La consigne du Pape à l’«Unión Mundial de Organizaciones Femeninas Católicas»

Compagnes de route des femmes qui subissent injustices, abandon, discrimination et pauvreté

 Compagnes de route des femmes qui subissent  injustices, abandon, discrimination et pauvreté   ...
25 mai 2023

Etre les «compagnes de route» des «nombreuses femmes dans le monde qui souffrent d’injustice, d’abandon, de discrimination, de pauvreté ». Telle est la mission confiée par le Pape François aux participantes à l’assemblée générale de l’Unión Mundial de Organizaciones Femeninas Católicas (Union mondiale des organisations féminines catholiques — Umofc ), qui s’est tenue à Assise du 14 au 20 mai. Le Souverain Pontife les a reçues en audience la veille du début des travaux, le 13 mai, dans la salle Paul vi , et leur a adressé le discours en espagnol que nous publions ci-dessous.

Chères sœurs!

Je vous souhaite la bienvenue à vous et à toutes celles qui suivent cette trans-mission à distance, femmes qui font partie de l’Unión Mundial de Organizaciones Femeninas Católicas (Union mondiale des organisations féminines catholiques), venues de divers lieux du monde avec leurs familles, pour s’imprégner de l’esprit ecclésial et pouvoir revenir avec plus d’enthousiasme à leurs lieux d’origine. A toutes, j’exprime mon salut le plus cordial. Je remercie les interventions qui m’ont précédé, présentant votre travail et les initiatives que vous avez en cours. Merci.

Par votre présence ici, vous souhaitez vous préparer à participer à l’assemblée générale qui se tiendra à Assise la semaine prochaine. Toutes pourront le faire en accompagnant de leurs prières les déléguées, pour qu’elles se laissent éclairer par l’Esprit et que ce soit l’occasion de renouveler leur élan missionnaire, en suivant les principes originels qui ont animé les fondatrices de l’Union et, en même temps, en regardant l’avenir avec des yeux et un cœur ouverts au monde, pour écouter les lamentations de tant de femmes qui souffrent dans le monde de l’injustice, de l’abandon, de la discrimination, de la pauvreté, ou d’un traitement inhumain dès leur enfance. L’Observatoire mondial des femmes que vous avez mis en place vous donnera des indications pour identifier les besoins et pouvoir ainsi être des «samaritaines», des compagnes de voyage, qui apportent l’espoir et la sérénité aux cœurs, en aidant, et en faisant en sorte que d’autres aident à soulager tant de besoins corporels et spirituels de l’humanité.

Aujourd’hui, il y a un besoin urgent de trouver la paix dans le monde, une paix qui, surtout, commence à l’intérieur du cœur, un cœur malade, lacéré par la division de la haine et du ressentiment. Avec la paix, l’identité anthropologique de la femme est également en danger, car on l’utilise comme un instrument, comme un argument de luttes politiques et d’idéologies culturelles qui ignorent la beauté avec laquelle elle a été créée. Il est nécessaire de valoriser davantage sa capacité de relation et de don, et que les hommes comprennent mieux la richesse de la réciprocité qu’ils reçoivent de la femme, pour récupérer ces éléments anthropologiques qui caractérisent l’identité humaine et avec elle, celle de la femme et son rôle dans la famille et dans la société, qui reste un cœur battant. Et si nous voulons savoir ce qu’est l’humanité sans la femme, ce qu’est l’homme sans la femme, nous le trouvons dans la première page de la Bible: c’est la solitude. L’homme sans la femme est seul. L’humanité sans la femme est seule. Une culture sans la femme est seule. Là où il n’y a pas la femme, il y a la solitude, une solitude aride qui génère tristesse, et toute sorte de dommages à l’humanité. Là où il n’y a pas la femme, il y a la solitude.

