Le Pape François poursuit ses réflexions sur le thème «L’Esprit et l’Epouse»

Le mariage chrétien est le sacrement du don de soi de l’homme et de la femme

 Le mariage chrétien est le sacrement  du don de soi de l’homme et de la femme  FRA-043
24 octobre 2024

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous avons expliqué la dernière fois ce que, de l’Esprit Saint, nous proclamons dans le Credo. La réflexion de l’Eglise, cependant, ne s’est pas arrêtée à cette brève profession de foi. Elle s’est poursuivie, tant en Orient qu’en Occident, à travers l’œuvre des grands Pères et Docteurs de l’Eglise. Aujourd’hui, en particulier, nous voudrions recueillir quelques miettes de la doctrine de l’Esprit Saint développée dans la tradition latine, pour voir comment elle éclaire toute la vie chrétienne et plus particulièrement le sacrement du mariage.

Le principal instigateur de cette doctrine est saint Augustin, qui a développé la doctrine sur l’Esprit Saint. Il part de la révélation que «Dieu est amour» (1 Jn 4, 8). Or, l’amour suppose quelqu’un qui aime, quelqu’un qui est aimé, et l’amour lui-même qui les unit. Le Père est, dans la Trinité, celui qui aime, la source et le commencement de tout; le Fils est celui qui est aimé, et l’Esprit Saint est l’amour qui les unit1. Le Dieu des chrétiens est donc un Dieu «unique», mais pas solitaire; Il est une unité de communion, d’amour. Dans cette optique, certains ont proposé d’appeler l’Esprit Saint, non pas la «troisième personne» singulière de la Trinité, mais plutôt la «première personne du pluriel». En d’autres termes, il est le Nous, le Nous divin du Père et du Fils, le lien d’unité entre les différentes personnes2, le principe même de l’unité de l’Eglise, qui est précisément un «seul corps», issu de plusieurs personnes.

Comme je l’ai dit, aujourd’hui, je voudrais réfléchir avec vous en particulier sur ce que l’Esprit Saint a à dire à la famille. Qu’est-ce que l’Esprit Saint peut avoir à voir avec le mariage; par exemple? Beaucoup, peut-être l’essentiel, et j’essaie d’expliquer pourquoi! Le mariage chrétien est le sacrement du don de soi, l’un à l’autre, de l’homme et de la femme. C’est ainsi que l’a voulu le Créateur lorsqu’il «créa l’homme à son image […]: il les créa homme et femme» (Gn 1, 27). Le couple humain est donc la première et la plus élémentaire réalisation de la communion d’amour qu’est la Trinité.

Les époux devraient également former une première personne du pluriel, un «nous». Se tenir l’un devant l’autre comme un «je» et un «tu», et se tenir devant le reste du monde, y compris les enfants, comme un «nous». Que c’est beau d’entendre une mère dire à ses enfants: «Ton père et moi…», comme Marie l’a dit à Jésus lorsqu’ils l’ont trouvé à l’âge de douze ans dans le temple enseignant aux Docteurs (cf. Lc 2, 48), et d’entendre un père dire: «Ta mère et moi», comme s’ils ne formaient qu’un sujet unique. Combien les enfants ont besoin de cette unité — papa et maman ensemble —, unité des parents et combien souffrent-ils lors-qu’elle fait défaut! Combien les enfants de parents qui se séparent souffrent!

Pour correspondre à cette vocation, le mariage a cependant besoin du soutien de Celui qui est le Don, ou plutôt le don de soi par excellence. Là où l’Esprit Saint entre, la capacité de se donner renaît. Certains Pères de l’Eglise ont affirmé que, étant le don réciproque du Père et du Fils dans la Trinité, l’Esprit Saint est aussi la raison de la joie qui règne entre eux, et ils n’ont pas craint d’utiliser, pour en parler, l’image des gestes propres à la vie conjugale, tels que le baiser et l’étreinte3.

