La réaction de Jean-Paul Vesco

Des ponts entre l’Eglise d’Algérie et l’Eglise universelle

 Des ponts entre l’Eglise d’Algérie et l’Eglise universelle  FRA-041
10 octobre 2024

Après l’annonce du con-sistoire du 8 décembre prochain, nous avons interrogé S.Exc. Mgr Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger, sur le sens de sa nomination.

Que représente cette nomination pour vous-même et pour l’Eglise en Algérie?

Pour moi c’est quelque chose de fou, de totalement inattendu. Je reçois aussi cette nomination comme une responsabilité nouvelle qui me permettra de jeter davantage de ponts entre l’Eglise d’Algérie et l’Eglise universelle. Je pense que j’ai sans cesse un mouvement un peu centrifuge, qui fait que je m’éloigne de l’Eglise universelle et là, j’ai l'impression que ce lien fort va m’y raccrocher comme le rayon d’une roue qui la relie à son centre. Je pense aussi que c’est très bon pour notre Eglise ici en Algérie, d’abord parce que cette nomination renvoie à l’image du cardinal Léon-Etienne, archevêque d’Alger de 1954 à 1988, qui est très présente dans l’inconscient algérien, et d’autre part, parce que cela donne de la force et du poids à notre petite Eglise. Je pense que les Algériens, les autorités algériennes, en seront fiers. Je sais que le Saint-Père est une figure qui compte vraiment ici. Et puis, peut-être la troisième chose c’est que, tout au long de mon épiscopat jusqu’à maintenant, j’ai mené une certaine ligne de conduite, certains combats: pour le respect des divorcés remariés, pour la synodalité, pour la place des femmes et des laïcs dans l’Eglise et son gouvernement, pour une forme d’Eglise qui rejoint vraiment celle du Pape François. Je veux croire que c’est aussi ça qui est reconnu. Cela dit, je ne sais pas ce qu’être cardinal signifie, je sais que je ne changerai pas grand-chose à ma vie mais que tout changera aussi d’un certain point de vue. En tout cas, c’est une responsabilité que je ressens d’une façon particulière.

Vous avez la double nationalité, française et, depuis quelques mois, algérienne. Vous sentez-vous plutôt comme un cardinal français ou algérien?

Clairement un cardinal algérien. C’est bien en tant qu’évêque algérien d’une Eglise catholique qui se veut algérienne que je reçois cette nomination. C’est drôle parce que l’octroi de ma nationalité algérienne je l’ai appris par la télévision et mon cardinalat par Vatican News! Ces deux nouvelles se répondent mystérieusement et me procurent un sentiment comparable d’honneur, de responsabilité et de joie profonde. J’aime cette expression de «création» pour un cardinal et je saisis cette chance qui m’est donnée d’être une création renouvelée.

Charles de Pechpeyrou