Nouvel appel lors de l’Angelus du 13 novembre

«La paix est possible Ne nous résignons pas à la guerre»

 «La paix est possible Ne nous résignons pas à la guerre»  FRA-046
17 novembre 2022

Chers frères et sœurs, bonjour,
bon dimanche!

L’Evangile d’aujourd’hui nous conduit à Jérusalem, au lieu le plus sacré: le temple. Là, autour de Jésus, certaines personnes parlent de la magnificence de cet édifice grandiose, «orné de belles pierres» (Lc 21, 5). Mais le Seigneur affirme: «De ce que vous contemplez, viendront des jours où il ne restera pas pierre sur pierre: tout sera jeté bas» (v. 6). Puis, il insiste et explique que dans l’histoire, presque tout s’écroule: il y aura, dit-il, des révolutions et des guerres, des tremblements de terre et des famines, des pestes et des persécutions (cf. vv. 9-17). Comme pour dire: il ne faut pas placer trop de confiance dans les réalités terrestres: elles passent. Ce sont des paroles sages, qui toutefois peuvent nous procurer un peu d’amertume: il y a déjà beaucoup de choses qui vont mal, pourquoi le Seigneur doit-il faire des discours si négatifs? En réalité, son intention n’est pas d’être négatif, c’est autre chose, c’est de nous donner un enseignement précieux, à savoir le moyen de sortir de toute cette précarité. Et quel est le moyen de s'en sortir? Comment sortir de cette réalité qui passe et passe et ne sera plus?

Il consiste en un mot qui nous surprend peut-être. Le Christ le dévoile dans la dernière phrase de l’Evangile, quand il dit: «C’est par votre persévérance que vous sauverez vos vies!» (v. 19). La persévérance. Qu’est-ce que cela? Ce terme indique être «très sévères»; mais sévères dans quel sens? Avec soi-même? En ne se considérant pas à la hauteur? Non. Avec les autres, en devenant rigides et inflexibles? Pas plus. Jésus demande d’être «sévères», obéissants, persévérants dans ce qui lui tient à cœur, dans ce qui compte. Parce que ce qui compte vraiment, très souvent ne coïncide pas avec ce qui suscite notre intérêt: souvent comme ces personnes au temple, nous accordons la priorité aux œuvres de nos mains, à nos succès, à nos traditions religieuses et civiles, à nos symboles sacrés et sociaux. C’est bien, mais nous leur accordons trop de priorité. Ce sont des choses importantes, mais elles passent. Au contraire, Jésus dit de se concentrer sur ce qui reste, pour éviter de consacrer sa vie à quelque chose qui sera ensuite détruit, comme ce temple, et d’oublier d’édifier ce qui ne s’écroule pas, d’édifier sur sa parole, sur l’amour, sur le bien. Etre persévérants, être sévères et résolus dans l’édification de ce qui ne passe pas.

Voilà donc ce qu’est la persévérance: c’est construire chaque jour le bien. Persévérer c'est rester constants dans le bien, surtout lorsque la réalité qui nous entoure nous incite à faire autre chose. Donnons quelques exemples: je sais que prier est important, mais moi aussi, comme tout le monde, j’ai toujours beaucoup de choses à faire, et alors, je renvoie: «Non, maintenant je suis occupé, je ne peux pas, je le ferai après». Ou encore, je vois tant de gens rusés qui profitent des situations, qui «détournent» les règles, et moi aussi je cesse de les observer, de persévérer dans la justice et la légalité: «Mais si ces gens rusés le font, moi aussi je le fais». Faites attention à cela! Ou encore: je rends service à l’Eglise, à la communauté, aux pauvres, mais je vois que tant de gens, pendant leur temps libre, ne pensent qu'à s'amuser, et alors, il me vient l’envie d’abandonner et de faire comme eux. Parce que je ne vois pas de résultats, parce que je m'ennuie ou parcque ça ne me rend pas heureux.

Persévérer, en revanche, signifie rester dans le bien. Demandons-nous: suis-je constant, ou est-ce que je vis la foi, la justice et la charité en fonction du moment: si j'en ai envie, je prie, si cela me convient, je suis correct, disponible et utile, tandis que si je ne suis pas satisfait, si personne ne me remercie, j'arrête? En somme, ma prière et mon service dépendent-ils des circonstances ou d'un cœur ancré dans le Seigneur? Si nous persévérons — nous rappelle Jésus — nous n’avons rien à craindre, même dans les épisodes tristes et pénibles de la vie, pas même le mal que nous voyons autour de nous, parce que nous restons ancrés dans le bien. Dostoïevski écrivait: «ne craignez pas le péché, aimez l’homme même dans le péché, c’est là l’image de l’amour divin, il n’y en a pas de plus grand sur la terre» (Les Frères Karamazov, ii 6, 3g). La persévérance est le reflet dans le monde de l’amour de Dieu, parce que l’amour de Dieu est fidèle et persévérant, il ne change jamais.

Que la Vierge, servante du Seigneur persévérante dans la prière, (cf. Ac 1, 12), renforce notre constance.

Le Pape a ensuite ajouté les paroles suivantes:

Chers frères et sœurs, demain sera célébré le premier anniversaire du lancement de la plate-forme d’action Laudato si’, qui promeut la conversion écologique et des styles de vie cohérents avec elle. Je remercie tous ceux qui ont adhéré à cette initiative: il s’agit d’environ six mille participants, parmi lesquelles des personnes individuelles, des familles, des associations, des entreprises, des institutions religieuses, culturelles et médicales. C’est un très bon début pour un parcours de sept ans, visant à répondre au cri de la terre et au cri des pauvres. J’encourage cette mission cruciale pour l’avenir de l’humanité, afin qu’elle puisse favoriser en tous un engagement concret pour la sauvegarde de la création.

Dans cette perspective, je désire rappeler le sommet cop27 sur le climat, qui se déroule en Egypte. Je forme le vœu que l’on accomplisse des progrès, avec courage et détermination, dans le sillage tracé par les Accords de Paris.

Restons toujours proches de nos frères et sœurs de l’Ukraine martyrisée. Proches par la prière et par la solidarité concrète. La paix est possible! Ne nous résignons pas à la guerre.

Et je vous salue tous, pèlerins d’Italie et de divers pays, familles, paroisses, associations et fidèles, en particulier la Mission grecque-catholique de Paris, les représentants de la pastorale scolaire de Limoges et Tulle avec les évêques respectifs.

Je souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!