Audience générale du 25 janvier
Le Pape poursuit ses réflexions sur le zèle apostolique et indique Jésus comme maître de l’annonce

Le dernier mot n’est pas
le péché mais la main tendue de Jésus

 Le dernier mot n’est pas le péché mais la main tendue de Jésus  FRA-004
26 janvier 2023

Chers frères et sœurs, bonjour!

Mercredi dernier nous avons réfléchi sur Jésus modèle de l’annonce, sur son cœur de pasteur toujours tendu vers les autres. Aujourd’hui, nous le regardons comme maître de l’annonce. Laissons-nous guider par l’épisode où Il prêche dans la synagogue de son village, Nazareth. Jésus lit un passage du prophète Isaïe (cf. 61, 1-2) et surprend ensuite tout le monde avec une «prédication» très courte, d’une seule phrase, une seule phrase. Et il dit: «Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre» (Lc 4, 21). Voilà la prédication de Jésus: «Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre». Cela signifie que pour Jésus, ce passage prophétique contient l’essentiel de ce qu’il veut dire de lui-même. Donc, chaque fois que nous parlons de Jésus, nous devons retrouver cette première annonce de sa part. Voyons alors en quoi consiste cette première annonce. Cinq éléments essentiels peuvent être identifiés.

Le premier élément est la joie. Jésus proclame: «L’Esprit du Seigneur est sur moi; [...] il m’a envoyé porter la joyeuse nouvelle aux pauvres» (v. 18), c’est-à-dire une annonce de bonheur, de joie. La joyeuse nouvelle: on ne peut pas parler de Jésus sans joie, car la foi est une merveilleuse histoire d’amour à partager. Témoigner de Jésus, faire quelque chose pour les autres en son nom, c’est dire entre les lignes de sa vie d’avoir reçu un don si beau que nulle parole ne peut l’exprimer. Au contraire, quand manque la joie, l’Evangile ne passe pas, parce qu’il est — la parole elle-même le dit — une bonne annonce, et Evangile veut dire bonne annonce, annonce de joie. Un chrétien triste peut parler de belles choses mais tout cela est vain si l’annonce qu’il transmet n’est pas -joyeuse. Un penseur disait: «Un chrétien triste est un triste chrétien»: n’oublions pas cela.

Venons-en au deuxième aspect: la libération. Jésus dit qu’il a été envoyé «pour proclamer aux prisonniers la libération» (ibid.). Cela signifie que celui qui annonce Dieu ne peut pas faire de prosélytisme, non, ne peut pas faire pression sur les autres, mais les soulager: ne pas imposer de fardeaux, mais les décharger; apporter la paix, ne pas apporter la culpabilité. Bien sûr, suivre Jésus implique une ascèse, comporte des sacrifices; après tout, si toute bonne chose l’exige, encore plus la réalité décisive de la vie! Toutefois, celui qui témoigne du Christ montre la beauté de l’objectif, plutôt que la fatigue du chemin. Il nous sera déjà arrivé de raconter à quelqu’un un beau voyage que nous avons fait. Par exemple, nous aurons parlé de la beauté des lieux, de ce que nous avons vu et vécu, pas du temps pour s’y rendre et des files d’attente à l’aéroport, non! Ainsi, toute annonce digne du Rédempteur doit communiquer la libération. Comme celle de Jésus. Aujourd’hui, il y a la joie, parce que je suis venu libérer.

Troisième aspect: la lumière. Jésus dit qu’il est venu apporter «la vue aux aveugles» (ibid.). Il est frappant de constater que dans toute la Bible, avant le Christ, jamais la guérison d’un aveugle n’apparaît, jamais. Il s’agissait en effet d’un signe promis qui viendrait avec le Messie. Mais ici, il ne s’agit pas seulement de la vue physique, mais d’une lumière qui fait voir la vie d’une manière nouvelle. Il y a un «retour à la lumière», une renaissance qui ne se produit qu’avec Jésus. Si nous y réfléchissons, c’est ainsi que la vie chrétienne a commencé pour nous: avec le baptême, qui jadis était appelé précisément «illumination». Et quelle lumière Jésus nous apporte-t-il? Il nous apporte la lumière de la filiation: Il est le Fils bien-aimé du Père, vivant pour toujours; et avec Lui, nous sommes aussi des enfants de Dieu, aimés pour toujours, malgré nos fautes et nos défauts. Alors la vie n’est plus une avancée aveugle vers le néant, non: elle n’est pas une question de chance ou de destin, elle n’est pas quelque chose qui dépend du hasard ou des étoiles, ni même de la santé ou des finances, non. La vie dépend de l’amour, de l’amour du Père, qui prend soin de nous, ses enfants bien-aimés. Comme il est beau de partager cette lumière avec les autres! Avez-vous pensé que la vie de chacun de nous — ma vie, ta vie, notre vie — est un geste d’amour? Est une invitation à l’amour? C’est merveilleux! Mais souvent, nous oublions cela, face aux difficultés, face aux mauvaises nouvelles, et aussi face — et cela est triste — à la mondanité, à la façon mondaine de vivre.