Personne ne dit qu’une telle unité est un objectif facile à atteindre, surtout dans le monde d’aujourd’hui; mais c’est la vérité des choses telles que le Créateur les a conçues et c’est donc dans leur nature. Certes, il peut sembler plus facile et plus rapide de construire sur le sable que sur le roc, mais Jésus nous dit quel est le résultat (cf. Mt 7, 24-27). Dans ce cas, nous n’avons même pas besoin de la parabole, car les conséquences des mariages construits sur le sable sont malheureusement visibles à tous, et ce sont surtout les enfants qui en paient le prix. Les enfants souffrent de la séparation ou du manque d’amour des parents! De tant d’époux, il faut répéter ce que Marie a dit à Jésus à Cana en Galilée: «Ils n’ont pas de vin» (Jn 2, 3). C’est l’Esprit Saint qui continue à accomplir, sur le plan spirituel, le miracle que Jésus a réalisé à cette occasion, à savoir transformer l’eau de l’habitude en une nouvelle joie d’être ensemble. Il ne s’agit pas d’une illusion pieuse: c’est ce que l’Esprit Saint a fait dans tant de mariages, lorsque les époux ont décidé de l’invoquer.

Il serait donc souhaitable qu’à côté des informations de nature juridique, psychologique et morale qui sont données, cette préparation «spirituelle» des fiancés au mariage soit approfondie, l’Esprit Saint qui fait l’unité. «Entre le mari et la femme, ne mets pas ton doigt», dit un proverbe italien. Au contraire, il y a un «doigt» à mettre entre le mari et la femme, et c’est précisément le «doigt de Dieu»: c’est-à-dire l’Esprit Saint!

1Cf. Saint Augustin, De la Trinité, viii, 10, 14.)

2Cf. Heribert Mühlen, Una mystica persona. La Chiesa come il mistero dello Spirito Santo, Città Nuova, 1968.

3Cf. Saint Hilaire de Poitiers, La Trinité, ii, 1; Saint Augustin, De la Trinité, vi, 10, 11.

A l’issue de l’audience générale, le Pape a prononcé les appels suivants:

Le mois d’octobre nous invite à renouveler notre coopération active à la mission de l’Eglise. Sachez être des missionnaires de l’Evangile en tout lieu, en offrant votre soutien spirituel de la prière et votre aide concrète aux personnes qui peinent à le porter à ceux qui ne le connaissent pas encore.

Frères et sœurs, prions pour la paix! Aujourd’hui, très tôt dans la matinée, j’ai reçu les statistiques des morts en Ukraine: c’est terrible! La guerre ne pardonne pas; la guerre est une défaite dès le départ. Prions le Seigneur pour la paix; qu’il nous donne la paix, à tous. Et n’oublions pas la Birmanie; n’oublions pas la Palestine qui souffre d’attaques inhumaines; n’oublions pas Israël et n’oublions pas tous les pays qui sont en guerre.

Il y a une donnée, frères et sœurs, qui doit nous faire peur: l’activité la plus fructueuse aujourd’hui est l’industrie de l’armement. Gagner contre la mort! Prions pour la paix, tous ensemble.

Parmi les pèlerins qui assistaient à l’audience générale du 23 octobre se trouvaient les groupes francophones suivants:

De France: Jeunes confirmés du diocèse de Bayeux et Lisieux, avec Mgr Jacques Habert; groupe de pèlerins du diocèse de Strasbourg; groupe de pèlerins du diocèse de Coutances; paroisse Saint-Jean Baptiste, d’Amiens; paroisse des Mureaux et Saint-Jean-des-deux-Moulins, de Paris; paroisse de Notre-Dame du Rocher, de Biarritz; paroisses Notre-Dame d’Orcival, et Saint Benoît sur Sioulet-Volcans; paroisses Saint-Saturnin-lès-Avignon, Morières et Piolenc; paroisse de Guémené; servants de Messe, de Matran; membres associés des Religieuses trinitaires de Valence; groupe de télévision et radio catholique francophone kto; groupe de l’enseignement catholique de Paris et Besançon; collège Saint-Michel, d’Annecy.

Du Liban: groupe de pèlerins à Rome pour la canonisation des frères Massabki.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les directeurs d’écoles catholiques de Paris et de Besançon, les jeunes confirmés de Bayeux et Lisieux accompagnés de leur évêque, les membres de la télévision catholique francophone.

Je vous encourage à invoquer l’Esprit Saint dans les familles car il est le lien d’amour qui vient tout renouveler.

Dieu vous bénisse!