Eliminer les «racines culturelles et mentales» qui poussent «sur le terreau des préjugés, de la possession, de l'injustice», favorisant la prolifération d'une «mauvaise herbe empoisonnée»: la violence à l'égard des femmes. C'est ce que demande le Pape François dans son message à l'occasion de la campagne nationale contre les intimidations et les abus à l'encontre des femmes, organisée par Rai Radio1 Gr1 en collaboration avec la Casa di Accoglienza delle Donne Maltrattate de Milan (Maison d’accueil des femmes maltraitées), Donne in Rete Contro la Violenza (Femmes en réseau contre la violence). Nous publions le message pontifical publié le 9 novembre par le journal radio de la première chaîne de la télévision publique italienne.
Chers frères et sœurs, bonjour à tous!
Je tiens à remercier les promoteurs de l'initiative «Une longue vague contre la violence masculine sur les femmes», qui nous permet de réfléchir sur un thème de grande actualité. En effet, la violence à l'égard des femmes est une mauvaise herbe empoisonnée qui gangrène notre société et qu'il faut éradiquer à la racine. Et ces racines sont culturelles et mentales, elles poussent dans le terreau des préjugés, de la possession, de l'injustice.
Dans trop de lieux et trop de situations, les femmes sont mises au second plan, elles sont considérées comme «inférieures», comme des objets: et si une personne est réduite à une chose, alors sa dignité n'est plus perçue, elle est considérée comme une simple propriété dont on peut disposer en tout, jusqu'à la supprimer.
Combien de femmes sont écrasées par le poids et le drame de la violence! Combien sont maltraitées, abusées, réduites en esclavage, victimes de la domination de ceux qui pensent pouvoir disposer de leur corps et de leur vie, contraintes de se soumettre à la cupidité des hommes.
Malheureusement, les médias jouent encore un rôle ambigu à cet égard. D'une part, ils prônent le respect et la promotion des femmes, mais d'autre part, ils véhiculent continuellement des messages marqués par l'hédonisme et le consumérisme, dont les modèles, tant masculins que féminins, obéissent aux critères du succès, de l'affirmation de soi, de la compétition, du pouvoir d'attirer l’autre et de le dominer.
Mais là où il y a domination, il y a abus! Ce n'est pas l'amour qui exige des prisonniers. Le Seigneur nous veut libres et en pleine dignité! Face au fléau des abus physiques et psychologiques à l'égard des femmes, il est urgent de redécouvrir des formes de relations justes et équilibrées, fondées sur le respect et la reconnaissance réciproques. Les conditionnements de toutes sortes doivent être combattus par une action éducative qui, à partir de la famille, place la personne et sa dignité au centre.
Il est de notre devoir, de la responsabilité de chacun, de donner une voix à nos sœurs sans voix: les femmes victimes d'abus, d'exploitation, de marginalisation et de pressions indues. Ne soyons pas indifférents! Il est nécessaire d’agir maintenant, à tous les niveaux, avec détermination, urgence, courage.
C'est du cœur et de la chair d'une femme qu'est venu au monde le salut; c'est de la manière dont nous traitons la femme, dans toute sa dimension, que se révèle notre degré d'humanité.
Chers amis, j'espère que cette «vague», que vous lancez aujourd'hui, sera vraiment longue et contribuera à un changement de mentalité. Je vous bénis et vous encourage à poursuivre dans cette voie. Merci et bon travail!
Du Vatican, le 27 octobre 2023
François