Intervention de S.Exc. Mgr Paul Richard Gallagher à la conférence de l’aiea

Un monde sans armes nucléaires

  Un monde sans armes nucléaires   FRA-039
29 septembre 2022

«Un monde sans armes nucléaires est nécessaire et possible» et le Saint-Siège n'a aucun doute sur ce point. Au milieu des terribles conflits et troubles «dont nous sommes témoins dans de nombreuses régions du monde, et face à l'escalade continue de la guerre en Ukraine, avec des mots et des actions qui risquent de laisser moins de place aux solutions diplomatiques, nous ne devons jamais abandonner la recherche du dialogue». C'est ce qu'a déclaré le 26 septembre à Vienne, Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations du Saint-Siège avec les Etats et les organisations internationales, à l'occasion des travaux de la 66e conférence générale de l' aiea , l'Agence internationale de l'énergie atomique, qui se tient du 26 au 30 septembre.

En cette période de grande incertitude, «alors que le monde semble être à la croisée des chemins et que la menace de l'utilisation des armes nucléaires est revenue nous hanter», a poursuivi Mgr Gallagher, «le Saint-Siège lance un appel à tous les pays pour qu'ils fassent taire toutes les armes et éliminent les causes des conflits en recourant inlassablement au dialogue et à la négociation». Dans son discours d'ouverture, le secrétaire pour les relations avec les Etats a exprimé la gratitude du Saint-Siège à l’égard du directeur général de l'agence, M. Rafael Mariano Grossi, pour ses «efforts inlassables» afin de «contribuer à assurer la sécurité des installations nucléaires en Ukraine» et à prévenir ce que le Pape François a récemment appelé «une catastrophe nucléaire».

Il a poursuivi en réitérant que «le Saint-Siège fait appel à tous les pays pour promouvoir, par un engagement collectif et conjoint, une culture de soins qui place la vie et la dignité humaines au centre». Comme le Pape François nous a prévenus au début de l'année: «Ceux qui font la guerre oublient l'humanité!». Citant ensuite le message vidéo du Pape au High-Level Virtual Climate Ambition Summit du 12 décembre 2020, Mgr Gallagher a rappelé que les armes nucléaires sont «au service d'une mentalité de la peur qui affecte non seulement les parties à un conflit mais l'ensemble de la race humaine». C'est pourquoi «les relations internationales ne peuvent être prisonnières de la force militaire, de l'intimidation mutuelle et de l'exposition de stocks d'armes». Toutes les armes de destruction massive «ne créent rien d'autre qu'un faux sentiment de sécurité. Elles ne peuvent constituer la base d'une coexistence pacifique entre les membres de la famille humaine, qui doit plutôt s'inspirer d'une éthique de la solidarité».

Après avoir rappelé que le Saint-Siège a signé et ratifié le Traité sur l'interdiction des armes nucléaires, «dans le but d'aller au-delà de la dissuasion nucléaire vers un monde totalement libéré des armes nucléaires, affirmant que les armes nucléaires sont des armes de destruction massive et de l'environnement», le représentant du Saint-Siège a exhorté à ne pas perdre espoir «face aux progrès très lents réalisés par l'agenda du désarmement, en particulier en matière de désarmement nucléaire». Au contraire, «nous devons avancer avec persévérance et détermination dans nos efforts communs pour parvenir à l'élimination des armes nucléaires». Et «mettre tout en œuvre pour éviter le démantèlement de l'architecture internationale de contrôle des armements, en particulier dans le domaine des armes de destruction de masse».

Le monde, a ajouté Mgr Gallagher, «doit trouver un moyen d'éviter le déchainement du pouvoir destructeur des armes nucléaires», tout en permettant à «tous les peuples de partager les grands avantages découlant des utilisations pacifiques de la technologie nucléaire — en matière de santé, de production alimentaire et dans de nombreux autres domaines». Le Saint-Siège «reconnaît l'importante contribution de l' aiea à l’établissement d'un monde libéré des armes nucléaires». Le secrétaire pour les relations avec les Etats à rappelé comment «les accords de garanties généralisées conclus entre l' aiea et près de 180 pays, dont beaucoup mettent également en œuvre des protocoles additionnels, contribuent à garantir que ces pays ne travaillent pas à des programmes clandestins d'armement nucléaire».

Le Saint-Siège salue «les efforts continus et patients de la communauté internationale pour relancer les négociations sur le programme nucléaire de la République populaire de Corée du Nord, qui menace l'intégrité du régime de non-prolifération». Il ne peut y avoir, a prévenu Mgr Gallagher, «une solution militaire à ces problèmes». C'est pourquoi «le système unique de garanties de l' aiea est un outil important pour atteindre l'objectif d'un monde sans armes nucléaires».

L'archevêque a conclu en soulignant que le Saint-Siège appréciait les efforts déployés par l'Agence pour promouvoir «l'utilisation sûre et pacifique de la technologie nucléaire» et aider «les pays en développement à avoir recours à la technologie nucléaire pour soigner le cancer, produire davantage de nourriture et gérer les ressources hydriques limitées». Ainsi, l 'aiea «joue un rôle unique dans la promotion du développement intégral, en améliorant notre gestion de la création de Dieu». Face aux urgences liées au changement climatique et à la pandémie de Covid, M. Gallagher estime que «le soutien de l 'aiea aux pays qui utilisent la science et la technologie nucléaires pour surveiller la pollution environnementale» est également appréciable. L'assistance des experts de l'Agence «aide le monde à s'adapter aux nouvelles réalités climatiques, notamment aux pénuries de nourriture et d'eau et à la perte d'écosystèmes». Enfin, «le Saint-Siège apprécie particulièrement le travail de l'Agence pour permettre aux pays à revenu faible ou intermédiaire d'élaborer des stratégies globales de contrôle contre le cancer et de veiller à ce que, à terme, tous les patients aient accès à la radiothérapie et à la médecine nucléaire».

Alessandro di Bussolo