L’engagement de sœur Michaela auprès de la communauté Kmu aux Etats-Unis

Missionnaire à vie

 Missionnaire à vie  FRA-039
28 septembre 2023

Sœur Michaela O'Connor perpétue les histoires de la Bible dans le cœur de la communauté Khmu de Richmond, en Californie. Elle est leur professeure préférée, leur amie, leur confidente. Beaucoup de personnes âgées de la communauté ne savent pas lire et c'est pour cette raison qu'elles se tournent souvent vers sœur Michaela pour lui demander de «raconter une histoire tirée de la Bible».

Sœur Michaela a rencontré les Khmus au début des années 1990, alors qu'elle travaillait pour le diocèse d'Oakland. Même si le diocèse disposait d'un bureau pour les peuples ethniques, les Khmus se sentaient perdus dans cette structure: en effet, ils constituaient un très petit groupe qui parle une langue qui n'est commune à aucun autre groupe ethnique. Ils se sont alors tournés vers le diocèse car ils avaient un grand souci: comment transmettre la foi à leurs enfants.

Dès la première rencontre, sœur Michaela s'est sentie attirée par eux. «Ce sont des gens gentils, affectueux, avec des valeurs familiales et communautaires profondément enracinées, et ils sont très accueillants. J'aurais bien aimé les aider, mais le bureau pour l'éducation religieuse était en rénovation et je ne savais pas quoi promettre». C'est ainsi que sœur Michaela a commencé à rencontrer les femmes Khmus un soir par semaine, en tant que bénévole, et est restée avec elles depuis.

Les Khmus viennent des collines du Laos, où ils ont été ignorés par le gouvernement pendant des années. Des missionnaires français et italiens les ont initiés au christianisme au milieu du xix e siècle. Les Khmus ont également tenté «d’inventer» une forme écrite pour leur langue, mais celle-ci n’a finalement jamais été adoptée. La seule façon de recevoir une éducation était d'abandonner leurs maisons dans les collines, même si les cours étaient dispensés dans la langue «lao», qu'ils ne connaissaient pas. Pour cette raison, très peu de Khmus ont appris à lire.

Lorsque les communistes ont conquis le Laos au milieu des années 1970, les Khmus ont été persécutés en raison de leur religion. Ceux qui ont réussi ont fui vers d’autres pays et ainsi, au début des années 1980, un petit nombre de réfugiés Khmus se sont installés à Richmond, en Californie, pour construire une nouvelle vie pour leurs familles. A leur arrivée, ils ne connaissaient rien ou très peu du mode de vie américain, et la plupart d’entre eux ne connaissaient pas un mot d’anglais. Tout naturellement, ils se sont tournés vers l’Eglise pour obtenir de l’aide et c’est ainsi que sœur Michaela est entrée dans leur vie.

Finalement, sœur Michaela est devenue leur «religieuse paroissiale» à plein temps. Au début, le diocèse a soutenu son travail. Lorsque les ressources économiques se sont épuisées, sa communauté — les sœurs de la Sainte-Famille — a continué à soutenir sœur Michaela dans son travail missionnaire parmi les Khmus pendant des décennies. Fidèle à l'esprit missionnaire, sœur Michaela a répondu à tous les besoins de son peuple — spirituels, physiques et émotionnels. Elle a fait tout son possible pour améliorer leurs conditions de vie: «J'ai fait toutes sortes de travaux sociaux que je n'avais jamais appris à faire, dit-elle, y compris travailler avec les immigrés, même avec des bons d'alimentation et d'autres programmes gouvernementaux, et j'ai même réussi à obtenir des bourses pour les enfants. J'ai rempli toutes sortes de formulaires: étant donné que les Khmus n'ont pas de langue écrite, remplir des formulaires n'est pas naturel pour eux».

Les membres de la communauté Khmu ont toujours recherché le soutien de sœur Michaela dans leurs efforts d'intégration dans la vie aux Etats-Unis. Sœur Michaela a ri avec eux, pleuré avec eux et nourri leur amour pour le Christ. Même s’ils aiment leur nouveau pays, ils ont néanmoins conservé leur culture et leurs coutumes traditionnelles.

Récemment, la communauté Khmu a été invitée par Mgr Barber à quitter la grande paroisse dont ils faisaient partie depuis des décennies pour une plus petite, celle de Saint David of Wales — où ils se trouvent bien. Ils ont été accueillis chaleureusement dans la nouvelle paroisse et ont fait beaucoup de nouvelles connaissances tout en restant un groupe à part entière, avec son propre conseil pastoral et la Messe célébrée dans leur langue.

Il y a désormais les nouvelles générations de Khmus, ceux qui sont nés et ont grandi aux Etats-Unis, qui n’ont donc plus besoin d’aide pour s’intégrer culturellement. Pourtant, ils ont toujours le désir d’avoir sœur Michaela à leurs côtés le plus souvent possible. Depuis 2021, sœur Michaela fait partie de l'équipe de direction des Sœurs de la Sainte-Famille. Même si s'occuper d'eux ne fait plus partie de son ministère, elle reste liée aux Khmus et passe beaucoup de temps avec eux, en tant que «bénévole». Presque tous les samedis, elle fait le long voyage en voiture pour participer à la Messe avec eux et vivre ensuite des moments en communauté.

Prendre soin des familles, tant du point de vue spirituel que pratique, est le charisme que les Sœurs de la Sainte-Famille vivent depuis 1872. L'archevêque de San Francisco, Mgr Joseph S. Alemany déclarait alors à leur fondatrice, sœur Dolores: «Il y a des cœurs à guérir et des âmes à sauver dans les rues animées de notre ville: voici le travail que Dieu vous demande d'accomplir». Et, comme des centaines de ses consœurs avant elle, sœur Michaela apporte l’amour de Jésus Christ aux personnes là où elles se trouvent. Elle l'a fait dans un petit coin de Richmond, où elle et les Khmus ont construit un lien d'amour et de confiance qui durera toute une vie.

#sistersproject

Charlotte Hall