Diverses congrégations de religieuses réunies pour tirer de l’abandon, de la violence et de la misère des femmes africaines

Le documentaire
«In-Visibles»: des femmes qui aident les femmes invisibles à devenir visibles…

 Le documentaire «In-Visibles»:  des femmes qui aident les femmes invisibles à devenir visibles…  ...
11 mai 2023

Qu’ont donc en commun Eya Hegnon (couturière), Agnes Sokpo (réflexologue), Benedicta Sokpo (psychologue), Christine Munetu (pâtissière), Rebecca Ama Agboli (pâtissière), Mamatou Akpo Sotondji (commerçante), Dorcas Fleur Kpodo (fondatrice d’un orphelinat) et Noeline Ezan Akossiwa (coiffeuse stagiaire), avec beaucoup d’autres femmes en Afrique? L’expérience de l’abandon, de la violence, de la solitude, du chômage. Sans les sœurs de la Providence, sans les sœurs de Marie Mère de l’Eglise et sans les religieuses appartenant à d’autres congrégations, ces femmes seraient encore aujourd’hui laissées-pour-compte, seules et sans emploi. Ce sont elles les femmes invisibles que le documentaire de 30 minutes In-Visibles veut rendre visibles.

In-Visibles pourra être vu pour la première fois dans la matinée du samedi 13 mai, au cours de l’assemblée générale de l’Union mondiale des organisations féminines catholiques ( umofc ) (https://www.wucwo.org/ index.php/fr/; ES: https://www. wucwo.org/index.php/es/) qui se tiendra à Rome. La présidente de l’ umofc et de l’Observatoire mondial des femmes ( omf ), María Lía Zervino, a dit à Vatican News que In-Visibles souhaite accomplir la mission de l’Observatoire mondial des femmes qui est celle de «donner de la visibilité aux femmes qui sont invisibles», invisibles parce qu’elles sont submergées dans cet océan que le Pape appelle «la globalisation de l’indifférence». Et nous voulons aussi donner de la visibilité au travail des sœurs».

L’ umofc a jugé que la meilleure façon «d’attirer l’attention sur les souffrances des femmes en Afrique pour cause de violence de genre» était de réaliser un film sur place — explique María Lía.

«Et l’art est le meilleur moyen à travers lequel nous pouvons facilement nous ouvrir à une autre réalité, prendre conscience de ce qui se passe, de la situation, des expériences des femmes qui ont souffert de violence, mais qui grâce à l’aide des sœurs, des congrégations, et aussi des femmes laïques, peuvent aujourd’hui retrouver un sens à leur vie et former une famille et être à nouveau intégrées dans la société et aller de l’avant».

Lia Beltrami, administratrice déléguée de Aurora Vision, a été chargée par l’ omf de la production du documentaire. «Quand elle m’a été proposée, l’idée m’a plu tout de suite parce qu’elle constitue un peu mon engagement dans la vie», dit-elle à Vatican News. Après avoir identifié une zone entre le Togo et le Ghana «nous avons tout de suite commencé à travailler avec des femmes, étant donné que la femme en Afrique vit de très grandes souffrances et que ces dernières sont communes un peu à toutes les régions».

Lia a choisi sœur Eleonora Agassa, des sœurs de la Providence, comme assistante réalisatrice. «L’idée de travailler avec une sœur me plaisait beaucoup»… un «genre différent» de sœur «de celui dont on a l’habitude», poursuit-elle en se référant au fait que sœur Eleonora est anthropologue et poursuit des études pour obtenir une licence en communication. «La très belle histoire qu’il y a derrière — explique encore Lia — c’est que la maman de sœur Eleonora fait partie du groupe umofc du Togo. Ainsi, en tant que religieuse, sœur Eleonora a déjà l’idée de ce qu’est une association de femmes catholiques laïques qui travaillent de concert avec des sœurs pour le bien des femmes».

La compétence de sœur Eleonora a été essentielle pour la réalisation de ce film, révèle Lia. «Sa précision et sa détermination ont été fondamentales. Mais aussi sa sensibilité à identifier les histoires à raconter: parce qu’elle a tout de suite organisé toutes les réunions» avec les différentes congrégations de sœurs et elle a ainsi restreint le groupe de femmes sur lesquelles se concentrer.

«Cela a été une très belle expérience pour moi: ça a été une sorte de stage», dit sœur Eleonora à Vatican News. «In-Visibles est comme Pâques, parce que le film raconte la descente dans les souffrances profondes supportées par les femmes africaines et puis leur renaissance, leur résurrection. Et dans leur résurrection, auprès d’elles il y a la figure des femmes consacrées».

«Je dirais — poursuit sœur Eleonora — que le documentaire ne montre pas toutes les souffrances des femmes africaines, non. Il s’agit seulement d’une goutte d’eau. C’est comme une radiographie. Peut-être pas seulement des femmes africaines, mais de toutes les femmes dans le monde». Sœur Eleonora explique encore qu’un aspect des souffrances que les femmes africaines portent en elles est la sensation terrible quand manque le courage de s’ouvrir à l’autre: «La vie devient… devient je dirais un tombeau dans laquelle vivent les femmes».

«Je dirais encore que le travail des personnes consacrées est précisément cela, cette aide que l’on donne non pas pour satisfaire un besoin momentané, mais pour rendre la personne autonome, pour qu’elle puisse gagner dignement sa vie. Pour cela, je lance un appel à toutes les personnes de bonne volonté: aider les projets des congrégations, des communautés religieuses qui œuvrent dans ce domaine de l’autonomie des femmes et des familles».

De même, María Lía est venue pour les prises de vue. «Pour moi, personnellement, cela a vraiment été une expérience émouvante», raconte-t-elle. Elle avait déjà lu 10.000 sondages que l’ omf avait reçus de femmes africaines de plus de 30 pays, et elle avait écouté des centaines de femmes dans les rencontres en petits groupes. Tout ce qu’elle a entendu et lu «est devenu chair et sang, tout est devenu réel», se souvient-elle. «Nous avons touché du doigt, vu avec nos yeux et écouté avec notre cœur, nous n ’avons pas seulement compris avec notre tête, nous avons fait en sorte que la voix de ces femmes devienne la nôtre».

«Voilà, c’est pour cela que l’Observatoire a produit In-Visibles — grâce à l’aide de notre partenaire, la Fondation Hilton: nous souhaitons créer un réseau de congrégations et d'organisations de la société civile afin de lancer une campagne globale pour éradiquer la violence contre les femmes en Afrique».

Bernadette M. Reis


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