L’evangile en poche

Faire un jeûne de ce qui sort de notre bouche

23 février 2023

Au livre du prophète Osée, Dieu dit de son peuple: «Mon épouse infidèle, je vais la conduire au désert et je lui parlerai cœur à cœur» (2, 16). Le carême est temps de retrouvailles avec Dieu, peut-être aussi avec soi-même, avec ce que nous sommes vraiment. Le souffle de Dieu nous appelle à la vie et au renouveau. C’est joyeux! Mais le désert est aussi le lieu du combat spirituel comme nous le voyons dans cet Evangile. Se convertir est un vrai travail aux prises avec tout ce qui entrave notre marche vers le meilleur de nous-même. Quel jeûne sommes-nous invités à faire? Jésus nous dit que ce n’est pas ce qui entre dans la bouche de l’homme mais ce qui en sort qui le rend impur (Mt 15, 17-18). Alors pourquoi pas essayer de faire un jeûne de ce qui sort de notre bouche pendant ce carême: insultes, médisances, mensonges. Et ce qui sort de la bouche est ce qui déborde du cœur (Lc 6, 45): jalousie, jugements, rancune. Le texte de la Genèse en première lecture raconte précisément comment le mensonge et la jalousie coupent de Dieu et donc de nous-même. La parole faussée sème la jalousie. Jésus lui-même a dû affronter le tentateur. Etonnamment, Il est conduit par l’Esprit au désert pour y être tenté par le diable. Passage obligé de la condition humaine: notre liberté porte la menace d’être tordue, il y a danger de distorsion, de décalage, entre ce que nous disons, ce que nous croyons, ce que nous désirons et ce que nous faisons. Nous avons plus aisément confiance en des paroles tordues qui portent des promesses illusoires que dans la Parole qui nous a créés. Mais parce qu’il est totalement Fils, Jésus est absolue confiance en son Père, Il se reçoit entièrement de Lui. Le tentateur ne trouve nulle faille en Lui où insinuer le soupçon, il se reçoit et se donne. L’enjeu du combat pour nous comme pour lui, est la relation au Père, nous recevoir de Lui en Celui qui en nous dit «Père», l’Esprit qui nous conduit vers la confiance. Nous avons moins de quarante jours pour en retrouver et dégager la route.

Bruno Lachnitt
Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer