Nous lisons au début de la célébration des Rameaux le récit de l’entrée de Jésus à Jérusalem, acclamé par la foule dans un élan spontané mais sans lendemain. Puis nous entendons le récit de la Passion: la foule a changé de camp. Sont-ce les mêmes qui criaient «hosanna au fils de David» et crient maintenant «à mort»? Les disciples sont dispersés: Pierre renie trois fois, seules quelques femmes restent là, Jésus est seul. Le refrain du psaume est le cri lancé par Jésus sur la croix: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?». Au cri de tous les souffrants qui se tournent désespérément vers un ciel qui reste sourd, Dieu répond en devenant en Jésus l’innocente victime de notre violence. Le cri de l’homme abandonné par Dieu et celui de Dieu trahi par les hommes ne sont plus qu’un, réconciliation d’où jaillira la Vie. Lors du dernier repas pris avec ses disciples, Jésus a annoncé que l’un d’entre eux allait le livrer et chacun s’est interrogé: «Serait-ce moi?». Ils auraient pu regarder les autres, cherchant lequel serait le traître. Or chacun a interrogé sa propre conscience sur sa complicité avec les forces qui allaient mettre Jésus à mort. Cela nous renvoie à l’essentiel: où en suis-je avec Jésus? Il nous interpelle toujours personnellement: et toi que dis-tu, qui dis-tu que je suis, que veux-tu que je fasse pour toi? La Passion nous révèle comment Dieu aime: jusqu’à se donner pour nous sauver. On ne peut aimer davantage. Jésus s'est dépouillé du rang qui l’égalait à Dieu pour prendre la place du serviteur. La figure de l'amour fou de Dieu pour nous est celle du serviteur. Cette Semaine sainte peut être l'occasion pour chacune, chacun de nous de trouver comment il, elle est invité/e à se mettre au service. Au service de qui, de quoi? Mais une chose est sûre: l'amour appelle une réponse, et ce que nous célébrons en faisant mémoire du dernier repas de Jésus avec ses disciples, c'est le don de l'amour pour que nous en devenions ensemble le signe.
* Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Parfois je peux être Pierre
Comme Pierre, je renie Jésus Christ, quand mon agir envers toi,
trahit ma foi, mon humanité; dans un vide, je festoie;
je le fais pour plaire à la foule impie, ou par lâcheté,
peur d’être, par elle, raillé, marginalisé en notre Cité.
T’humilier, c’est bafouer Jésus
Quand dans ma vie, il m’arrive, malgré ma foi, de me moquer
de tes actes et paroles exprimant ton identité,
tu subis une humiliation, tu en es offusqué;
te bafouer, c’est mortifier Jésus, et mon humanité.
Franck Widro
L’Evangile en poche
24 mars, Dimanche des Rameaux
Première lecture: Is 50, 4-7;
Psaume: 21
Deuxième lecture: Ph 2, 6-11;
Evangile: Mc 14, 1-15, 47.
Bruno Lachnitt*