Les liens d’amitié et de collaboration avec «L’Osservatore Romano»

La mort de Mikhaïl Gorbatchev

 La mort de Mikhaïl Gorbatchev  FRA-036
06 septembre 2022

C'est la sainteté de Giorgio La Pira, fascinante même pour les Soviétiques au plus fort de la «guerre froide», qui a déclenché le lien d'amitié et de collaboration entre Mikhaïl Gorbatchev et «L'Osservatore Romano». En tant que dirigeant de l'Union soviétique, et ensuite dans son bureau de sa Fondation, Gorbatchev avait également dans son «paquet» personnel de journaux internationaux «le journal du Pape». Car, explique Vadim Zagladin, son proche conseiller politique pour les relations avec l'Occident mais aussi ami de longue date, c’est précisément «La Pira qui a enseigné que pour comprendre où se dirige le bateau de Pierre, il faut lire son journal de bord». Même si vous ne comprenez pas la langue, «les photos et la mise en page suffisent», rapporte Vadim Zagladin.

Il n'est donc pas surprenant que dans l'édition des 3 et 4 novembre 1997, «L'Osservatore Romano» ai publié en première page une interview «surprenante» de Gorbatchev, réalisée à Moscou. A l'occasion du 20e anniversaire de la mort de La Pira. Anniversaire de deuxième plan? Abolument pas, selon Gorbatchev et «L'Osservatore».

Le titre dit «déjà tout»: «C'est précisément La Pira qui a déclenché des processus remarquables qui ont ensuite préparé l'effondrement des murs». Venant de lui, cela est important.

«Nous, en Union soviétique, avons connu La Pira de manière malheureusement insuffisante», a répondu Gorbatchev à l'envoyé de «L'Osservatore», parlant également de la «tradition humaniste florentine» et du «désarmement nucléaire». Et «tout d'abord, nous l'avons connu comme un grand “partisan de la paix”. «Malheureusement, à cette époque, nous connaissions peu son œuvre, qui avait une portée et une signification plus larges, car les préjugés idéologiques ont terni notre regard sur la profondeur de la pensée de La Pira». Et plus encore: «La Pira a dit “abattre les murs et construire des ponts”. Il est dommage qu'il n'ait pas vécu pour voir le démantèlement effectif du “mur”». Il est en effet mort en 1977.

Une interview sans langue de bois, sans détour: pour Gorbatchev, l'un des enseignements les plus importants de La Pira «est que nous devons mettre fin à la division et à l'aliénation entre l'Est et l'Ouest, tout d'abord en Europe. La Pira a contribué personnellement à surmonter cette division, par son action pratique constituée par ses mémorables voyages à Moscou, ses lettres à Khrouchtchev et à d'autres dirigeants de l'Union soviétique, et ses invitations toujours adressées aux représentants soviétiques qui venaient aux rencontres florentines».

Et c'est au nom de La Pira, précisément, que Gorbatchev a toujours accepté volontiers les propositions de «L'Osservatore», d'écrire des récits véritablement historiques: le dernier en date à l'occasion du numéro spécial pour le centenaire de la naissance de Karol Wojtyła en 2020.

Cette amitié comprend une autre histoire exclusive rapportée par le «journal du Pape»: la rencontre entre Gorbatchev et l'archevêque François Xavier Nguyên Van Thuân (qui deviendra cardinal lors du consistoire du 21 février 2001), le 5 novembre 2000, le jour du jubilé des hommes politiques et de l'anniversaire de la mort de La Pira. Et précisement devant la famille La Pira à Rome, après la Messe célébrée par le Pape, ces deux hommes se sont serré la main, rapporte le journaliste de «L'Osservatore». Oui, l'archevêque vietnamien longtemps persécuté par le régime communiste et le dernier secrétaire général du parti communiste de l'Union soviétique. Tout cela est très, très actuel. (giampaolo mattei)

Giampaolo Mattei