Angelus du 29 janvier à la veille du départ en République démocratique du Congo et du Soudan du Sud

En prière pour deux pays africains éprouvés par de longs conflits, l’exploitation et les violences

 En prière pour deux pays africains éprouvés par de longs conflits, l’exploitation et les violences  ...
02 février 2023

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans la liturgie d'aujourd'hui, nous proclamons les Béatitudes selon l'Evangile de Matthieu (cf. Mt 5, 1-12). La première est fondamentale et dit: «Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux» (v. 3).

Qui sont les «pauvres en esprit»? Ce sont ceux qui savent qu'ils ne se suffisent pas à eux-mêmes, qu'ils ne sont pas autosuffisants, et qui vivent comme des «mendiants de Dieu»: ils sentent qu’ils ont besoin de Dieu et reconnaissent que le bien vient de Lui, comme un don, comme une grâce. Celui qui est pauvre en esprit apprécie ce qu'il reçoit; ils souhaite donc qu'aucun don ne soit gaspillé. Aujourd'hui, je voudrais m'attarder sur cet aspect typique des pauvres en esprit: ne pas gaspiller. Les pauvres en esprit s’efforcent de ne rien gaspiller. Jésus nous montre l'importance de ne pas gaspiller, par exemple après la multiplication des pains et des poissons, lorsqu'il demande de récupérer les restes de nourriture afin que rien ne soit perdu (cf. Jn 6, 12). Ne pas gaspiller nous permet d'apprécier la valeur de nous-mêmes, des personnes et des choses. Malheureusement, ce principe est souvent ignoré, surtout dans les sociétés plus aisées, où la culture du gaspillage et la culture du rebut domine: toutes deux sont des fléaux. Je voudrais proposer trois défis contre la mentalité du gaspillage et du rebut.

Premier défi: ne pas gaspiller le don que nous sommes. Chacun d'entre nous est un bien, quels que soient les qualités qu'il possède. Chaque femme, chaque homme est riche non seulement de talents, mais aussi de dignité, est aimé de Dieu, a de la valeur, est précieux. Jésus nous rappelle que nous sommes bienheureux non pas pour ce que nous avons, mais pour ce que nous sommes. Et quand une personne se laisse aller, elle se jette, se gaspille. Luttons, avec l'aide de Dieu, contre la tentation de nous con-sidérer comme inadaptés, mauvais, et de nous apitoyer sur notre sort.

Ensuite, le deuxième défi: ne pas gaspiller les dons que nous avons. Il s'avère qu'environ un tiers de la production alimentaire mondiale totale est gaspillée chaque année. Et ce alors que tant de personnes meurent de faim! Les ressources de la création ne peuvent pas être utilisées de la sorte; les biens doivent être protégés et partagés, afin que personne ne manque du nécessaire. Ne gaspillons pas ce que nous avons, mais diffusons une écologie de la justice et de la charité, du partage!

Enfin, le troisième défi: ne pas mettre les personnes au rebut. La culture du rebut dit: «Je t'utilise aussi longtemps que j'ai besoin de toi; quand tu ne m'intéresses plus ou que tu deviens un obstacle, je te jette. Et ce sont surtout les plus fragiles que l’on traite ainsi: les enfants à naître, les personnes âgées, les personnes dans le besoin et les défavorisés. Mais on ne peut pas jeter les personnes, on ne peut pas jeter les personnes défavorisées! Chaque personne est un don sacré et chaque personne est un don unique, à tout âge et dans toutes les conditions. Respectons et promouvons toujours la vie! Ne mettons pas la vie au rebut!

Chers frères et sœurs, posons-nous quelques questions. Tout d'abord, comment est-ce que je vis la pauvreté d'esprit? Est-ce que je sais faire de la place à Dieu, est-ce que je crois qu'il est mon bien, ma vraie et grande richesse? Est-ce que je crois qu'Il m'aime, ou est-ce que je me jette tristement en oubliant que je suis un don? Et puis: est-ce que je fais attention à ne pas gaspiller, est-ce que je suis responsable dans l'utilisation des choses, des biens? Et suis-je prêt à les partager avec d'autres, ou suis-je égoïste? Enfin: est-ce que je considère les plus fragiles comme des dons précieux, dont Dieu me demande de prendre soin? Est-ce que je me souviens des pauvres, de ceux qui sont privés du nécessaire?

