Une religieuse qui a fait du dialogue un trait distinctif de sa mission dans les écoles en Inde

La bibliothèque
de sœur Gracy

 La bibliothèque de sœur Gracy  FRA-051
22 décembre 2022

 

Amis, voisins, camarades d’école de religion hindoue et musulmane, puis sa famille de foi chrétienne: telle a toujours été le quotidien de sœur Gracy, aujourd’hui supérieure déléguée de la congrégation des Filles de l’Eglise. Sœur Gracy Joseph Vadakara a grandi dans un contexte multireligieux et ainsi, elle a fait de son habitude au dialogue un trait distinctif de sa mission. Elle est devenue en effet promotrice de divers projets destinés aux écoles de l’Inde, où travaillent les sœurs de sa congrégation, comme une petite bibliothèque interreligieuse, et de concours adressés aux étudiants, pour réfléchir sur le thème de la diversité.

«Le dialogue interreligieux fait partie de mon adn, parce que je suis née en Inde», explique la consacrée. Son parcours intérieur et humain a été marqué, quand elle était enfant, par un épisode: la participation à une cérémonie interreligieuse, qui a semé dans son cœur le désir d’approfondir ce thème. Après l’appel à la vie con-sacrée dans une congrégation à la profonde vocation œcuménique, sœur Gracy s’est consacrée aux études, obtenant un doctorat en théologie et œcuménisme de l’université Saint-Thomas d’Aquin de Rome et un diplôme en études interreligieuses grâce à la bourse d’études Russell Berrie du Centre Jean-Paul ii pour le dialogue interreligieux. Précisément grâce à ce programme d’études — qui a pour but de former une classe dirigeante en mesure de construire des ponts entre personnes de diverses confessions — sœur Gracy a réussi à mettre à profit ses compétences et ses idées. Il n’y a pas de limites en effet à sa créativité, quand il est question d’initiatives visant à semer la beauté de la coexistence dans l’harmonie, surtout quand les destinataires sont les plus petits. Il y a trois ans, dans la région du Kerala, au sud de l’Inde, est ainsi née la première bibliothèque interreligieuse, dans l’une des écoles de la congrégation des Filles de l’Eglise. Après l’achat des livres et la mise en place matérielle de l’espace culturel, sœur Gracy s’est prodiguée pour animer des journées de formation sur les diverses religions, pour susciter l’intérêt des étudiants, mais également des enseignants. Devant la Bible, le Coran et d’autres textes sacrés, les participants au projet, de fois différentes, ont pu se confronter et découvrir de nouveaux aspects les uns des autres. Ils ont ensuite participé à un petit concours de connaissances, qui a contribué à maintenir élevée l’attention sur le séminaire de formation.

«Je crois fermement — affirme la religieuse — qu’une bibliothèque interreligieuse est un lieu de rencontre pour les étudiants qui appartiennent à n’importe quelle religion. Ensuite, les jeunes grandissent mais ils portent toujours avec eux l’esprit reçu à l’école primaire».

Dans la lignée de cette première initiative sont nés ensuite d’autres projets, comme un concours de dessin sur le thème «Unis dans la diversité» pour les étudiants, auxquels les enseignants pouvaient participer en écrivant un essai sur le même thème. A la fin de l’année académique a en outre été organisée une journée d’itinéraire interreligieux pour les enseignants, pour les conduire à la découverte des lieux sacrés des diverses traditions religieuses: le temple, l’église, la mosquée, la synagogue. Une journée surprenante qui a suscité un grand enthousiasme chez les enseignants et chez ceux qui ont ouvert les portes de leurs lieux sacrés.

Après les années difficiles de la pandémie, sœur Gracy a l’intention de répéter les séminaires sur les religions dans l’école qui accueille la bibliothèque interreligieuse, mais son engagement ne s’arrête pas là. Son rôle de supérieure déléguée auprès de la délégation des Filles de l’Eglise la pousse en effet à voyager beaucoup en Inde, pour rencontrer les nombreuses communautés de religieuses. «Certaines de nos consœurs travaillent dans les écoles du diocèse — explique sœur Gracy —. Partout où je vais, je parle de l’importance du dialogue interreligieux entre les enseignants, entre les étudiants. Nous devons être enracinés dans notre foi, où nous trouvons le salut, mais je croix également que nous devons respecter ce en quoi croient les autres». Dans les écoles, sœur Gracy insiste beaucoup sur l’importance de célébrer les fêtes religieuses, afin qu’elles deviennent une occasion de dialogue et de joie pour tous, indépendamment de la tradition d’appartenance. «En tant que chrétiens, nous devons accueillir tous, sans jamais faire de compromis sur ce que nous sommes».

Beatrice Guarrera


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