l’Eglise catholique en Belgique.

Dans son communiqué l’épiscopat indique en outre qu’en 2023 et 2024, les commissions parlementaires de la Chambre des représentants et du Parlement flamand se sont penchées sur les abus sexuels dans la société et en particulier dans l’Eglise catholique. Elles ont conclu leurs travaux au début du mois de mai en formulant une série de recommandations. L’Eglise catholique a pleinement coopéré avec les commissions parlementaires sur les abus sexuels, mises en place à la suite de la diffusion, en septembre 2023, de Godvergeten (en français «Les oubliés de Dieu»), une série documentaire donnant la parole à de nombreuses victimes d’abus. Elle s’est également engagée à mettre en œuvre les recommandations de ces Commissions et à poursuivre le dialogue avec les instances compétentes au niveau de l’implémentation. A cette fin, indique la Conférence épiscopale, «les parlements et gouvernements devraient fournir le cadre juridique nécessaire et les modalités d’exécution correspondantes».

En attendant ce cadre gouvernemental nécessaire, l’Eglise catholique poursuit son travail de demande de pardon et de réparation auprès des victimes, grâce aux deux Points de contacts uniques créés en 2021 pour le signalement de comportements sexuels transgressifs à l’égard de mineurs et de personnes vulnérables dans un contexte pastoral, l’un pour les diocèses et congrégations francophones et l’autre pour les diocèses et congrégations néerlandophone. Un travail réalisé sur la base des recommandations de la commission parlementaire 2010-2011, «que l’Eglise ne cesse de mettre en œuvre dans leur intégralité». Elle est par exemple la seule institution belge «à avoir accepté l’arbitrage de permettre également aux victimes d’actes prescrits aux yeux de la justice d’être entendues, reconnues et indemnisées financièrement». De sa propre initiative, l’Eglise a poursuivi ce travail au-delà des cinq années de fonctionnement de la Commission d’arbitrage (2012-2017).

En ce qui concerne le dernier Rapport, qui couvre la période du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024, celui-ci indique notamment que 218 signalements ont été enregistrés, principalement des abus historiques datant des années 1950, 1960 et 1970. Par rapport aux 47 signalements du Rapport annuel précédent, les chiffres ont donc presque quintuplés. «Cette hausse est probablement due à la série Godvergeten, qui a eu l’effet positif d’encourager les victimes à se manifester — montre le communiqué — cela indique également que les points de contact instaurés par l’Eglise catholique et fonctionnant indépendamment d'elle répondent à un besoin spécifique des victimes.

Rappelant enfin que le 18 novembre marque la Journée mondiale des Nations unies pour la prévention et la guérison de l’exploitation, des atteintes et des violences sexuelles visant les enfants, l’Eglise catholique en Belgique indique s’associer à cette initiative «pour commémorer la souffrance des victimes d’abus et renouveler son engagement dans la prévention des abus sexuels». A -cette occasion, les évêques encouragent les fidèles à prier pour les victimes au cours des célébrations liturgiques.

Charles de Pechpeyrou