Rencontre avec la rédaction de «Donne Chiesa Mondo», mensuel de «L’Osservatore Romano»

Avec le langage du cœur, de l’esprit et des mains

 Avec le langage du cœur, de l’esprit et des mains   FRA-010
09 mars 2023

«La femme a la capacité d’avoir trois langages ensemble: celui de l’esprit, celui du cœur et celui des mains. Et elle pense ce qu’elle sent, elle sent ce qu’elle pense et fait, et fait ce qu’elle sent et pense. Je ne dis pas que toutes les femmes le font, mais elles ont cette capacité, elles l’ont. C’est magnifique». Tel est le cœur du discours bref, mais intense que le Pape François a adressé à la rédaction de Femmes Eglise Monde lors de l’audience qui a eu lieu dans la salle des Papes du palais apostolique dans la matinée du 4 mars, à l’occasion du dixième anniversaire du supplément mensuel de «L’Osservatore Romano» et du quatrième anniversaire, avec le prochain numéro de mai, de l’actuel comité coordonné par Rita Pinci qui, au nom de toute la rédaction, s’est adressée au Saint-Père en soulignant la beau-té de travailler en équipe: «Nous travaillons toutes ensemble, nous, que vous voyez ici aujourd’hui et les personnes qui, pour diverses raisons, n’ont pas pu venir: le comité de direction, la rédaction, nos deux graphistes... Nous formons un beau groupe et nous travaillons avec beaucoup d’intérêt, de passion, et aussi de joie. Nous formons un groupe interculturel et interreligieux. Parmi nous il y a des croyants et des non-croyants, nous sommes des femmes de diverses fois et confessions, mères de famille et femmes sans enfants, professeures, fonctionnaires, employées, journalistes, écrivaines... Et cela fait la force de notre journal».

Le Pape a remercié la coordinatrice et, s’adressant à toutes les personnes présentes, a souligné qu’il lit avec plaisir le mensuel: «Je lis Femmes Eglise Monde depuis l’époque où il était coordonné par Mme Scaraffia: je l’ai toujours lu, parce qu’il me plaît, j’aime ce défi qui apparaît déjà dans le titre». Puis il a ajouté: «Les femmes ont une capacité de gérer et de penser totalement différente de la nôtre et je dirais aussi, supérieure à la nôtre, une autre façon. Nous le voyons au Vatican aussi: là où nous avons placé des femmes, les choses changent, bougent. Nous le voyons dans la vie quotidienne, je le voyais souvent quand je passais en bus, dans la queue pour rendre visite à leurs enfants en prison, et les femmes qui étaient là: la femme n’abandonne jamais son enfant, jamais! Et je me souviens d’un syndicaliste, bien, qui est mort, il me disait qu’à 20-21 ans, il faisait la belle vie et habitait avec sa mère, tous les deux étaient pauvres, et lui dormait dans l’entrée de la petite maison; le matin, encore ivre de la soirée précédente, il voyait sa mère qui sortait de sa chambre, s’arrêtait, le regardait avec tendresse et allait travailler comme femme de ménage pour un maigre salaire. Cela a été ce regard, “fort et doux” — c’est ce qu’il m’a dit — “qui un jour a changé mon cœur et j’ai changé”. Et cet homme est devenu un grand syndicaliste».

Des confidences personnelles à la réflexion générale, il n’y a qu’un pas: «Les femmes, les femmes: nous utilisons le féminin comme quelque chose à écarter, comme un jeu, une blague» puis de nouveau un souvenir précis, concret: «Un jour, j’ai demandé à Ursula Von der Leyen: “Dites-moi madame, vous êtes médecin et vous avez sept enfants, que vous appelez au téléphone tous les après-midi; dites-moi: comment avez-vous réussi à débloquer cette opposition du rapport de l’Union européenne à l’Europe au cours du covid, la question du Bénélux et de certains autres pays qui s’y opposaient, comment avez-vous fait?”. Elle m’a regardé en silence et a commencé à gesticuler avec les mains de façon très dynamique, je la regardais attentivement, en observant ses mains et à la fin, elle a dit: “Comme nous le faisons nous, les mères”. C’est ainsi, c’est un autre chemin, c’est une autre catégorie de pensée, mais pas seulement de pensée: pensée, sentiment et gestes». D’où la référence aux paroles sus-mentionnées sur les «trois langages de la femme: esprit, cœur et main», avant de conclure: «C’est pour cela que j’aime lire et encourager ce mensuel, et ce n’est pas une sorte de féminisme clérical du Pape, non! C’est ouvrir la porte à une réalité, une réflexion qui va au-delà. C’est pourquoi je vous remercie beaucoup et je vous salue à présent une par une».