Dans l’adn le don de la vie

 Dans l’adn  le don de la vie  FRA-030
27 juillet 2023

Mozambique, septembre 2022. Le père Loris Vignandel, prêtre du Frioul (Italie), était sûr qu'il serait tué. Pendant le raid armé, dans la nuit du 6 au 7 septembre, il priait le chapelet et postait un message sur les réseaux sociaux dans lequel il demandait pardon pour ses «manquements». Pendant ce temps, des terroristes incendiaient l'église et le presbytère de Chipene. Avec son compagnon missionnaire, le père Lorenzo Barro, ils ont été sauvés. Il n’en a pas été de même pour la sœur combonienne Maria De Coppi, missionnaire dans ce pays africain pendant -soixante ans! Elle a été abattue d’un coup de pistolet.

Au moment où le Pape François a mis en place une commission chargée de dresser un catalogue de tous celles et ceux qui ont versé leur sang pour confesser le Christ au cours du dernier quart de siècle, nous avons pris contact avec le père Loris qui, il y a un an, se trouvait précisément à l'endroit où la religieuse d'origine vénitienne a été assassinée. Elle prêtait service à Nampula et a traversé au cours des décennies la colonisation, la guerre et le terrorisme. Sa vie n'a fait qu'un avec les joies et les peines du peuple mozambicain.

Il y a le martyre sanglant, celui que sœur Maria a vécu sur cette terre, mais il y a aussi un autre type de martyre, celui du témoignage quotidien: de l'écoute des personnes, de la disponibilité à se mettre au service des familles. C'est l’autre côté de la médaille dont la vie de sœur De Coppi a été imprégnée, qui, bien qu'elle ne pouvait plus lire les derniers temps parce qu'elle ne voyait presque plus, ne ménageait pas sa peine pour se rendre proche des autres. Elle écoutait pendant des heures, sans rien attendre en retour. Car l'important, c'est de se donner. C'est, pour don Loris, le plus bel héritage de la religieuses combonienne, convaincu que «ce n'est qu'en donnant que l'on reçoit sa vie».

«L'offrande de sa vie est quelque chose d'essentiel dans l' adn des hommes et des femmes de tous les temps», observe le prêtre. «Chacun de nous se réalise dans la mesure où il décide de donner sa vie. J'aime cette insistance du Pape — confie le père Vignandel — qui est attentif à la transmission non seulement de la foi mais aussi de la sagesse de tant de personnes âgées qui peuvent aider les nouvelles générations dans la croissance de leurs propres valeurs et de leur conscience».

Le père Loris raconte que lorsqu’il était au Mozambique, «plus on se dirigeait vers la côte, plus on rencontrait des personnes de confession musulmane. Vous deviez interagir avec des personnes qui ont une foi différente, mais dans l’ adn , — observe le prêtre — il y a les mêmes rêves, les mêmes préoccupations, les mêmes espoirs qui ont à voir avec la vie de tes proches, de tes voisins, des personnes que l’on aime. De ce point de vue, en pensant à sœur Maria, je repense à la disponibilité de servir l'homme et la femme qui sont assis à côté de toi».

C'est la dimension du martyre qui repose sur la croyance en une fraternité qui dépasse toutes les appartenances. «C'est le discours de la graine qui meurt», explique-t-il. Ce n'est qu'avec cette attitude spirituelle que l'on est capable d'affronter la peur au-delà du lieu physique où l’on peut la trouver. D'ailleurs, conclut-il, «même sur nos terres, il y a des gens qui vivent le martyre parce qu'ils décident de vivre leur foi de manière chrétienne et d'enseigner à leurs enfants que c'est possible; les martyrs sont aussi ceux qui essaient d’arriver à la fin du mois avec dignité, les martyrs sont ceux qui perdent leur emploi et parviennent à affronter la vie avec le sourire».

Antonella Palermo