Dialogue interreligieux et fête du Vesak

Bouddhistes et chrétiens: ensemble, résilients dans l’espérance

 Bouddhistes et chrétiens: ensemble,  résilients dans l’espérance  FRA-019
10 mai 2022

«Bouddhistes et chrétiens: ensemble, résilients dans l'espérance». Tel est le thème du message envoyé dimanche 1er mai par le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux aux bouddhistes, à l'occasion de la fête annuelle du Vesak, au cours de laquelle sont commémorés les principaux événements de la vie du Bouddha. Nous publions ci-dessous le message, signé par le cardinal-président, Miguel Angel Ayuso Guixot et le secrétaire, Mgr Indunil Janakaratne Kodithuwakku Kankanamalage.

Chers amis bouddhistes,

A l’occasion de la fête du Vesak, qui commémore la naissance, la mort et l’illumination du Bouddha, nous écrivons à vos communautés du monde entier pour leur transmettre les salutations chaleureuses du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.

Nous écrivons à un moment où l’humanité est confrontée à de multiples crises. Pour une troisième année consécutive, les populations du monde entier sont prises en otage par la crise sanitaire persistante provoquée par le covid-19. Les fréquentes catastrophes naturelles liées à la crise écologique ont exposé notre fragilité en tant que citoyens d’une Terre partagée. Les conflits continuent de faire couler le sang d’innocents et de provoquer une souffrance généralisée. Malheureusement, il y a encore ceux qui utilisent la religion pour justifier la violence. Comme le Pape François l’a observé avec tristesse, «l’humanité, qui se vante de progresser dans la science, dans la pensée, dans tant de belles choses, régresse dans la construction de la paix… Et cela nous fait honte à tous». (cf. Discours aux participants à la session plénière de la Congrégation pour les Eglises orientales, 18 février 2022).

Même si nous voyons des signes de solidarité émerger en réponse aux tragédies engendrées par ces crises, la recherche de solutions durables reste ardue. La poursuite de la richesse matérielle et l’abandon des valeurs spirituelles ont conduit à un déclin moral généralisé de la société. En tant que bouddhistes et chrétiens, notre sens religieux et moral de la responsabilité devrait nous motiver à soutenir l’humanité dans sa quête de réconciliation et de résilience. Les personnes religieuses, soutenues par leurs nobles principes, doivent s’efforcer d’être des lampes d’espérance qui, même si elles sont petites, éclairent le chemin qui mène l’humanité à triompher du vide spirituel qui cause tant de méfaits et de souffrances.

Bouddha et Jésus Christ orientent leurs adeptes vers des valeurs transcendantes, bien que de manière différente. Les nobles vérités du Bouddha expliquent l’origine et les causes de la souffrance et indiquent l’octuple chemin qui mène à la cessation de la souffrance. «C’est la cessation complète de cette “soif”, c’est la délaisser, y renoncer, s’en libérer, s’en débarrasser» (Dhammacakkappavattanasutta, 56.11). S’il est pratiqué, cet enseignement est un remède à la saisie incessante qui mène à l’avidité et aux jeux de pouvoir. L’Evangile ne suggère jamais la violence comme réponse. Les Béatitudes proclamées par Jésus nous montrent comment être résilients en donnant la priorité aux valeurs spirituelles au milieu d’un monde qui court à sa perte. «Heureux les pauvres, heureux les doux, heureux ceux qui pleurent, heureux les artisans de paix» (cf. Mt 5,1-12). Ils sont bénis, car malgré les difficultés actuelles, ils comptent sur la promesse divine de bonheur et de salut.

Nous pouvons aider l’humanité à devenir résiliente en déterrant les trésors cachés de nos traditions spirituelles. Pour les bouddhistes, le Noble Sentier octuple peut développer la compassion et la sagesse en direction d’engagements sociaux. Pour les chrétiens, l’espérance est l’un de ces trésors. Comme le dit le Pape François, «l’espérance nous invite à reconnaître qu’il y a toujours une voie de sortie, que nous pouvons toujours repréciser le cap, que nous pouvons toujours faire quelque chose pour résoudre les problèmes» (Laudato si’, n. 61).

Nous sommes convaincus que l’espérance nous sauve du découragement. A cet égard, nous aimerions partager la sagesse de feu le vénérable -Thich Nhat Hanh sur l’importance de l’espérance: «Elle peut rendre le moment présent moins difficile à supporter. Si nous croyons que demain sera meilleur, nous pouvons supporter une épreuve aujourd’hui» (cf. Peace is Every Step, 1991, 41-42). Travaillons ensemble pour un meilleur lendemain!

Chers amis, nous souhaitons que votre célébration du Vesak maintienne l’espérance vivante et génère des actions qui accueillent et répondent aux adversités causées par les crises actuelles.