Quatrième aspect de l’annonce: la guérison. Jésus dit être venu «libérer les opprimés» (ibid.). Les opprimés sont ceux qui se sentent écrasés dans la vie par quelque chose qui arrive: les maladies, les difficultés, les fardeaux du cœur, la culpabilité, les erreurs, les vices, les péchés... Opprimés par cela: pensons par exemple aux sentiments de culpabilité. Combien d’entre nous souffrent de cela? Pensons un peu à un sentiment de culpabilité vis-à-vis de cela, de cette autre chose... Ce qui nous opprime, par-dessus tout, c’est précisément ce mal même qu’aucun médicament ou remède humain ne peut guérir: le péché. Et si quelqu’un a un sentiment de culpabilité pour quelque chose qu’il a fait; et qu’il se sent mal.. Mais la bonne nouvelle est qu’avec Jésus, ce mal ancien, le péché, qui semble invincible, n’a plus le dernier mot. Je peux pécher parce que je suis faible. Chacun de nous peut le faire, mais cela n’est pas le dernier mot. Le dernier mot est la main tendue de Jésus qui te relève du péché. Et, combien de fois fait-il cela? Une fois? Non. Deux? Non. Trois? Non. Toujours. Chaque fois que tu ne vas pas bien, le Seigneur tend toujours la main. Il suffit de s’agripper et de se laisser porter. La bonne nouvelle est qu’avec Jésus, ce mal ancien n’a plus le dernier mot: le dernier mot est la main tendue de Jésus qui te fait avancer. Jésus nous guérit toujours du péché. Et combien dois-je payer pour la guérison? Rien. Il nous guérit toujours et gratuitement. Il invite tous ceux qui sont «fatigués et opprimés» — il le dit dans l’Evangile — il invite à venir à Lui (cf. Mt 11, 28). Ainsi, accompagner quelqu’un à la rencontre de Jésus, c’est l’amener chez le médecin du cœur, qui soulage sa vie. C’est dire: «Frère, sœur, je n’ai pas de réponses à tant de tes problèmes, mais Jésus te connaît, Jésus t’aime, il peut te guérir et rasséréner ton cœur». Celui qui porte des fardeaux a besoin d’une caresse sur son passé. Tant de fois nous entendons: «Mais j’aurais besoin de guérir mon passé... J’ai besoin d’une caresse sur ce passé qui me pèse tant...». Il a besoin de pardon. Et ceux qui croient en Jésus ont précisément cela à donner aux autres: la force du pardon de Dieu, qui li-bère l’âme de toute dette. Frères, sœurs, n’oublions pas: Dieu oublie tout. Comment cela se fait-il? Oui, il oublie tous nos péchés, il ne s’en souvient pas. Dieu pardonne tout parce qu’il oublie nos péchés. Il suffit de s’approcher du Seigneur et il nous pardonne tout. Pensez à quelque chose de l’Evangile, à celui qui a commencé à parler: «Seigneur, j’ai péché!». Ce fils... Et le père lui met la main devant la bouche. «Non, cela va bien, rien...». Il ne le laisse pas finir... Et cela est beau. Jésus nous attend pour nous pardonner, pour nous guérir. Et combien? Une fois? Deux fois? Non. Toujours. «Mais -père, je fais toujours les mêmes choses...» Et lui aussi fera toujours les mêmes choses: te pardonner, t’embrasser. S’il vous plaît, ayons confiance en cela. C’est ainsi que nous aime le Seigneur. Que celui qui porte des poids et a besoin d’une caresse sur le passé, qui a besoin de pardon, qu’il sache que Jésus le fait. Et c’est cela que donne Jésus: libérer l’âme de toute dette. Dans la Bible, on parle d’une année au cours de laquelle on était libéré du fardeau des dettes: le Jubilé, l’année de grâce. Comme si c’était le dernier point de l’annonce.

