Un témoignage «choral» du monastère de la Bienheureuse Vierge du Bon Chemin

Vivre sainte Claire aujourd’hui dans le monde

 Vivre sainte Claire aujourd’hui dans le monde  FRA-007
16 février 2023

Lorsque saint François et sainte Claire attirèrent à leur suite une multitude d’hommes et de femmes assoiffés de vérité et d’Evangile, c'était à la fin des années 1100 et au début des années 1200, et les biographes de l’époque encadrèrent leur mission dans la situation sociale et spirituelle de l'époque à travers des paroles comme celles-ci:

(François) a brillé comme l'étoile du matin au milieu de la muée, par la vive splendeur de sa vie et de sa doctrine; il a dirigé vers la lumière, ceux qui étaient assis dans les ténèbres et à l'ombre de la mort; et il a annoncé aux hommes l'évangile de la paix et du salut» (Légende major, Vie de saint François d’Assise, saint Bonaventure de Bagnoregio, Sources franciscaines, 1021).

Ô Claire, en bien des manières douée des titres de la clarté! Ô qu’est grande l’intensité de cette lumière, et comme est intense l’illumination de cette clarté! Cette lumière, en vérité, demeurait recluse dans le secret des cloîtres, et, à l’extérieur, émettait de scintillants rayons... et se répandait dans le vaste monde... (Bulle de canonisation de sainte Claire vierge du Pape Alexandre iv, Sources franciscaines 3282-3285).

Aujourd’hui, au xxie siècle, nous, filles de Claire, sentons que nous avons la même mission, même si les formes pour vivre ce charisme sont celles que l’époque nous suggère et font même toujours l’objet d’un discernement afin que notre message et notre témoignage atteignent les hommes d’aujourd’hui à travers leur langage et écoutent leurs véritables questions.

Au cours de ces dernières années, nous avons tous vécu un climat lourd, d’abord à cause de la pandémie, puis de la guerre aux portes de notre Europe. De plus, dans un monde interconnecté, tout nous atteint et nous blesse, car nous sommes conscientes d’appartenir à cette humanité qui souffre et affronte mille urgences. Notre vie est une vie de prière et de contemplation, mais une prière dans laquelle notre cœur porte en lui le cri de tous nos frères, les espérances de peuples entiers, ainsi que les préoccupations de nos amis les plus proches et présents à notre regard.

Au cours de la pandémie, ne pouvant avoir de contacts directs avec les personnes, pour faire sentir notre proximité, nous avons préparé une vidéo sur YouTube dans laquelle nous avons consacré un chant d’espérance aux malades du Covid et aux agents de sa santé. Cette initiative a eu de nombreux échos positifs, mais nous savons que ces instruments ne serviraient pas s’ils n’exprimaient pas une véritable démarche de foi et d’amour.

Cet amour nous a poussées à con-sacrer tout le Carême de cette année-là, de façon cachée et silencieuse, à une adoration eucharistique ininterrompue à travers laquelle intercéder avec insistance pour notre pays et pour le monde entier.

De façon analogue, touchées par le déchirement de la guerre en Ukraine, nous avons voulu associer à notre prière les fidèles qui fréquentent notre église, en proposant des permanences d’adoration eucharistique tous les dimanches de carême, à partir des premières heures du matin, lorsque le chant des Laudes ouvre ce temps béni à la grâce.

Ce temps fort d’intercession a ensuite culminé dans la veillée pascale, célébrée avec une intensité particulière. Notre pensée est allée avant tout à toutes les situations de mort et de souffrance qui nous sont confiées: malades, personnes seules et désespérées, sans abris, familles en difficulté... Nous les avons toutes vues illuminées par la gloire du Ressuscité qui transfigure la douleur et en tire une vie nouvelle. Nous suivons certains de nos frères et sœurs de manière particulière, en les rencontrant au parloir et en priant avec eux pour les soutenir dans les moments les plus difficiles (par exemple une mère qui a perdu son fils unique dans un accident, des familles en difficulté avec leurs enfants, des jeunes à la recherche d’un sens à leur vie, des femmes à la recherche un guide spirituel, etc.).

Une autre modalité que notre forme de vie nous a suggérée pour refléter la lumière du Christ et que nous avons réalisée à plusieurs reprises, également à la lumière des nouveaux documents sur la vie de clôture que l’Eglise a publiés (VultumDei quaerere et Cor Orans), est celle d’ouvrir aux personnes les plus proches et intéressées les rencontres de Lectio Divina que nous faisons habituellement entre nous religieuses de la commu-nauté.

Cette initiative également tire sa lymphe des racines de notre vie contemplative, parce que la pénétration de la Parole ne s’improvise pas, et on ne reconnaît pas la voix de l’Esprit si on ne l’écoute pas chaque jour avec persévérance, et offrant notre cœur à l’écoute aimante du Christ.

Nous sommes convaincues en outre que la possibilité que Claire a aujourd’hui de diffuser la lumière et émaner une lueur claire dans la maison du Seigneur est surtout liée à notre témoignage de vie fraternelle, dans l’unité et dans la communion. Si sainte Claire résumait les pierres angulaires de sa vocation et de son charisme dans la «Sainte unité et plus haute pauvreté», aujourd’hui, le témoignage selon lequel il est possible de surmonter les élans individualistes dominant dans la culture et dans la mentalité d’aujourd’hui semble encore plus incisif et nécessaire, en travaillant sur son propre cœur dans une conversion constante, dans la grâce de l’Esprit, jusqu’à édifier, jour après jour, ce nous communautaire dans lequel se fait sentir la présence vivante de Jésus même, à travers lequel nous devenons fécondes et génératives dans l’Eglise et dans le monde.

#sistersproject