«En tant qu’Eglise, nous avons besoin de revenir à l’essentiel, de ne pas nous perdre parmi tant de choses secondaires, au risque de perdre de vue la pureté simple de l’Evangile». Telle est la recommandation du Pape François aux membres de l’association Famille spirituelle Charles de Foucauld — venus à Rome pour la canonisation du dimanche 15 mai — reçus en audience dans la matinée du 18 mai dans l’Auletta de la salle Paul vi , avant l’audience générale.
Chers frères et sœurs,
Soyez les bienvenus! Je suis heureux de vous rencontrer et de partager avec vous la joie de la canonisation du Frère Charles. En lui, nous pouvons voir un prophète de notre temps qui a su mettre en lumière l’aspect essentiel et universel de la foi.
L’essentiel, en condensant le fait de croire en deux mots simples, dans lesquelles il y a tout: «Iesus – Caritas»; et surtout en revenant à l’esprit des origines, à l’esprit de Nazareth. Je vous souhaite à vous aussi, comme le Frère Charles, de continuer à imaginer Jésus qui marche au milieu des gens, qui accomplit avec patience un travail difficile, qui vit dans le quotidien d’une famille et d’une ville. Comme le Seigneur est content de voir qu’on l’imite dans la voie de la petitesse, de l’humilité, du partage avec les pauvres! Charles de Foucauld, dans le silence de la vie érémitique, dans l’adoration et le service des frères, a écrit que «nous, nous sommes amenés à mettre au premier plan les œuvres, dont les effets sont visibles et tangibles, tandis que Dieu donne la première place à l’amour, puis au sacrifice inspiré par l’amour, et à l’obéissance dérivant de l’amour » (Lettre à Maria de Bondy, 20 mai 1915). En tant qu’Eglise, nous avons besoin de revenir à l’essentiel, de ne pas nous perdre parmi tant de choses secondaires, au risque de perdre de vue la pureté simple de l’Evangile.
Et puis l’universalité. Le nouveau Saint a vécu son identité chrétienne comme frère de tous, à commencer par les plus petits. Il n’avait pas pour objectif de convertir les autres, mais de vivre l’amour gratuit de Dieu, en réalisant «l’apostolat de la bonté». Il écrivait ainsi: «Je veux habituer tous les habitants chrétiens, musulmans, juifs et idolâtres à me considérer comme leur frère, le frère universel» (Lettre à Marie de Bondy, 7 janvier 1902). Et pour ce faire, il ouvrit les portes de sa maison, afin qu’elle soit «un port» pour tous, «le toit du bon Pasteur». Je vous remercie parce que vous continuez ce témoignage qui fait tant de bien, en particulier en un temps où l’on risque de s’enfermer dans les particularismes, d’accroître les distances et de perdre de vue son frère. Nous le voyons malheureusement dans les nouvelles de chaque jour.
Frère Charles, dans les travaux et dans la pauvreté du désert, racontait: «Mon âme est toujours dans la joie» (Lettre à l’abbé Huvelin, 1er février 1898). Chères sœurs et frères, que la Vierge vous donne de conserver et de nourrir la même joie, parce que la joie est le témoignage le plus limpide que nous puissions donner à Jésus en tout lieu et en tout temps.
Et de plus je voudrais remercier Saint Charles de Foucauld parce que sa spiritualité m’a fait beaucoup de bien quand j’étudiais la théologie, un temps de maturation mais aussi de crises. Elle m’est parvenue à travers le Père Paoli et à travers les livres de Voillaume, que je lisais sans cesse. Il m’a beaucoup aidé à vaincre les crises et à trouver un chemin de vie chrétienne plus simple, moins pélagienne, plus proche du Seigneur. Je remercie le Saint et je témoigne de cela, car il m’a fait beaucoup de bien.
Bonne mission! Je vous bénis et vous demande, s’il vous plaît, de continuer à prier pour moi. Merci!