Les athlètes réfugiés paralympiques aux Jeux de Paris

Encourager les plus résilients

 Encourager les plus résilients  FRA-029
18 juillet 2024

A 41 jours de l'ouverture des Jeux paralympiques de Paris — prévue le 28 août — le Comité international paralympique a annoncé le nom des huit athlètes et du guide qui feront partie de l'équipe des réfugiés. Ils étaient deux à Rio de Janeiro en 2016 et six à Tokyo en 2021.

Avec 36 athlètes en équipe olympique, 45 réfugiés au total disputeront les Jeux. Cette participation est un projet de paix.

Pour la première fois, un athlète vivant en Italie a été sélectionné dans l'équipe paralympique des réfugiés: l'escrimeur Amelio Castro Grueso, d'origine colombienne, a pu bénéficier d’entraînements de haut niveau à Rome avec Daniele Pantoni, entraîneur des Fiamme Oro, le club sportif de la police nationale. Amelio Grueso est très proche de l'expérience inclusive d'Athletica Vaticana, l'association plurisportive officielle du Saint-Siège.

Représentant plus de 100 millions de réfugiés et toutes les personnes handicapées — disent-ils ensemble — les sportifs paralympiques viennent d'Afghanistan, de Syrie, d'Iran, de Colombie et du Cameroun et ont été accueilli en Allemagne, en Autriche, en France, au Royaume-Uni, en Grèce et, bien sûr, en Italie.

Ils disputeront six disciplines paralympiques: athlétisme, haltérophilie, tennis de table, taekwondo, triath-lon et escrime.

Le chef de mission de l'équipe est Nyasha Mharakurwa, joueur de tennis-fauteuil qui a représenté le Zimbabwe lors des Jeux de Londres en 2012.

Pour Andrew Parsons, président du Comité international paralympique, si «tous les athlètes paralympiques font preuve d'une résilience incroyable, les histoire des réfugiés ayant survécu à la guerre et à la persécution sont hors du commun». C'est un fait, ajoute Andrew Pearsons, qu'«aujourd'hui, de nombreux déplacés de force vivent des de terribles conditions. Ces athlètes ont fait preuve d'une persévérance et d'une détermination incroyables pour se retrouver aux Jeux de Paris 2024 et ain-si donner de l'espoir à tous les réfugiés, car l'équipe paralympique des réfugiés met en lumière les effets bénéfiques du sport dans la vie et dans les sociétés».

Filippo Grandi, haut-commissaire de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés qui suit de près l'équipe, a déclaré: «Pour les troisièmes Jeux paralympiques consécutifs, une équipe d'athlètes réfugiés déterminés et inspirés montrera au monde ce qu'ils peuvent accomplir si on leur en donne la chance. Les réfugiés peuvent s'épanouir lorsqu'on leur donne la possibilité de mettre à profit et de faire valoir leurs compétences et leurs talents, que ce soit dans le sport ou dans bien d'autres domaines de la vie». Le sport, selon lui, est «essentiel à leur bien-être mental et physique, ainsi qu'à leur inclusion et à leur intégration dans les communautés qui les accueillent».

Et le sport du point de vue d'athlètes réfugiés porteurs de handicap est très cher au Pape François. Dans sa préface au livre Giochi di pace. L’anima delle Olimpiadi e delle Paralimpiadi (édité par la Librairie éditrice du Vatican à l'initiative d'Athletica Vaticana), le Pape encourage précisément cette expérience sportive inclusive: «Je pense aux athlètes handicapés. Je suis toujours impressionné en voyant leurs performances et en écoutant leurs paroles. L'objectif du mouvement paralympique n'est pas seulement de célébrer un grand évènement, mais de démontrer ce que des personnes — blessées par la vie — réussissent à faire quand elles sont mises en conditions pour le faire. Et si cela vaut pour le sport, cela doit également valoir dans la vie de tous les jours».

De plus, relance le Pape, toujours dans la préface à Giochi di pace: «Je pen-se aux athlètes réfugiés qui racontent leurs histoires de changement, d'espérance (...). Ce ne sont pas “uniquement” des sportives et sportifs. Ce sont des femmes et des hommes de paix, des protagonistes d'une espérance tenace et de la capacité à se relever après un moment difficile».

Dans Giochi di pace, il y a également le témoignage d'Ibrahim Al Hussein, un Syrien, qui participera pour la troisième fois aux Jeux paralympiques dans l'équipe des réfugiés — il a été porte-drapeau lors des jeux de 2016 à Rio de Janeiro — passant de la natation au triathlon (et qui confie que rassembler l'argent nécessaire à l'achat de «l'équipement pour disputer la discipline du triathlon» n'est pas une mince affaire). Il raconte dans le livre: en 2012 «je courais vers un meilleur avenir — je suis né en 1988 à Deir el-Zor en Syrie — quand un ami a été touché par un sniper. Il était à terre et criait. Je savais que si j'allais à son aide je pouvais moi aussi être touché. Mais je ne me serais jamais pardonné de l'avoir laissé à terre. Quelques secondes après, une bombe a explosé près de moi. J'ai perdu la partie inférieure de la jambe droite et la jambe gauche a également été touchée».

Ibrahim était un excellent nageur, mais dans la tragédie de la guerre et avec l'amputation d'une jambe, sa passion pour le sport semble avoir disparu. «J'ai réussi à rejoindre Istanbul et là-bas j'ai rencontré des personnes généreuses qui m'ont donné une prothèse peu fonctionnelle, mais c'était mieux que rien: je devais la réparer chaque 300 mètres. Puis la nuit du 27 février 2014 — c'est ce jour-là que ma “deuxième vie” a commencé — j'ai traversé la mer Egée sur un canot pneumatique jusqu'à l'île de Samos, en Grèce». Des personnes généreuses lui ont proposé du travail et lui ont donné une vraie prothèse. Et Ibrahim a repris la natation pour se réapproprier sa vie, jusqu'à se qualifier pour les Jeux paralympiques de 2016.

Zakia Khudadadi — seule femme de l'équipe — a déjà participé aux Jeux de Tokyo en 2021, après avoir fui de manière rocambolesque l'Afghanistan à la suite de «l'interdiction olympique» imposée par les talibans. Aujourd'hui elle vit à Paris et a gagné le championnat européen de taek-wondo 2023 (catégorie 47 kg), dédiant sa victoire aux femmes de son pays.

Le Camerounais Guillaume Junior Atangana, sprinteur malvoyant qui vit au Royaume-Uni, courra avec son guide et concitoyen Donard Ndim Nyamjua, lui aussi réfugié, aux épreuves du 100 et 400 mètres (catégorie t11). Il est arrivé quatrième aux Jeux de Tokyo, manquant de peu la médaille du 400 mètres. En juin dernier, lors du Grand Prix Para Athletics de Nottwil, il est arrivé premier du 400 mètres et deuxième du 100 mètres.

Salman Abbariki, un Iranien vivant en Allemagne, participe pour la deuxième fois aux Jeux paralympiques, après avoir participé à l'épreuve de lancer de poids à Londres en 2012. Aux Jeux para-asiatiques de 2010, il a remporté l'or et a battu le record asiatique.

Le rêve paralympique de l'Iranien Hadi Darvish a commencé après avoir regardé les Jeux paralympiques de Londres 2012 à la télévision. Arrivé en Allemagne, il a vécu pendant deux ans dans un camp de réfugiés avec sa femme et ses enfants. Sans argent, il a eu du mal à faire du sport, mais n'a pas abandonné: en juin, il a remporté la médaille de bronze en haltérophilie (jusqu'à 80 kg) aux championnats du monde de Tbilissi.

Sayed Amir Hossein Pour, un Iranien vivant en Allemagne, a long-temps vécu dans différents camps de réfugiés, loin de sa famille. Au tennis de table, il a remporté deux médailles d'or aux Jeux para-asiatiques de la jeunesse 2021 au Bahreïn.

Hadi Hassanzada, un Afghan, a vécu le drame d'être déplacé plusieurs fois à la recherche d'une vie meilleure et a été confronté à des situations difficiles sur les routes des réfugiés à travers la Turquie. Il vit aujourd'hui en Autriche. Malgré l'amputation de son bras droit, le taekwondo l'aide à «transformer les difficultés en opportunités».

Giampaolo Mattei