Angelus du 13 mars

Que ne vacille pas l’espérance de la paix

 Que ne vacille pas  l’espérance de la paix  FRA-011
16 mars 2023

Chers frères et sœurs, bonjour, bon dimanche!

Ce dimanche, l'Evangile nous présente l'une des rencontres les plus belles et les plus fascinantes de Jésus, celle avec la Samaritaine (cf. Jn 4, 5-42). Jésus et les disciples s'arrêtent près d'un puits en Samarie. Une femme arrive et Jésus lui dit: «Donne-moi à boire» (v. 7). Je voudrais m'arrêter précisément sur cette expression: Donne-moi à boire.

La scène nous montre Jésus assoiffé et fatigué, que la Samaritaine trouve au puits à l'heure la plus chaude, à midi, et qui, comme un mendiant, demande à se désaltérer. C'est une image de Dieu qui s’abaisse: Dieu s’abaisse en Jésus Christ pour la rédemption, il vient à nous. En Jésus, Dieu s'est fait l'un de nous, il s’est abaissé; assoiffé comme nous, il souffre de la même soif que nous. En contemplant cette scène, chacun de nous peut dire: le Seigneur, le Maître, me demande à boire. Il a donc soif comme moi. Il a ma soif. Tu es vraiment proche de moi, Seigneur! Tu es lié à ma pauvreté — je ne peux pas le croire! — tu m’as pris du bas, au plus bas de moi-même, là où personne ne peut m’atteindre» (Don Primo Mazzolari, La Samaritaine, Bologne 2022, 55-56). Et tu es venu à moi, en bas, et tu m’as pris de là, parce que tu avais, et que tu as, soif de moi. La soif de Jésus, en effet, n'est pas seulement physique, elle exprime les soifs les plus profondes de notre vie: c'est avant tout une soif de notre amour. Et elle se manifestera au moment culminant de la passion, sur la croix; là, avant de mourir, Jésus dira: «J'ai soif» (Jn 19, 28). Cette soif de l’amour qui l’a conduit à descendre, à s’abaisser, à être l’un de nous.

Mais le Seigneur, qui demande à boire, est Celui qui donne à boire: en rencontrant la Samaritaine, il lui parle de l'eau vive de l'Esprit Saint et, sur la croix, du sang et de l'eau sortent de sa côte transpercée (cf. Jn 19, 34). Jésus, assoiffé d'amour, étanche notre soif par l'amour. Et il fait avec nous comme avec la Samaritaine: il vient à nous dans notre vie quotidienne, il partage notre soif, il nous promet l'eau vive qui fait jaillir en nous la vie éternelle (cf. Jn 4, 14).

Donne-moi à boire. Il y a un deuxième aspect. Ces paroles ne sont pas seulement une requête de Jésus à la Samaritaine, mais un appel — parfois silencieux — qui s'élève chaque jour vers nous et nous demande de prendre soin de la soif des autres. Donne-moi à boire, nous disent ceux qui — dans la famille, sur le lieu de travail, dans les autres lieux que nous fréquentons — ont soif de proximité, d'attention, d'écoute; ceux qui ont soif de la Parole de Dieu et qui ont besoin de trouver dans l'Eglise une oasis où ils peuvent s'abreuver nous le disent. Donne-moi à boire est l'appel de notre société, où la précipitation, la course à la consommation et surtout l'indifférence, cette culture de l’indifférence, génèrent l'aridité et le vide intérieur. Et — ne l'oublions pas — donne-moi à boire est le cri de tant de frères et sœurs qui manquent d'eau pour vivre, alors que l’on continue de polluer et de défigurer notre maison commune; et elle aussi, épuisée et desséchée, «a soif».

Face à ces défis, l'Evangile d'aujourd'hui offre à chacun de nous l'eau vive qui peut faire de nous un point d’eau pour les autres. Ainsi, comme la Samaritaine, qui a laissé son amphore au puits et est allée appeler les gens du village (cf. v. 28), nous aussi, nous ne penserons plus seulement à satisfaire notre soif, notre soif matérielle, intellectuelle ou culturelle, mais avec la joie d'avoir rencontré le Seigneur, nous pourrons satisfaire la soif des autres; donner un sens à la vie des autres, non pas comme maîtres, mais comme serviteurs de cette Parole de Dieu qui nous a désaltérés, qui nous désaltère constamment; nous pourrons comprendre leur soif et partager l'amour qu'Il nous a donné. J’ai envie de poser cette question, à moi et à vous: sommes-nous capables de comprendre la soif des autres? La soif des gens, la soif de tant de personnes de ma famille, de mon quartier? Aujourd'hui, nous pouvons donc nous demander: ai-je soif de Dieu, est-ce que je me rends compte que j'ai besoin de son amour comme de l'eau pour vivre? Et ensuite: moi qui ai soif, est-ce que je me préoccupe de la soif des autres, de la soif spirituelle, de la soif matérielle?

Que la Vierge intercède pour nous et nous soutienne sur notre chemin.

A l’issue de l’Angelus, le Saint-Père a prononcé les paroles suivantes:

Vendredi prochain 17 mars et samedi 18 se renouvellera dans toute l'Eglise l'initiative «24 heures pour le Seigneur»: un temps consacré à la prière d'adoration et au sacrement de la Réconciliation. Dans l'après-midi de vendredi, je me rendrai dans une paroisse romaine pour la Célébration pénitentielle. Il y a un an, dans ce contexte, nous avons accompli l'Acte solennel de Consécration au Cœur Immaculé de Marie, en invoquant le don de la paix. Que notre acte de confiance ne manque pas, que l'espérance ne vacille pas! Le Seigneur écoute toujours les supplications que son peuple lui adresse par l'intercession de la Vierge Mère. Restons unis dans la foi et dans la solidarité avec nos frères qui souffrent à cause de la guerre; et surtout, n'oublions pas le peuple ukrainien martyr!

Je souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n'oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!