Message pour la journée mondiale de l’alimentation

Humanité et solidarité dans les relations internationales

 Humanité et solidarité  dans  les relations internationales  FRA-046
17 novembre 2022

«Aujourd'hui, malheureusement, nous vivons dans un contexte de guerre, que nous pourrions appeler une “troisième guerre mondiale”, il faut donc “revêtir les relations internationales d'humanité et de solidarité, en poursuivant le bien commun”. C'est ce qu'a écrit le Pape François dans un message adressé au directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture ( fao ), à l’occasion de la Journée mondiale de l'alimentation, le 16 octobre dernier, date de la fondation de l'organisation. Voici une traduction de l'espagnol du document papal lu ce même jour à Rome, au siège de la fao , lors de l'ouverture des célébrations.

A Son Excellence
Monsieur Qu Dongyu
Directeur général de la fao

Excellence,

Je vous remercie de votre lettre, dans laquelle vous m'invitez à participer à la célébration de la Journée mondiale de l'alimentation 2022, année marquant le 77e anniversaire de la fondation de la fao . Cette institution a été créée pour répondre aux besoins de tant de personnes accablées par la misère et la faim dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui encore, nous vivons malheureusement dans un contexte de guerre, que nous pourrions appeler une «troisième guerre mondiale». Le monde est en guerre, et cela doit nous faire réfléchir.

Le thème de la Journée de cette année est: «Ne laisser personne en arrière. Une meilleure production, une meilleure nutrition, un meilleur environnement et une vie meilleure pour tous». Il ne sera certainement pas possible de faire face aux nombreuses crises qui frappent l'humanité si nous ne travaillons pas et ne marchons pas ensemble, sans laisser personne de côté. Pour cela, il faut avant tout que nous voyions les autres comme nos frères et sœurs, comme des membres qui font partie de notre famille humaine, et dont les souffrances et les besoins nous affectent tous, parce que «si un membre souffre, tous les autres souffrent avec lui» (cf. 1 Co 12, 26).

Les «quatre meilleurs» — meilleure production, meilleure nutrition, meilleur environnement et meilleure vie pour tous — qui constituent le thème de cette année, me permettent de mentionner l'importance du Cadre stratégique de la fao pour 2022-2031, et de souligner la nécessité que les interventions soient planifiées et programmées pour contribuer à éradiquer totalement la faim et la malnutrition, et ne soient pas simplement la réponse à des carences circonstancielles ou des appels lancés en cas d'urgence. Pour parvenir à des solutions justes et durables, il faut réaffirmer l'urgence de s'attaquer ensemble et à tous les niveaux, au problème de la pauvreté, étroitement lié à l'absence d'alimentation adéquate.

Toutefois, les objectifs qui sont proposés sont ambitieux et semblent inatteignables. Comment pouvons-nous les obtenir? Tout d'abord, en gardant à l'esprit que l'axe de toute stratégie sont les personnes, avec des histoires et des visages concrets, qui habitent dans un endroit donné; ce ne sont pas des nombres, des données ou des statistiques sans fin. En introduisant également «la catégorie de l'amour» dans le langage de la coopération inte rnationale, pour revêtir les relations internationales d'humanité et de solidarité, en poursuivant le bien commun. Nous sommes donc appelés à réorienter notre regard vers l'essentiel, vers ce qui nous a été donné gratuitement, en focalisant notre travail sur le soin des autres et de la création (cf. Lettre enc. Laudato si’, n. 216 ss.).

Monsieur le directeur général, je renouvelle une fois de plus l'engagement du Saint-Siège et de l'Eglise catholique à marcher aux côtés de la fao et d'autres organisations intergouvernementales qui œuvrent en faveur des pauvres, en mettant en avant la fraternité, la concorde et la collaboration mutuelle, pour découvrir des horizons qui apportent au monde un bénéfice authentique, non seulement pour aujourd’hui, mais aussi pour les générations à venir. J'élève ma prière à Dieu tout-puissant en demandant cette intention, sachant que toute créature reçoit de sa main la subsistance, et qu'elle bénit copieusement ceux qui rompent le pain avec les affamés.