Aujourd’hui, alors que nous célébrons le souvenir des apparitions de la Vierge Marie aux pastoureaux de Fatima — et aujourd’hui je suis aussi très triste, car dans le pays où la Vierge est apparue, une loi pour tuer est promulguée, une étape de plus dans la longue liste des pays adoptant l’euthanasie — aujourd’hui, donc, en pensant à la Vierge, regardons Marie comme le modèle de femme par excellence, qui vit pleinement un don et une tâche: le don de la «maternité» et la tâche de «prendre soin» de ses enfants dans l’Eglise. Vous aussi, en tant que femmes, vous possédez ce don et cette tâche, dans chacun des domaines où vous êtes présentes, en sachant que, sans vous, ces domaines sont seuls. Il n’est pas bon que l’homme soit seul, voilà la raison de la présence de la femme. Marie vous enseigne à engendrer la vie et à la protéger toujours, en vous mettant en relation avec les autres avec tendresse et compassion, et en conjuguant trois langages: celui de l’esprit, celui du cœur et celui des mains, qui doivent être coordonnés. Ce que la tête pense, le cœur le ressent et les mains le font; ce que le cœur ressent est en harmonie avec ce que la tête pense et ce que les mains font; ce que les mains font est en harmonie avec ce que le cœur ressent et ce que la tête pense. Je l’ai dit à d’autres occasions, je crois que les femmes ont cette capacité de penser ce qu’elles ressentent, de ressentir ce qu’elles pen-sent et font, et de faire ce qu’elles ressentent et pensent. Je vous encourage à continuer à offrir cette sensibilité au service des autres.

Revenons à Fatima, au milieu du silence et de la solitude des champs, une femme bienveillante et pleine de lumière rencontre des enfants pauvres et simples. Comme toutes les grandes choses que Dieu fait, ce qui caractérise la scène est la pauvreté et l’humilité. En ces pastoureaux, nous sommes nous aussi représentés — toute l’humanité — fragiles petits, et nous pourrions même dire un peu déconcertés et effrayés face aux événements qui se présentent dans la vie et que parfois nous ne parvenons pas à comprendre, car ces événements nous dépassent et nous mettent en crise.

Dans cet environnement marqué par la faiblesse, on peut se demander: qu’est-ce qui a rendu Marie forte? Qu’est-ce qui a donné la force aux pastoureaux de faire ce qu’elle leur demandait? Quel est le secret qui a transformé ces personnes fragiles et petites en témoins de la joie de l’Evangile? Chères sœurs, le secret de tout disciple et de la disponibilité à la mission réside dans le fait de cultiver cette union, une union de l’intérieur avec le «doux hôte de l’âme» qui nous accompagne toujours: l’amour de Dieu et le fait de rester unis à Lui, comme les sarments à la vigne (cf. Jn 15, 1-11), pour vivre — comme Marie — la plénitude de l’être femme avec la -conscience de se sentir choisies et protagonistes dans l’œuvre salvatrice de Dieu.

Mais cela ne suffit pas. Cette union intérieure avec Jésus doit se manifester à l’extérieur, elle doit se manifester en restant en communion avec l’Eglise, avec ma famille ou avec mon organisation, qui m’aident à mûrir dans la foi. C’est ce qui donne de la valeur à toutes les initiatives que nous entreprenons. Il faut «prier» les œuvres et «œuvrer» la prière. De cette manière, nous nous alignerons bien avec la mission de toute l’Eglise. C’est aussi l’essence de la synodalité, ce qui nous fait nous sentir acteur et co-responsable du bien-être de l’Eglise, pour savoir intégrer les différences et travailler en harmonie ecclésiale.

Je vous remercie pour tout ce que vous faites et je vous encourage à continuer avec enthousiasme dans vos projets et activités en faveur de l’évangélisation, en suivant la voix intérieure de l’Esprit, dociles aux impulsions intérieures. Que Jésus vous bénisse et que la Vierge prenne soin de vous et de vos familles. Je prie pour les fruits de l’assemblée, parlez clairement, discutez, «disputez-vous» un peu parce que cela fait du bien, cela vous pousse de l’avant. Et je vous demande, s’il vous plaît, de continuer à m’accompagner de vos prières. Merci.