Discours aux participants au congrès de la Grégorienne sur éducation des migrants et des réfugiés

L’enseignement crée des espaces privilégiés de rencontre et d’intégration

 L’enseignement  crée des espaces privilégiés de rencontre et  d’intégration   FRA-040
06 octobre 2022

«L'école et l'université sont des espaces privilégiés non seulement d'enseignement, mais aussi de rencontre et d'intégration». C’est ce qu’a souligné le Pape François en recevant le jeudi 29 septembre, dans la salle Clémentine, les participants à la conférence internationale sur les réfugiés et les migrants, qui s’est déroulée du 26 au 28 septembre à l’initiative de la faculté des sciences sociales de l’université pontificale grégorienne, en collaboration avec le Refugee & Migrant Education Network (Rme) et la fondation Being the Blessing. Nous publions ci-dessous le discours du Pape:

Chers frères et sœurs, bienvenus!

Je vous accueille au terme du congrès sur les «Initiatives dans l'éducation des réfugiés et des migrants». Je remercie le professeur Cernera pour les paroles avec lesquelles il a introduit cette rencontre.

Lors de votre congrès, vous avez mis en place une réflexion enracinée dans les besoins de nos frères et sœurs migrants, en particulier ceux des plus petits et des jeunes. Vous avez écouté leur désir d'aller à l'école et de poursuivre leurs études, même s'ils sont déracinés de leurs terres. Je vous félicite. Et je voudrais souligner l’importance de votre contribution dans trois domaines qui sont de votre compétence: celui de la recherche, celui de l’enseignement et celui de la promotion sociale. Parce qu’il ne suffit pas d’accueillir les migrants, les migrants doivent être accueillis, accompagnés, promus et intégrés. Quatre étapes: accueillis, accompagnés, promus et intégrés.

En ce qui concerne la recherche, je pense qu'il est opportun de poursuivre les études sur ce que l'on appelle le «droit de ne pas émigrer». Il est important de réfléchir aux causes des flux migratoires et aux formes de violence qui poussent à partir vers d'autres pays. Je me réfère bien sûr aux conflits qui ravagent de nombreuses régions du monde. Mais je voudrais aussi souligner un autre type de violence, qui est l’abus de notre maison commune. La planète est affaiblie par la surexploitation de ses ressources et minée par des décennies de pollution. De ce fait, de plus en plus de personnes sont contraintes de quitter leurs terres, devenues inhabitables. Le monde académique — en particulier le monde catholique — est appelé à exercer un rôle de premier plan pour fournir des réponses aux défis écologiques. Sur la base de données scientifiques, vous pouvez contribuer à éclairer et orienter les choix des gouvernants vers une sauvegarde efficace de la maison commune.

En ce qui concerne le domaine de l’enseignement, je tiens à vous remercier pour votre engagement dans la mise en œuvre de programmes visant à favoriser l’éducation des réfugiés. -Beaucoup a été fait, mais il reste encore beaucoup à faire. A cet égard, il sera important de continuer à accorder la priorité aux plus vulnérables. L'offre de cours répondant à leurs besoins, l'organisation de parcours éducatifs à distance et l'attribution de bourses d'études permettant leur relocalisation peuvent être efficaces dans ce sens. Grâce au réseau académique international, les universités peuvent également faciliter la reconnaissance des diplômes et des compétences professionnelles des migrants et des réfugiés, au bénéfice tant de ces derniers que des sociétés qui les accueillent.

L'école et l'université sont des espaces privilégiés non seulement d'enseignement, mais aussi de rencontre et d'intégration. «Nous pouvons mûrir en humanité et construire ensemble un plus grand “nous”. Dans la disponibilité mutuelle, des espaces sont créés pour une comparaison fructueuse entre différentes visions et traditions, qui ouvrent l’esprit à de nouvelles perspectives. (Message pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié 2022). Afin de répondre de manière adéquate aux nouveaux défis migratoires, il est nécessaire de former de manière spécifique et professionnelle les agents et les enseignants qui travaillent avec les migrants et les réfugiés. Les universités catholiques sont appelées à éduquer leurs étudiants, qui seront demain administrateurs, entrepreneurs et artisans de culture, à une lecture attentive du phénomène migratoire, dans une perspective de justice et de coresponsabilité mondiale et de communion dans la diversité. Il convient de promouvoir des rencontres significatives avec les protagonistes, afin que les enseignants et les étudiants aient la possibilité de connaître les histoires d’hommes et de femmes migrants, réfugiés, déplacés ou victimes de la traite.

Le domaine de la promotion sociale voit l'université comme une institution qui interagit avec le contexte social dans lequel elle opère. Elle peut contribuer à identifier et indiquer les bases d'une société interculturelle, où les diversités ethniques, linguistiques et religieuses sont considérées comme une richesse et non comme un obstacle pour l'avenir commun. En outre, les universités sont un cadre privilégié pour promouvoir auprès des jeunes le bénévolat en faveur des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants les plus vulnérables.

A l'occasion de la Journée mondiale du migrant et du réfugié, qui a été célébrée dimanche dernier, j'ai invité chacun à s'engager dans la construction de l'avenir avec les migrants. En effet, «l’histoire nous enseigne que la contribution des migrants et des réfugiés a été fondamentale pour la croissance sociale et économique de nos sociétés. Et c’est encore le cas aujourd’hui. Leur travail, leur capacité de sacrifice, leur jeunesse et leur enthousiasme enrichissent les communautés qui les accueillent. Mais cette contribution pourrait être bien plus importante si elle était valorisée et soutenue par des programmes ciblés. Il s’agit d’un potentiel énorme, prêt à s’exprimer, si seulement on lui en donne la possibilité» (ibid.).

Chers amis, l'œuvre que vous menez dans ces grands domaines — recherche, enseignement et promotion sociale — trouve ses coordonnées dans les quatre verbes qui synthétisent l'engagement de l'Eglise auprès des migrants et des réfugiés: accueillir, protéger ou accompagner, promouvoir et intégrer. Toutes les institutions éducatives sont appelées à être des lieux d'accueil, de protection ou d'accompagnement, de promotion et d'intégration pour tous, sans exclure personne.

Je vous remercie pour vos efforts et je vous souhaite de les poursuivre avec succès. Je bénis de tout cœur chacun de vous et vos collaborateurs. Et je vous demande s’il vous plaît de prier pour moi. Merci.