Musique, cinéma et peinture pour nourrir l’espérance

Jeudi 4 avril a été présenté à la salle de presse du Saint-Siège, le programme «Le Jubilé est culture», une série d'initiatives liées à l'Année sainte qui se déclineront sous forme d'expositions et de concerts en 2024 et début 2025. Bien que la portée soit principalement spirituelle, «la dimension pastorale de l'Année sainte ne se limite pas uniquement à la prière, mais elle s'élargit à la composante spirituelle de toute personne et de chaque personne», a expliqué Mgr Rino Fischiella, pro-préfet de la section pour les questions fondamentales de l’évangélisation dans le monde du dicastère pour l'évangélisation, qui a présenté le programme aux côtés de Mgr Dario Edoardo Viganò, vice--chancelier de l'Académie pontificale des sciences et des sciences sociales et le père Alessio Geretti, conservateur de certaines expositions prévues et collaborateur externe du dicastère. «Dès le début de la préparation — a continué Mgr Fisichella — une commission culturelle a été créée, avec l'objectif de trouver les formes les plus adaptées pour donner une profondeur à l'expérience jubilaire». «Ces mois-ci, — a poursuivi l'évêque aux personnes présentes, dont le maire de Rome, Roberto Gualtieri — la machine du Jubilé ne s'est pas limitée à vérifier l'avancement des travaux des différents chantiers, dont nous continuons à penser qu'ils seront entièrement achevés avant le début de l'Année sainte. En mai, nous envisageons de rendre public le programme détaillé de chaque grand évènement qui nécessitera une organisation particulière de la part de la ville et du Saint-Siège, lorsqu'un nombre important de pèlerins venant du monde entier seront présents. Des pèlerinages diocésains et nationaux sont déjà prévus et le calendrier général du Jubilé se remplit jour après jour».

Le premier rendez-vous de ces événements culturels aura lieu le dimanche 28 avril à 17h30, en l'église Sant’Ignazio di Loyola, où le célèbre Messie de George Friedrich Haendel sera joué dans son intégralité, «une œuvre bien connue mais pas toujours jouée entièrement», a expliqué l'archevêque. L'œuvre sera exécutée par l'orchestre Ensemble fiorentina de la compagnie Musici del Gran Principe dirigé par le jeune chef d'orchestre Samuele Lastrucci. Un -deuxième rendez-vous est prévu le 3 novembre 2024 à 18h00 à l'auditorium de la Via della Conciliazione, où l'Académie nationale Sainte-Cécile se produira. L'orchestre, dirigé par Jader Bignamini, directeur musical de l'orchestre symphonique de Détroit, exécutera la Symphonie no5 de Dmitri Chostakovitch composée en 1937, peu connue du grand public mais qui frappe de par son intensité dramatique. Le troi-sième rendez-vous aura lieu à l'approche de l'ouverture de la Porte Sainte. Le 22 décembre 2024, à 18h00, en l'église Sant'Ignazio di Loyola, le chœur de la chapelle Sixtine interprétera plusieurs compositions polyphoniques de Palestrina, Perosi et Bartolucci.

Le thème du festival de musique, «Harmonies d'espoir», est placé sous le signe de l'espoir, tout comme le thème «Les cieux ouverts» qui rassemble les différentes expositions prévues, qui indiquent «l'horizon large et trans-cendant vers lequel nous sommes appelés».

Mgr Dario Viganò, ancien directeur de la Rivista del Cinematografo, a ensuite présenté le programme du festival cinématographique qui se tiendra au cinéma diocésain «Delle Province» du 14 au 21 avril et dont le thème est «Visages et contre-visages de l'espérance». Il s'ouvrira avec La porte du ciel (Vittorio De Sica et Cesare Zavattini, 1945), dans une copie récemment restaurée, qui raconte l'histoire d'un pèlerinage de personnes malades au sanc-tuaire de Lorette et qui a été tourné entre mars et juin 1944, pendant l'occupation nazie-fasciste de la capitale (le tournage a eu lieu à Rome dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs). Mgr Viganò rappelle que Giovanni Battista Montini, le futur Pape Paul vi, alors substitut à la secrétairerie d'Etat, a également participé à la réalisation du film. Dans son journal, Cesare Zavattini note: «Ils voudraient [que je fasse] un film à moi, me laissant totalement libre, je dis bien totalement, à condition que le film soit basé sur la morale chrétienne, mais qui n'est pas chrétien? Le Christ est aux portes». Les autres films proviennent en grande partie de la saison cinématographique en cours, sélectionnés par la Fondazione Ente dello Spettacolo: en allant d'Une vie, de James Hawes et avec Anthony Hopkins, primé aux Oscars, dans la peau du philanthrope anglais Nicholas Winton, à La Chimère, de Alice Rohrwacher, avec Josh O’Connor et Isabella Rossellini, en passant par Perfect Days, de Wim Wenders, et Les Feuilles mortes, de Aki Kaurismäki. Il y aura également d'autres titres sortis il y a quelques années en salle: L’intrepido (2013) de Gianni Amelio, Silence (2016) de Martin Scorsese, Chiara (2002) de Susanna Nicchiarelli, Le Concert (2009) de Radu Mihăileanu. Susanna Nicchiarelli et Radu Mihăileanu seront présents pour échanger avec le public. Le film Le Christ interdit (1951) de Curzio Malaparte clôturera le festival.

Enfin, le père Alessio Geretti a présenté le programme des expositions, en commençant par la nouvelle édition des «100 crèches du Vatican», en partenariat avec la ville de Rome. Entre novembre 2024 et janvier 2025, une vingtaine d’«Icônes d'Orient» d'origine russe, ukrainienne et syriaque seront exposées (probablement en l'église Sant'Agnese in Agone), grâce à la collaboration entre le dicastère pour l'évangélisation et les musées du Vatican.

«Une œuvre d'art, rencontrée de la bonne manière, est aussi une porte vers la transcendance», a observé le père Geretti, comme en témoigne ce genre d'art sacré. Toujours entre novembre et janvier et d'ici l'été prochain, deux expositions seront consacrées à deux artistes «déconcertants mais jusqu'à un certain point», comme l'a observé le père Geretti, à savoir Salvador Dali et Marc Chagall (l'un des lieux sera vraisemblablement l'église San Marcello al Corso).