Ce texte de l'Evangile de Luc (que le contexte éclaire, il est utile de lire l'ensemble du chapitre) commence par une demande: «Augmente en nous la foi!». La réponse peut nous paraître rude ou décalée. Une des tentations qu’a traversées Jésus est d’utiliser la foi au service de l'impatience: «Ordonne que ces pierres deviennent du pain!». C'est l'invective sur la croix: «Il en a sauvé d'autres qu'il se sauve lui-même!». Mais lui a seulement poussé un cri semblable à celui d’Habacuc et s'est tenu fidèle en ce lieu d'impuissance. Le travail de la foi ne peut être asservi à notre désir d'immédiateté et c'est au cœur des questions légitimes où le scandale du mal nous laisse révoltés, que nous sommes appelés à convertir notre exigence insolente en attente fidèle et patiente.
La suite est aussi déroutante. Quel rapport avec la demande des apôtres? Un peu de mémoire peut nous éclairer. Au chapitre 12 verset 37 de Luc, que nous avons entendu au 19e dimanche du temps ordinaire, le Seigneur dit: «Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis: il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour». Ce qu'aucun d'entre nous ne ferait, lui donc l'a fait. Se dire que nous sommes des serviteurs quelconques n'a de sens que dans la relation amoureuse à ce maître qui a pris la tenue de service. C'est seulement dans une relation, pour mettre ses pas dans ceux du maître, qu'une telle invitation est chemin de vie, «car ce n'est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d'amour et de raison» (2e lecture).
Revenons donc inlassablement avec obstination au lieu de notre attente. Il y a deux moments essentiels dans notre vie: «maintenant et l'heure de notre mort». Cela peut nous rappeler quelque chose. C’est là que Dieu nous attend. N'espérons pas le rencontrer ailleurs. Habiter le présent éclairé par la perspective de la mort, c'est l’œuvre de la foi.
* Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Seule la foi rend libre
Seule la foi rend humaine notre Cité et la fait renaître;
seule la foi me libère des peurs de l’existence et de l’être;
la foi m’ouvre un demain, à vivre après la mort, une autre vie;
la foi m’offre, malgré mon âge, d’être un esprit jeune et ravi.
La foi, la Cité et moi
La foi m’a fait exister, voir le chaos de notre Cité,
et enfin accoucher mon vrai je. La foi, une attitude
de vie, elle conduit mes jours, leur donne un sens, une plénitude.
La foi est un don de Dieu, m’élève à la félicité.
Frank Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 2 octobre,
xxviie du temps ordinaire
Première lecture: Ab 1, 2-3; 2, 2-4
Psaume: 94
Deuxième lecture: 2 Tm 1, 6-8. 13-14
Evangile: Lc 17, 5-10
Bruno Lachnitt