Message pontifical au xviie symposium interchrétien à Trani

L’importance de défendre la dignité humaine à une époque de révolution anthropologique

 L’importance de défendre la dignité humaine à une époque de révolution anthropologique   FRA-036
05 septembre 2024

Nous publions ci-dessous le message que le Pape François a adressé au préfet du dicastère pour la promotion de l'unité des chrétiens, à l'occasion du xviie symposium interchrétien, promu par l'institut franciscain de spiritualité de l'université pontificale Antonianum et le département de théologie de la faculté de théologie orthodoxe de l'université Aristote de Thessalonique. La rencontre s'est tenue à Trani, dans les Pouilles, du mercredi 28 au vendredi 30 août, sur le thème «“Qu'est-ce que l'homme?” (Ps 8, 5) à l'époque des mutations anthropologiques».

A notre vénérable frère
Monsieur le cardinal
Kurt Koch
Préfet du dicastère pour la promotion
de l'unité des chrétiens

C'est avec des sentiments de cordiale proximité que j'adresse mes salutations aux illustres rapporteurs et à tous les participants au xvii e symposium interchrétien, promu conjointement par l'institut franciscain de spiritualité de l'université pontificale Antonianum et le département de théologie de la faculté de théologie orthodoxe de l'université Aristote de Thessalonique, qui se tiendra du 28 au 30 août 2024 à Trani, sur le thème «“Qu'est-ce que l'homme?” (Ps 8, 5) à l'époque des mutations anthropologiques». Je tiens en particulier à féliciter les organisateurs de cette expérience unique de collaboration concrète entre catholiques et orthodoxes, qui est devenue une belle tradition.

Le thème du symposium parle d'une époque de mutation anthropologique, mais ce qui se passe à notre époque pourrait être qualifié de véritable révolution. Les changements induits par la révolution informatique, comme par exemple le développement de l'intelligence artificielle, et les incroyables développements des sciences, obligent les hommes et les femmes d'aujourd'hui à repen-ser leur identité, leur rôle dans le monde et la société, et leur vocation à la transcendance. En effet, la spécificité de l'être humain dans l'ensemble de la création, son unicité par rapport aux autres animaux, et même sa relation avec les machines, sont constamment remises en question. De plus, la manière dont les hommes et les femmes appréhendent aujourd'hui les expériences fondamentales de leur existence, comme avoir des enfants, la naissance et la mort, est en train de changer structurellement. Face à cette révolution anthropologique en cours, il n'est pas possible de réagir uniquement par le déni et la critique. Il faut au contraire une réflexion profonde, capable de renouveler la pensée et les choix à faire (cf. Message vidéo du Pape François aux participants de l'assemblée plénière du conseil pontifical de la culture sur le thème «L’humanisme nécessaire», 23 novembre 2021).

Ce défi concerne tous les chrétiens, quelle que soit l'Eglise à laquelle ils appartiennent. C'est pourquoi il est particulièrement intéressant que catholiques et orthodoxes promeuvent ensemble cette réflexion. En particulier, à la lumière de l'enseignement de la Sainte Ecriture et de la Tradition chrétienne, il est nécessaire de réaffirmer que tout être humain est doté de dignité par le simple fait d'exister, en tant qu'entité spirituelle, créée par Dieu et destinée à une relation filiale avec Lui (cf. Ep 1, 4-5), indépendamment du fait qu'il agisse ou non conformément à sa dignité, aux situations socio-économiques dans lesquelles il vit, ou à ses conditions existentielles. La défense de cette dignité contre des menaces très concrètes telles que la pauvreté, la guerre, l'exploitation et autres est un engagement commun auquel toutes les Eglises doivent œuvrer ensemble.

J'accompagne volontiers de mes prières les travaux du xviie symposium interchrétien et, par l'intercession de saint Nicolas le Pèlerin, patron de Trani, j'invoque la bénédiction du Seigneur sur tous les participants, en espérant qu'eux aussi auront la bonté de se souvenir de moi dans leurs prières.

Du Vatican, 17 juillet 2024

François