Angelus du 12 février

«N’oublions pas la douleur de la Syrie, la Turquie et l’Ukraine»

 «N’oublions pas la douleur  de la Syrie, la Turquie et l’Ukraine»  FRA-007
16 février 2023

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans l'Evangile de la liturgie d'aujourd'hui, Jésus dit: «N'allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes: je ne suis pas venu abolir, mais accomplir» (Mt 5, 17). Accomplir: c'est un mot clé pour comprendre Jésus et son message. Qu'est-ce que signifie cet «accomplir»? Pour l'expliquer, le Seigneur commence par dire ce que n'est pas l'accomplissement. L'Ecriture dit «tu ne tueras pas», mais pour Jésus, cela ne suffit pas si l'on blesse ensuite ses frères et sœurs en paroles; l'Ecriture dit «tu ne commettras pas d'adultère», mais cela ne suffit pas si l'on vit ensuite un amour entaché de duplicité et de men-songes; l'Ecriture dit «tu ne porteras pas de témoignage mensonger», mais il ne suffit pas de faire un serment solennel si l'on agit ensuite avec hypocrisie (cf. Mt 5, 21-37). Il n’y a pas d'accomplissement de cette façon.

Pour nous donner un exemple concret, Jésus se concentre sur le «rite de l'offrande». En faisant une offrande à Dieu, on lui rendait la gratuité de ses dons; c'était un rite très important — faire une offrande pour restituer symboliquement, pour ainsi dire, la gratuité de ses dons —, si important qu'il était interdit de l'interrompre, sauf pour des raisons graves. Mais Jésus affirme qu'il faut l'interrompre si un frère a quelque chose contre nous, afin d'aller d'abord se réconcilier avec lui (cf. vv. 23-24): ce n'est qu'alors que le rite est accompli. Le message est clair: Dieu nous aime d'abord, gratuitement, en faisant le premier pas vers nous sans que nous le méritions; et alors nous ne pouvons pas célébrer son amour sans faire à notre tour le premier pas pour nous réconcilier avec ceux qui nous ont blessés. Ainsi, il y a un accomplissement aux yeux de Dieu; autrement, l'observance extérieure, purement rituelle, est inutile, elle devient une fiction. En d'autres termes, Jésus nous fait comprendre que les règles religieuses sont utiles, elles sont bonnes, mais elles ne sont qu'un début: pour leur donner une plénitude, il faut aller au-delà de la lettre et vivre leur sens. Les commandements que Dieu nous a donnés ne doivent pas être enfermés dans les caveaux as-phyxiants de l'observance formelle, sinon nous restons dans une religiosité extérieure et détachée, serviteurs d'un «dieu maître» plutôt qu'enfants de Dieu le Père. Jésus veut cela: ne pas avoir l’idée de servir un Dieu maître, mais le Père; et pour cela, il est nécessaire de dépasser la lettre.

Frères et sœurs, ce problème n'existait pas seulement à l'époque de Jésus, il existe aussi aujourd'hui. Parfois, par exemple, nous entendons: «Père, je n'ai pas tué, je n'ai pas volé, je n'ai fait de mal à personne...», comme pour dire: «Tout va bien». Voici l'observance formelle, qui se contente du strict minimum, alors que Jésus nous invite au maximum possible. Rappelons-nous: Dieu ne raisonne pas à travers des calculs et des tableaux; il nous aime comme un amoureux: pas au minimum, mais au maximum! Il ne nous dit pas: «Je t’aime jusqu'à un certain point». Non, le véritable amour ne va jamais jusqu'à un certain point et ne se sent jamais satisfait; l'amour va toujours au-delà, il ne peut pas faire autrement. Le Seigneur nous l'a montré en donnant sa vie sur la croix et en pardonnant à ses meurtriers (cf. Lc 23, 34). Et il nous a confié le commandement qui lui tient le plus à cœur: que nous nous aimions les uns les autres comme il nous a aimés (cf. Jn 15, 12). C'est l'amour qui donne son accomplissement à la Loi, à la foi, à la vraie vie!

Alors, frères et sœurs, nous pouvons nous demander: comment est-ce que je vis la foi? S'agit-il d'une question de calculs, de formalismes, ou d'une histoire d'amour avec Dieu? Est-ce que je me contente uniquement de ne pas faire de mal, de con-server «une façade», ou est-ce que j'essaie de grandir dans l'amour de Dieu et des autres? Et de temps en temps, est-ce que je me mesure sur le grand commandement de Jésus, est-ce que je me demande si j'aime mon prochain comme il m'aime? Car peut-être sommes-nous inflexibles dans notre jugement des autres et nous oublions d'être miséricordieux, comme Dieu l'est avec nous.

Que Marie, qui a parfaitement observé la Parole de Dieu, nous aide à accomplir notre foi et notre charité.

Au terme de l’Angelus, le Saint-Père a ajouté les paroles suivantes:

Chers frères et sœurs! Continuons à être proches, par la prière et le soutien concret, aux populations victimes du séisme en Syrie et en Turquie. Je regardais dans le programme «A Sua Immagine», les images de cette catastrophe, la douleur de ces peuples qui souffrent en raison du tremblement de terre. Prions pour eux, ne les oublions pas, prions et réfléchissons à ce que nous pouvons faire pour eux. Et n’oublions pas l’Ukraine martyrisée: que le Seigneur ouvre des voies de paix et donne aux res-ponsables le courage de les parcourir.

Les nouvelles qui arrivent du Nicaragua m’attristent beaucoup et je ne peux manquer de rappeler ici avec préoccupation l’évêque de Matagalpa, Mgr Rolando Álvarez, que j’aime beaucoup, condamné à 26 ans de prison, mais aussi les personnes qui ont été déportées aux Etats-Unis. Je prie pour elles et pour tous ceux qui souffrent dans ce cher pays, et je demande votre prière. Demandons en outre au Seigneur, par l’intercession de la Vierge Marie Immaculée, d’ouvrir les cœurs des responsables politiques et de tous les citoyens à la recherche sincère de la paix, qui naît de la vérité, de la justice, de la liberté et de l’amour, et qui s’atteint à travers l’exercice patient du dialogue. Prions ensemble la Vierge [Je vous salue Marie].

Je vous salue tous, romains et pèlerins italiens et d’autres pays. Je salue les citoyens congolais ici présents. Votre pays est beau, il est beau!

Et je vous souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!