A trente jours de la mort du préfet de Propaganda fide de 1985 à 2001

Le cardinal Tomko et la nature missionnaire de l’Eglise

 Le cardinal Tomko et la nature missionnaire de l’Eglise  FRA-037
15 septembre 2022

Né le 11 mars 1924 à Košice, dans ce qui était alors la Tchécoslovaquie, le cardinal Jozef Tomko a été ordonné prêtre le 12 mars 1949. Il a ensuite été ordonné archevêque titulaire de Doclea le 15 septembre 1979 et créé cardinal lors du consistoire du 25 mai 1985. Il est décédé à Rome le 8 août 2022, et ses funérailles ont été présidées le 11 août par le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du Collège cardinalice, à l’autel de la Chaire de la basilique Saint-Pierre. Le Pape François était également présent à cette occasion et a présidé le rite de l’Ultima Commendatio et du Valedictio. La dépouille mortelle du cardinal repose désormais dans la cathédrale de l’archidiocèse de Košice, en Slovaquie.

Dans son homélie, le cardinal Re a fait l’éloge de la solidité de la foi, du vif sensus Ecclesiae, de la spiritualité authentique et du zèle missionnaire du cardinal Tomko qui, au cours de son long et intense ministère, a servi l’Eglise universelle dans diverses fonctions. En particulier, de 1985 à 2001, il a été préfet du dicastère missionnaire, qui s’appelait alors Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Sa compréhension claire de la nature missionnaire de l’Eglise a fortement influencé l’accomplissement de sa tâche en tant que préfet pendant 16 ans.

Le Concile Vatican ii a marqué un tournant décisif dans l’histoire de l’Eglise. Le décret sur l’activité missionnaire Ad Gentes du 7 décembre 1965 a explicité l’enseignement de l’Eglise sur les missions. La dimension missionnaire est considérée comme une caractéristique importante de l’enseignement ecclésiologique du Concile.

L’exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi du 8 décembre 1975 est devenue ensuite le document fondamental de l’enseignement de l’Eglise sur les missions dans les temps modernes, présentant Jésus Christ, Rédempteur de l’humanité, comme le premier et le plus grand évangélisateur. En outre, l’évangélisation a été présentée comme une grâce et une vocation propres à l’Eglise, comme son identité la plus profonde. La lettre encyclique Redemptoris missio du 7 décembre 1990 est venue prolonger cet enseignement. L’exhortation apostolique Evangelii gaudium du 24 novembre 2013 exhorte tous les baptisés à être des «disciples missionnaires».

Dans son rôle de préfet, le cardinal Tomko a été particulièrement conscient de la nature missionnaire de l’Eglise. Tenant dûment compte de la responsabilité de la Congrégation de promouvoir et de coordonner les activités missionnaires dans le monde entier, il a voulu identifier les caractéristiques missionnaires de chaque continent.

Dans son livre La mission vers le Troisième millénaire, publié en 1998, il détaille les caractéristiques missionnaires de chaque continent. Il reconnaît la nécessité d’une nouvelle évangélisation sur le continent européen, où des siècles plus tôt, les monastères étaient devenus des centres de prière et de spiritualité, contribuant ainsi à la diffusion de la foi chrétienne.

Compte-tenu de la diffusion rapide de la foi chrétienne sur le continent américain et en particulier en Amérique latine, le cardinal Tomko a vu une claire espérance pour la mission ad gentes.

C’est l’expérience du salut en Christ qui a poussé les missionnaires, hommes et femmes, à se rendre en Afrique avec un zèle apostolique. En ce qui concerne la mission sur le continent africain, la reconnaissance et l’appréciation des valeurs qui prévalent dans la société africaine sont une condition sine qua non pour l’action missionnaire de l’Eglise et pour sa croissance progressive sur cette terre.

L’Asie étant le continent le plus vaste et le plus diversifié du monde et abritant près des deux tiers de la population mondiale, la mission n’est qu’à ses débuts. La caractéristique la plus frappante du continent est la variété de ses peuples, qui sont les héritiers de cultures, de religions et de traditions anciennes. L’Asie est une région de l’humanité riche en cultures et en religions organisées, mais où plus de 85 % de la population n’est pas baptisée. L’Asie est un continent de mission par excellence. C’est à ce continent que l’Eglise tout entière a dû consacrer plus d’attention, coordonnant avec patience les activités missionnaires. Le cardinal Tomko considérait la rencontre du christianisme avec les cultures anciennes et les religions locales comme faisant partie de la mission de l’Eglise. Le dialogue interreligieux devient une nécessité et un devoir dans une société multireligieuse. Les systèmes religieux tels que le bouddhisme et l’hindouisme ont un caractère clairement sotériologique.

En ce qui concerne les peuples d’Océanie, les traits distinctifs des missions catholiques sont assez complexes, compte-tenu des nombreuses îles distantes les unes des autres, avec leurs langues et leurs cultures propres. Le transport et la communication avec ces îles constituent également un grand défi. Les catéchistes contribuent généreusement aux activités missionnaires dans ces contrées lointaines. L’étude des religions traditionnelles des peuples autochtones est essentielle pour la proclamation de l’Evangile dans un contexte multiculturel comme celui de l’Océanie.

La deuxième section du dicastère pour l’évangélisation, responsable de la première évangélisation et des nouvelles Eglises particulières, ainsi que les Œuvres pontificales missionnaires et les autres institutions sous sa direction, tout en remerciant le Seigneur pour le service dévoué du cardinal Tomko, offre des prières pour le repos éternel de son âme.

Camillus Johnpillai