Que Marie, Femme des Béatitudes, nous aide à témoigner de la joie que la vie est un don et de la beauté de faire don de soi.

Le Saint-Père a ensuite prononcé les paroles suivantes:

Chers frères et sœurs, c’est avec une grande douleur que j’apprends les nouvelles qui nous parviennent de Terre Sainte, en particulier la mort de dix Palestiniens, dont une femme, tués lors d’actions militaires israéliennes antiterroristes en Palestine; et ce qui s’est passé près de Jérusalem vendredi soir, lorsque sept juifs israéliens ont été tués par un Palestinien et trois ont été blessés à la sortie de la synagogue. La spirale de la mort qui s'accélère de jour en jour ne fait qu’assombrir les quelques lueurs de confiance qu’il y a entre les deux peuples. Depuis le début de l’année, des dizaines de Palestiniens ont été tués lors d’échanges de tirs avec l’armée israélienne. J'en appelle aux deux gouvernements et à la communauté internationale pour qu'ils trouvent, immédiatement et sans délai, d'autres voies, qui comprennent le dialogue et la recherche sincère de la paix. Prions pour cela, frères et sœurs!

Je renouvelle également mon appel pour la gravité de la situation humanitaire dans le couloir de Lachin, dans le Caucase du Sud. Je suis proche de tous ceux qui, en plein hiver, sont obligés de faire face à ces conditions inhumaines. Tous les efforts doivent être déployés au niveau international pour trouver des solutions pacifiques pour le bien de la population.

C'est aujourd'hui la 70e Journée mondiale des malades de la lèpre. Malheureusement, la stigmatisation liée à cette maladie continue de provoquer de graves violations des droits de l’homme dans différentes parties du monde; j’exprime ma -proximité à ceux qui en souffrent et j’encourage l’engagement en faveur de la pleine intégration de nos frères et sœurs.

Je vous adresse mon salut à tous, qui venez d’Italie et d’autres pays.

Et maintenant, avec une grande affection, je salue les garçons et les filles de l'Action catholique du diocèse de Rome! Vous êtes venus avec la «Caravane de la Paix». Je vous remercie pour cette initiative, d’autant plus précieuse cette année que, en pensant à l’Ukraine martyrisée, notre engagement et notre prière pour la paix doivent être encore plus forts. Pensons à l’Ukraine et prions pour le peuple ukrainien, si maltraité. Ecoutons à présent le message que vos amis, à mes côtés, vont nous lire. [Deux enfants lisent un message]

Chers frères et sœurs, après-demain, je partirai pour un voyage apostolique en République démocratique du Congo et en République du Soudan du Sud. Tout en remerciant les autorités civiles et les évêques locaux pour leurs invitations et pour la préparation de ces visites, je salue avec affection ces chers peuples qui m'attendent.

Ces terres, situées au centre du grand continent africain, sont éprouvées par de longs conflits: la République démocratique du Congo souffre, surtout dans l'Est du pays, en raison d'affrontements armés et de l’exploitation; le Soudan du Sud, déchiré par des années de guerre, a hâte que cessent les violences continuelles qui obligent beaucoup de personnes à vivre déplacées et dans des conditions de grande détresse. J’irai au Soudan du Sud avec l'archevêque de Canterbury et le modérateur de l'assemblée générale de l'Eglise d'Ecosse: nous vivrons ainsi ensemble, en frères, un pèlerinage œcuménique de paix, pour invoquer de Dieu et des hommes la fin des hostilités et la réconciliation.

Je demande à chacun, s'il vous plaît, d'accompagner ce voyage par la prière.

Je souhaite à tous un bon dimanche. Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir.