Angelus du 29 juin

Des voies de dialogue pour mettre fin à la folle guerre en Ukraine

 Des voies de dialogue pour mettre fin à la folle guerre en Ukraine  FRA-027
05 juillet 2022

Chers frères et sœurs!

L’Evangile de la Liturgie d’aujourd’hui, solennité des saints patrons de Rome, rapporte les paroles que Pierre adresse à Jésus: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant» (Mt 16, 16). C’est une profession de foi, que Pierre prononce non pas sur la base de son intelligence humaine, mais parce que Dieu le Père l’a inspirée (cf. v. 17). Pour le pêcheur Simon, dit Pierre, ce fut le début d’un chemin: en effet, il faudra beaucoup de temps avant que la signification de ces paroles entre dans sa vie, l’impliquant entièrement. Il y a un «apprentissage» de la foi, qui a concerné également les apôtres Pierre et Paul, semblable à celui de chacun de nous. Nous croyons nous aussi que Jésus est le Messie, le Fils du Dieu vivant, mais il faut du temps, de la patience et beaucoup d’humilité pour que notre façon de penser et d’agir adhère pleinement à l’Evangile.

L’apôtre Pierre en a immédiatement fait l’expérience. Précisément après avoir déclaré sa foi à Jésus, lorsqu’il annonce qu’il devra souffrir et être condamné à mort, il rejette cette perspective qu’il considère comme incompatible avec le Messie. Il se sent même obligé de faire des reproches au Maître, qui à son tour s’adresse à lui: « Passe derrière moi, Satan! tu me fais obstacle, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes!» (v. 23).

Réfléchissons-y: ne nous arrive-t-il pas la même chose? Nous répétons le Credo, nous le disons avec foi; mais face aux épreuves difficiles de la vie, il semble que tout vacille. Nous sommes amenés à protester auprès du Seigneur, en lui disant que ce n’est pas juste, qu’il doit y avoir d’autres voies, plus simples, moins fatigantes. Nous vivons le déchirement du croyant, qui croit en Jésus, lui fait confiance; mais en même temps, il sent qu’il est difficile de le suivre et il est tenté de chercher d’autres voies que celles du Maître. Saint Pierre a vécu ce drame intérieur, et il lui a fallu du temps et de la maturation. Au début, il était horrifié à l’idée de la croix; mais à la fin de sa vie, il témoigna du Seigneur avec courage, au point d’être crucifié — selon la tradition — la tête en bas, pour ne pas être l’égal du Maître.

L’apôtre Paul lui aussi a son propre parcours, lui aussi a traversé une lente maturation de la foi, zn traversant des moments d’incertitude et de doute. L’apparition du Ressuscité sur le chemin de Damas, qui en tant que persécuteur le fit devenir chrétien, doit être considérée comme le début d’un parcours au cours duquel l’Apôtre a surmonté les crises, les échecs et les tourments continus de ce qu’il appelle «écharde dans la chair» (cf. 2 Co 12, 7). Le chemin de foi n’est jamais une promenade, pour personne, ni pour Pierre, ni pour Paul, ni pour aucun chrétien. Le chemin de la foi n’est pas une promenade de santé, mais il est exigeant, parfois difficile: Paul lui aussi, devenu chrétien, a dû apprendre à l’être jusqu’au bout de manière graduelle, surtout à travers les moments d’épreuve.

A la lumière de cette expérience des saints apôtres Pierre et Paul, chacun de nous peut se demander: lorsque je professe ma foi en Jésus Christ, le Fils de Dieu, je le fais avec la conscience de devoir toujours apprendre, ou est-ce que je présume que «j’ai déjà tout compris»? Et encore: dans les difficultés et les épreuves, est-ce que je me décourage, est-ce que je me plains, ou est-ce que j’apprends à en faire une occasion de grandir dans la confiance au Seigneur? En effet — écrit Paul à Timothée — il nous libère de tout mal et nous conduit en sécurité au ciel (cf. 2 Tm 4, 18). Que la Vierge Marie, Reine des Apôtres, nous apprenne à les imiter en avançant de jour en jour sur le chemin de la foi.

Au terme de l’Angelus, le Saint-Père a ajouté les paroles suivantes:

Chers frères et sœurs! Je porte chaque jour dans mon cœur la chère et tourmentée Ukraine, qui continue d’être victimes d’attaques barbares, comme celle qui a frappé le centre commercial de Krementchouk. Je prie pour que cette folle guerre se termine bientôt, et je renouvelle mon invitation à persévérer, sans se lasser, dans la prière pour la paix: que le Seigneur ouvre ces chemins de dialogue que les hommes ne veulent pas ou ne peuvent pas trouver! Et ne négligeons pas d’aider la population ukrainienne, qui souffre tant.

Ces derniers jours, plusieurs incendies se sont déclarés à Rome, favorisés par des températures très élevées, alors que dans de nombreux lieux, la sécheresse représente désormais un problème sérieux, qui cause de graves dommages aux activités de production et à l’environnement. J’espère que les mesures nécessaires seront mises en œuvre pour faire face à ces urgences et prévenir de futures urgences. Tout cela doit nous faire réfléchir sur la protection de la création, qui est notre responsabilité, de chacun de nous. Ce n’est pas une mode, c’est une responsabilité: l’avenir de la terre est entre nos mains et avec nos décisions!

Aujourd’hui, le premier numéro de «L’Osservatore di strada», le nouveau mensuel de «L’Osservatore Romano», est distribué ici sur la place. Dans ce journal, les derniers deviennent protagonistes: en effet, des personnes pauvres et marginalisées participent au travail éditorial, écrivant, se faisant interviewer, illustrant les pages de ce mensuel offert gratuitement. Si quelqu’un veut donner quelque chose, il peut le faire volontairement, mais prenez-le librement parce que c’est un bon travail qui vient de la base, des pauvres, comme expression de ceux qui sont marginalisés.

En cette fête des saints apôtres Pierre et Paul, principaux patrons de Rome, j’exprime mes meilleurs vœux aux Romains et à tous ceux qui séjournent dans cette ville, en souhaitant que chacun y trouve un accueil adéquat et digne de sa beauté. Rome est belle!

Je renouvelle ma gratitude à la Délégation du Patriarcat œcuménique de Constantinople, envoyée par Sa Sainteté Bartholomée, mon cher frère, et je lui adresse un salut cordial et fraternel.

Je salue avec affection les pèlerins venus célébrer les archevêques métropolitains, pour lesquels j’ai béni ce matin les Pallium.

Je vous salue tous, chers pèlerins. Je souhaite à tous une bonne fête. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!