15 août, solennité de l’Assomption

Le vrai pouvoir est le service

 Le vrai pouvoir  est le service  FRA-034
23 août 2022

Chers frères et sœurs, bonjour! Bonne fête!

Aujourd’hui, solennité de l’Assomp-tion de la Bienheureuse Vierge Marie, l’Evangile nous propose le dialogue entre elle et sa cousine Elisabeth. Lors-que Marie entre dans la maison et salue Elisabeth, celle-ci lui dit: «Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein!» (Lc 1, 42). Ces paroles, pleines de foi, de joie et d’émerveillement, sont devenues une partie du «Je vous salue Marie». Chaque fois que nous récitons cette prière très belle et familière, nous faisons comme Elisabeth: nous saluons Marie, nous la bénissons, car elle nous apporte Jésus.

Marie accueille la bénédiction d’Elisabeth et répond par un cantique, un don pour nous, pour toute l’histoire: le Magnificat. C’est un chant de louange que l’on pourrait définir comme «le cantique de l’espoir». C’est un hymne de louange et d’exultation pour les grandes choses que le Seigneur a faites en elle, mais Marie va plus loin: elle contemple l’œuvre de Dieu à travers l’histoire de son peuple. Il dit, par exemple, que le Seigneur «a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles, il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides» (vv. 52-53). En écoutant ces paroles, on pourrait se demander: la Vierge n’exagère-t-elle pas un peu, en décrivant un monde qui n’existe pas? En effet, ce qu’elle dit ne semble pas correspondre à la réalité; tandis qu’elle parle, les puissants de l’époque n’ont pas été renversés: le redoutable Hérode, par exemple, est fermement sur son trône. Et même les pauvres et les affamés le restent, tandis que les riches continuent de prospérer.

Que signifie ce cantique de Marie? Quel est son sens? Elle ne veut pas faire la chronique des temps — elle n’est pas journaliste — mais nous dire quelque chose de beaucoup plus important: que Dieu, à travers elle, a inauguré un tournant historique, a définitivement établi un nouvel ordre des choses. Elle, petite et humble, a été élevée et — nous le célébrons aujourd’hui — portée à la gloire du Ciel, tandis que les puissants du monde sont destinés à rester les mains vides. Pensez à la parabole de cet homme riche qui avait un mendiant, Lazare, devant sa porte. Comment cela s’est-il terminé? Les mains vides. Autrement dit, la Vierge annonce un changement radical, un renversement des valeurs. En s’entretenant avec Elisabeth, portant Jésus en son sein, elle anticipe ce que dira son Fils, quand il proclamera bienheureux les pauvres et les humbles et mettra en garde les riches et ceux qui comptent sur leur propre autosuffisance. La Vierge prophétise donc avec ce cantique, avec cette prière: elle prophétise que ce ne sont pas le pouvoir, le succès et l’argent qui comptent le plus, mais le service, l’humilité, l’amour. Et en la regardant dans la gloire, nous comprenons que le vrai pouvoir, est le service — ne l’oublions pas: le vrai pouvoir, est le service — et régner, signifie aimer. Et que c’est le chemin vers le Ciel.

Alors, en nous regardant, nous pouvons nous demander: ce renversement annoncé par Marie affecte-t-il ma vie? Est-ce que je crois qu’aimer c’est régner et servir c’est le pouvoir? est-ce que je crois que le but de ma vie est le Ciel, est le paradis? Ou est-ce que je ne me préoccupe que de passer du bon temps ici-bas, est-ce que je ne me préoccupe que des choses terrestres et matérielles? Et encore, en observant les événements du monde, est-ce que je me laisse aller au pessimisme ou, comme la Vierge, est-ce que je sais voir l’œuvre de Dieu qui, à travers la douceur et la petitesse, accomplit de grandes choses? Frères et sœurs, Marie aujourd’hui chante l’espérance et ravive en nous l’espérance, en elle nous voyons le but du chemin: elle est la première créature qui, de tout son être, corps et âme, franchit le but du Ciel en vainqueur. Cela nous montre que le Ceil est à portée de main. Comment cela? Oui, le Ciel est à portée de main si nous aussi nous ne cédons pas au péché, nous louons Dieu avec humilité et servons généreusement les autres. Ne pas céder au péché; mais quelqu’un peut dire: «Mais, Père, je suis faible» — «Mais le Seigneur est toujours près de toi, parce qu’il est miséricordieux». N’oubliez pas quel est le style de Dieu: proximité, compassion et tendresse; Il est toujours proche de nous avec son style. Notre Mère nous prend par la main, nous accompagne vers la gloire, nous invite à nous réjouir en pensant au paradis. Bénissons Marie par notre prière et demandons-lui un regard capable d’entrevoir le Ciel sur la terre.

A l’issue de l’Angelus, le Pape a ajouté les paroles suivantes:

Chers frères et sœurs!

Je vous salue tous, Romains et pèlerins de divers pays: familles, groupes paroissiaux, associations.

Je souhaite une bonne fête de l’Assomption à vous ici présents, à ceux qui sont en vacances, ainsi qu’à ceux qui ne peuvent s’offrir une période de détente, aux personnes seules et aux personnes malades. Ne les oublions pas! Et je pense avec gratitude ces jours-ci à ceux qui assurent des services essentiels pour la communauté. Merci pour votre travail pour nous.

Et en ce jour dédié à la Vierge, j’exhorte ceux qui ont l’occasion de visiter un sanctuaire marial à vénérer notre Mère du Ciel. De nombreux Romains et pèlerins se rendent à Sainte-Marie-Majeure pour prier devant la Salus Populi Romani. Il y a aussi la statue de la Vierge Reine de la Paix, placée par le Pape Benoît xv. Continuons à invoquer l’intercession de Notre-Dame pour que Dieu donne la paix au monde, et prions en particulier pour le peuple ukrainien.

Bonne fête à tous! N’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!