Ces textes nous parlent d’abord d’élection, ce cadeau encombrant de la révélation, d’autant plus quand la revendication de cette «terre promise» est violente. Que faire de cette révélation d’un Dieu «qui a entrepris de se choisir une nation, de venir la prendre au milieu d’une autre, à travers des épreuves, des signes, des prodiges et des combats, à main forte et à bras étendu» (Dt 4, 34)? L’élection, c’est d’abord le choix du peuple «le plus petit de tous» (Dt 7, 7). Cela a quelque chose à voir, déjà, avec ce qu’on appelle l’option préférentielle pour les pauvres: Dieu préfère le fragile. Mais l’élu a vite fait de penser que s’il est choisi, c’est qu’il est mieux que les autres. La gratuité de l’amour de Dieu est pervertie par notre prétention à placer nos mérites avant la grâce reçue, à «faire valoir» au lieu d’accueillir. L’histoire du salut est un dialogue de sourds entre l’amour et la prétention à mériter ce qu’on ne sait accueillir.
La deuxième lecture dit que l’Esprit reçu n’est pas un esprit qui nous ramène à la peur, mais fait de nous des fils, «héritiers de Dieu»! Etre fils, c’est consentir à recevoir d’un autre ce que nous sommes, renoncer à la prétention d’être à soi-même sa propre origine. La notion même de mérite rend imperméable à la grâce. Etre fils, c’est tout miser sur la grâce.
L’invitation à aller faire des disciples de toutes les nations n’est pas un appel à faire nombre mais à faire signe et c’est précisément l’enjeu de la grâce de lâcher la prétention du nombre pour mettre le plus fragile et le plus pauvre au centre et accueillir par lui la grâce de l’élection, sans prétention ni jalousie.
Il s’agit que notre vie soit à la fois gratitude et don, c’est-à-dire Eucharistie. Et c’est peut-être le sens que ce dimanche de la Trinité soit suivi par celui du Saint-Sacrement. Le Dieu qui nous rassemble est un Dieu qui se donne, et le contenu de la promesse, c’est lui-même: «Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde»!
*Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Mon baptême, une naissance à la Vie
Mon baptême a été une plongée, un passage entre deux vies;
la première se bornait à défendre mon ego, mes avoirs;
la seconde à te servir, t’offrir amour, fraternité;
mon nouvel être trinitaire est déjà dans l’Eternité
Dieu et mon vrai Je
Hier, adulte, j’ai reçu de Dieu mon vrai Je, il me semble,
il est source de vie, de dialogue avec les Cieux et les autres;
depuis, j’ai accueilli des réalités de l’invisible,
vis une croissance de mon être profond vers celui d’apôtre.
Franck Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 26 mai, Très Sainte Trinité
Première lecture: Dt 4, 32-34. 39-40;
Psaume: 32
Deuxième lecture: Rm 8, 14-17;
Evangile: Mt 28, 16-20.
Bruno Lachnitt*