Le texte d’Isaïe est à entendre d’abord au cœur d’un réel déchiré comme une parole d’espérance qui vient de plus loin que nous. Les images qui la portent ne parlent peut-être plus tellement à chacun(e), mais elle concerne «tous les peuples» et l’image du festin fait écho à la «noce» dont parle l’Evangile. Et la promesse rejoint chacun au cœur d’une humanité blessée: le Seigneur «essuiera les larmes sur tous les visages» et «effacera l’humiliation de son peuple». Dans notre monde tourmenté, recueillir cette parole et préserver en nous la petite flamme de l’espérance dont parlait Péguy, c’est déjà comme un défi. Préserver en nous l’espace intérieur où cette parole puisse résonner et son écho ne pas s’éteindre. Comme l’écrivait Etty Hillesum le 12 juillet 1942: «C’est tout ce qu’il nous est possible de sauver en cette époque et c’est aussi la seule chose qui compte: un peu de toi en nous, mon Dieu… Il m’apparaît de plus en plus clairement à chaque pulsation de mon cœur que tu ne peux pas nous aider, mais que c’est à nous de t’aider et de défendre jusqu’au bout la demeure qui t’abrite en nous ». L’Evangile vient nous cueillir précisément au lieu de notre désertion: «Ils … s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce…». Trop affairés pour honorer l’invitation à la noce. Est-ce mon cas? Qu’est-ce que je «tue» en moi pour faire taire l’appel que je ne veux pas entendre ? Paradoxe alors quand le maître juge les invités «pas dignes» d’élargir l’invitation au tout venant. Mais paradoxe qui éclaire la «dignité» requise: accueillir le don, honorer l’invitation. C’est peut-être de ce côté qu’il faut chercher la nature du vêtement de noces de cette finale qui nous heurte: le cœur habillé de joie par l’accueil de la grâce, rien de moins, rien de plus, mais sans doute le plus difficile pour ceux dont nous sommes peut-être qui boudent la grâce parce qu’ils pensent avoir mieux à faire. Et l’espérance s’éteint doucement dans nos cœurs, l’air de rien…
* Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Etre joyeux et serviteur
Dieu m’a invité à accueillir Son Royaume
en mon âme;
j’ai remis mon habit de noce,
suis un joyeux serviteur;
je prends part avec tous mes frères,
à brandir notre oriflamme,
à bâtir le futur, nouvel Eden,
Lieu du bon Pasteur.
Notre couple: deux Je
Notre couple est ajustement perpétuel;
je le cherche, le veux.
Je m’ouvre à une histoire, à un Je différent avec joie;
je suis guidé par l’Esprit Saint,
mû par mon amour, sa voie,
et le bonheur de vivre avec ma femme
des jours merveilleux.
Franck Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 15 octobre,
xxviiie du Temps ordinaire
Première lecture: Is 25, 6-10;
Psaume: 22
Deuxième lecture: Ph 4, 12-14;
Evangile: Mt 22, 1-14
Bruno Lachnitt*