Le Pape demande aux pharmaciens catholiques prudence et professionnalisme

Pour un système de santé à échelle humaine

 Pour un système de santé  à échelle humaine  FRA-019
10 mai 2022

«Les pharmaciens sont comme un “pont” entre les citoyens et le système de santé», surtout s'ils sont capables d'assurer des soins «à l'échelle humaine». C'est ce qu'a souligné le Pape François dans son discours à la Fédération internationale des membres catholiques de la profession, reçue en audience dans la matinée du 2 mai, à la Maison Sainte-Marthe. Nous publions ci-dessous le discours prononcé à cette occasion par le Souverain Pontife.

Chers amis, bonjour et bienvenue !

Cette audience devait se tenir au palais apostolique, mais à cause de mon genou, elle se tient ici. Je remercie votre président pour ses aimables paroles, et je suis heureux de vous rencontrer en tant que représentants du monde des pharmaciens. Vous êtes les dirigeants de la Fédération internationale des pharmaciens catholiques, mais nous savons que nos associations ecclésiales sont toujours ouvertes à tous et au service de tous, naturellement dans le respect des principes de la morale chrétienne, fondée sur la dignité de la personne humaine.

La pandémie de la Covid-19 a placé les pharmaciens, pour ainsi dire, en première ligne. Les citoyens, souvent désorientés, ont trouvé en vous un point de référence pour obtenir assistance, conseils, informations, et aussi — nous le savons bien — pour pouvoir faire rapidement les tests nécessaires à la vie et aux activités quotidiennes.

Je pense que cette situation de crise a également provoqué dans votre milieu professionnel la nécessité de «faire corps», de vous soutenir mutuellement. Et cela devrait être une incitation à vous associer. Je félicite votre Fédération parce qu’elle a su lire cette crise également comme une opportunité et elle a relancé la valeur de l’engagement associatif, typique de la tradition catholique.

Je voudrais revenir sur votre rôle social. Les pharmaciens sont comme un «pont» entre les citoyens et le système de santé. Ce dernier est très bureaucratisé, et de plus, la pandémie l’a mis à rude épreuve en ralentissant, sinon en paralysant parfois, les procédures. Cela implique, concrètement, pour ceux qui sont malades, plus de difficultés, plus de souffrances et, malheureusement, des dommages supplémentaires pour la santé. Dans ce contexte, la catégorie des pharmaciens apporte une double contribution au bien commun: elle allège le poids qui pèse sur le système de santé et soulage la tension sociale. Bien sûr, ce rôle doit être joué avec une grande prudence et un sérieux professionnel, mais, pour les gens, l’aspect de la proximité — j’insiste sur ceci: la proximité —, l’aspect du conseil, de la familiarité qui devrait être propre à une assistance sanitaire «à l'échelle humaine» est très important. Cela est vrai. Dans les quartiers, les pharmaciens sont la maison, ils sont disponibles. Il faut aller chez le médecin, mais chez le pharmacien tu y vas, tu sonnes à la porte et tu le trouves disponible: «Prends ça», c’est plus familier, plus proche.

Un autre aspect que je voudrais mentionner, qui a aussi une valeur sociale et culturelle, est la contribution que les pharmaciens peuvent apporter pour la conversion à une écologie intégrale. Nous sommes tous appelés à apprendre un style de vie plus respectueux de l’environnement dans lequel Dieu nous a placés pour vivre, de notre maison commune. Et ce mode de vie comprend également une manière saine de s’alimenter et, en général, de vivre. Je pense que là aussi, les pharmaciens peuvent «faire de la culture», en promouvant une plus grande sagesse dans la conduite d’une vie saine. En cela, la tradition millénaire qui, ici en Europe, remonte aux anciennes pharmacies des monastères peut vous inspirer. Mais aujourd’hui, grâce à Dieu, ces racines peuvent s’enrichir des connaissances et les pratiques propres à d’autres cultures, comme celles orientales, ou celles des peuples autochtones de l’ Amérique. Je dirais que vous, pharmaciens, pouvez nous aider à démasquer les supercheries d’un faux bien-être et à éduquer à un vrai «bien-vivre», qui ne soit pas un privilège de quelques-uns mais à la portée de tous. Le bien vivre, non pas dans le sens de faire la belle vie, mais de vivre en harmonie avec l’environnement, en harmonie avec l’univers, avec tous.

Chers amis, je vous souhaite tout le bien possible pour votre travail et pour votre chemin associatif. Je vous bénis de tout cœur et vous confie à l’intercession de la Vierge Marie et de votre patron San Giovanni Leonardi. Et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi.