«Lorsque j'ai montré au Pape François le projet du pavillon du Saint-Siège pour la prochaine Biennale de Venise, il m'a répondu: “J'y irai aussi avec mes propres yeux”» avait déclaré le cardinal José Tolentino de Mendonça, préfet du dicastère pour la culture et l'éducation et commissaire du pavillon lors de la conférence de presse présentant l'espace -d'exposition du Saint-Siège à la 60e exposition internationale d'art — la Biennale de Venise, qui est ouverte au public jusqu'au 24 novembre 2024. En effet, le titre du pavillon du Vatican est précisément «Avec mes yeux», qui se tient dans un lieu exceptionnel et est témoin du fait «révolutionnaire qu'un Souverain Pontife vienne voir le pavillon», comme l'a déclaré Chiara Parisi, qui forme avec Bruno Racine l'équipe de conservateurs de l'exposition. C'est un moment historique car François est le premier Pape à visiter la Biennale de Venise, «ce qui démontre clairement la volonté de l'Eglise de con-solider un dialogue fructueux et étroit avec le monde des arts et de la culture», a expliqué le cardinal de Mendonça.
Le lieu choisi est également tout à fait exceptionnel et «apparemment inattendu»: la prison pour femmes de l'île de la Giudecca. Il explique ensuite les raisons des choix qui ont guidé la conception du pavillon, raisons qui conduisent à une immersion de l'un dans l'autre et deviennent conséquentes, logiques. Elles découlent de la nécessité de mettre en pratique les paroles du Pape, en commençant surtout par son discours aux artistes prononcé le 23 juin 2023 dans la chapelle Sixtine, où il les a invités à ne pas oublier les pauvres, ceux qui vivent dans des conditions de vie difficiles, qui n'ont pas de voix pour se faire entendre, et les a donc invités à «être les porte-parole de leur cri silencieux».
Des occasions qui forment des coïncidences, comme le fait que 60 ans se sont écoulés depuis la première projection de L'Evangile selon saint Matthieu de Pier Paolo Pasolini, et que les paroles maintes fois recueillies par le Souverain Pontife sur les œuvres de miséricorde «qui ne sont pas des thèmes théoriques, mais des témoignages concrets», et dans ce cas: «J'étais un prisonnier et vous êtes venus me voir», sont toujours tirées de Matthieu: «La prison est un lieu inattendu où l'attente est un sentiment permanent», a déclaré Giovanni Russo, chef du département de l'administration pénitentiaire du ministère de la Justice et partenaire institutionnel: transformer l'attente en une vie différente et active, en appelant pour ce projet les détenues à «voir de leurs propres yeux» et à participer à la première personne, en poursuivant l'engagement pour le salut de chaque personne, «en orientant la boussole du département vers la direction et la formation des consciences» a-t-il conclut. «Il était nécessaire de choisir, pour le Saint-Siège, qui ne dispose pas de son propre pavillon, un lieu qui contenait déjà un message en soi», explique le conservateur Bruno Racine.
Les visites du Pavillon, sur réservation uniquement, seront assurées par les détenues-conférencières. Cela représente un véritable défi: surmonter le désir de -voyeurisme et de jugement envers les artistes et les détenues elles-mêmes, effacer les frontières entre observateur et observé, juge et jugé, pour réfléchir également aux structures de pouvoir dans l'art et les institutions. Une fois de plus, le protagoniste est le regard, et c'est uniquement avec leurs yeux, en laissant leurs téléphones portables à l'entrée, que les visiteurs pourront accéder à l'exposition.
Les noms des artistes sont d'une grandeur absolue sur la scène mondiale de l'art contemporain, parmi lesquels figurent les artistes françaises Bintou Dembélé, Claire Fontaine et Claire Tabouret. (maria milvia morciano)