Jésus dit en effet être venu «proclamer l’année de grâce du Seigneur» (Lc 4, 19). Ce n’était pas un jubilé planifié, comme ceux que nous faisons à présent, où tout est programmé et on pense à comment faire et ne pas faire... non. Mais avec le Christ, la grâce qui rend la vie nouvelle arrive toujours et émerveille toujours. Le Christ est le jubilé de tous les jours, de toute heure, il s’approche de toi pour te caresser, te pardonner. Et l’annonce de Jésus doit toujours apporter l’émerveillement de la grâce. Cet émerveillement... «Je ne peux pas y croire, j’ai été pardonné, j’ai été pardonnée». Mais notre Dieu est si grand! Car ce n’est pas nous qui faisons de grandes choses, mais c’est la grâce du Seigneur qui, également à travers nous, accomplit des choses imprévisibles. Et ce sont les surprises de Dieu. Dieu est un maître des surprises. Il nous surprend toujours, il nous attend toujours. Nous arrivons, et Lui attend. Toujours. L’Evangile s’accompagne d’un sentiment d’émerveillement et de nouveauté qui a un nom: Jésus.

Qu’il nous aide à le proclamer comme il le souhaite, en communiquant joie, libération, lumière, guérison et émerveillement. C’est ainsi que l’on communique Jésus.

Une dernière chose: cette joyeuse annonce, dont parle l’Evangile, est adressée «aux pauvres» (v. 18). Nous les oublions souvent, pourtant ce sont les destinataires explicitement mentionnés, car ils sont les bien-aimés de Dieu. Souvenons-nous d’eux, et souvenons-nous que, pour accueillir le Seigneur, chacun de nous doit se faire «pauvre intérieurement». Avec cette pauvreté qui fait dire... «Seigneur, j’ai besoin de pardon, j’ai besoin d’aide, j’ai besoin de force». Cette pauvreté que nous avons tous: se faire pauvre à l’intérieur. Il s’agit de vaincre toute prétention à l’autosuffisance pour se reconnaître comme ayant besoin de la grâce, ayant toujours besoin de Lui. Si quelqu’un me dit: Père, mais quel est le chemin le plus bref pour rencontrer Jésus? Aie besoin. Aie besoin de grâce, aie besoin de pardon, aie besoin de joie. Et il s’approchera de toi.

Le Pape a ensuite rappelé la journée de commémoration des victimes de l’Holocauste:

Après-demain, 27 janvier, est célébrée la Journée internationale de commémoration des victimes de l’Holocauste. Le souvenir de l’extermination de millions de personnes juives et d’autres confessions ne peut être oublié, ni nié. Il ne peut y avoir d’engagement constant en vue de construire ensemble la fraternité sans avoir d’abord dissipé les racines de la haine et de la violence qui ont alimenté l’horreur de l’Holocauste.

En saluant les pèlerins de langue italienne, le Pape a rappelé la guerre en Ukraine:

Que ne manque pas dans nos pensées et dans nos prières l’Ukraine martyrisée, si affligée. Ce matin, j’ai rencontré les chefs des diverses confessions religieuses présentes en Ukraine — tous unis — et ils m’ont raconté la douleur de ce peuple. N’oublions jamais, chaque jour, de prier pour la paix définitive en Ukraine.

Le Pape a ensuite adressé le salut suivant aux pèlerins francophones:

Je salue cordialement les pèlerins de langue française.

Frères et sœurs, en ce jour où nous fêtons la Conversion de saint Paul, clôture de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens sur le thème: «Apprenez à faire le bien! Recherchez le droit» (Is 1, 17), demandons la grâce d’être revêtus de la lumière du Christ, porteurs d’une joyeuse annonce à toutes les personnes qui ont besoin de libération et de guérison. Que Dieu vous bénisse!