Elena Somarè, ancienne photographe célèbre, est aujourd'hui une star du sifflement mélodique (elle est la seule femme au monde), et elle donne des concerts partout, d'Abou Dhabi à Monte Carlo, à New York, en Corée, à Rome. Elle a participé aux bandes originales des films de Paolo Sorrentino, Pupi Avati, Valeria Golino et a enregistré des albums. Le dernier, intitulé Sacred and Profane, contient à la fois des pièces d'inspiration religieuse comme l'Aria sulla quarta corda de Johann Sebastian Bach, l'Ave Maria de Franz Schubert et un Notre Père juif, ainsi que des pièces plus populaires. Tous ces morceaux sont réarrangés et reproposés par Somarè à travers le sifflement, « notre deuxième voix », avec un effet impressionnant.
Quand avez-vous découvert avoir ce don ?
Enfant, je sifflais déjà pour imiter mon père. Mais ce n'est qu'il y a une dizaine d'années, lorsque l'essor de la technologie numérique a mis en crise mon travail de photographe, que j'ai décidé de perfectionner la technique à la suggestion du compositeur suédois Mats Hedberg, mon collaborateur de longue date. J'ai étudié la musique, enregistré mon premier disque, commencé à donner des concerts et le sifflement mélodique est devenu ma vie.
Avez-vous rencontré des préjugés en reprenant une activité traditionnellement réservée aux hommes ?
Beaucoup, et je continue à les rencontrer : bien que mes concerts soient demandés dans le monde entier, je n'ai toujours pas réussi à trouver un agent et je dois gérer ma carrière seule, en comptant sur le bouche-à-oreille. Le sifflement est considéré comme une expression vulgaire réservée aux hommes. Ou une activité d'adresse, seulement bonne pour les gens du cirque. Mais lors de mes concerts, tout le monde s'enthousiasme, certains pleurent.
Comment l'expliquez-vous ?
Malgré sa mauvaise réputation, le sifflement est un instrument merveilleux qui touche des cordes ancestrales, éveillant les sentiments les plus profonds. C'est un langage universel.
Vous arrive-t-il de rencontrer des jeunes filles qui veulent apprendre a siffler comme vous ?
De plus en plus. A la fin des concerts, elles me demandent par où commencer. A tel point que j'ai écrit un manuel pour enseigner la technique.
Comment entraînez-vous votre « instrument »?
Je continue à étudier la musique, à faire des exercices de respiration et à entraîner les muscles de ma bouche. Comme les trompettistes. Mes ennemis sont l'air conditionné et les rafales de vent.
Le record de durée de l''un de vos sifflements?
Une minute et demi en apnée.
Pourquoi avez-vous inséré de la musique sacrée dans votre dernier disque ?
Elle m'est venue spontanément, alors qu'aujourd'hui le monde est déchiré par les guerres. Et je ressens un désir croissant de me produire dans les églises. Qui, soit dit en passant, bénéficient d'une acoustique parfaite.
Quel est votre plus grand rêve?
Me produire devant le Pape François.
Gloria Satta