Présentation du discours du Pape aux délégations des peuples autochtones du Canada

Les peuples autochtones du Canada au Vatican

 Les peuples autochtones du Canada au Vatican  FRA-014
05 avril 2022

Vendredi 1er avril, le Pape a conclu une semaine historique de rencontres avec les délégations de Metis, Inuit Tapiriit Kanatami et de l’Assemblée des Premières nations, lors d’une audience rassemblant tous les représentants des peuples autochtones du Canada qu’accompagnaient des évêques de cette même Eglise. «Il faut penser sept générations à l’avance quand on prend une décision aujourd’hui», a dit le Pape, faisant siens les mots des délégations autochtones: «Cette phrase est sage, a-t-il expliqué, elle est prévoyante et elle est à l’opposé de ce qu'il se passe souvent de nos jours, où nous poursuivons des objectifs utiles et immédiats sans tenir compte de l’avenir des générations suivantes». Au contraire, a dit l'Evêque de Rome, le lien entre générations est indispensable, «il doit être cultivé, sauvegardé, car il permet de ne pas effacer la mémoire et de ne pas perdre l’identité». Une autre image des autochtones qui a particulièrement plu à François est la métaphore des branches d’arbres. «Comme eux, vous avez grandi dans différentes directions, traversé différentes saisons et même été secoués par des vents violents», a reconnu le Pape, tout en les saluant: «Vous vous êtes ancrés fermement dans les racines, que vous avez gardées fermes». Et ces arbres continuent à porter du fruit. Parmi ces fruits, François a tenu à mentionner des valeurs des peuples autochtones «qui méritent d’être connues et valorisés», comme le soin porté à la terre «que vous ne considérez pas comme un bien à exploiter, mais comme un don du ciel». Cette terre qui a conservé la mémoire des ancêtres, «un espace vivant où l’on peut vivre son existence dans un tissu de relations avec le Créateur». D’autres fruits sont la richesse des langues, des cultures, des traditions et des formes artistiques des peuples autochtones. Cet arbre fécond a toutefois subi le drame du déracinement. «La chaîne qui transmettait les connaissances et les modes de vie, en union avec la terre, a été rompue par la colonisation, qui a arraché sans respect beaucoup d'entre vous à votre milieu de vie et a tenté de vous conformer à une autre mentalité», a déclaré le Pape François. «Ainsi, votre identité et votre culture ont été blessées, de nombreuses familles ont été séparées, de nombreux enfants ont été victimes de cette action d'homologation, soutenue par l'idée que le progrès se fait par la colonisation idéologique, selon des programmes planifiés, plutôt que par le respect de la vie des peuples». Cette colonisation idéologique se produit encore de nos jours, «combien de colonisations politiques, idéologiques et économiques il y a dans le monde, motivées par la cupidité et la soif de profit, au mépris des peuples, de leur histoire et de leurs traditions, et de la maison commune de la création». Après les témoignages apportés cette semaine, le Successeur de Pierre a vu grandir en lui deux sentiments: la honte et l’indignation. «L'indignation, car il est injuste d'accepter le mal, et il est encore pire de s'y habituer, comme s'il s'agissait d'une dynamique inéluctable causée par les événements de l'histoire». Ensuite la honte, notamment pour le rôle que divers catholiques, «en particulier ceux qui ont des responsabilités éducatives» ont joué dans les blessures des autochtones, «dans les abus et le manque de respect envers votre identité, votre culture et mêmes vos valeurs spirituelles». «Pour la conduite déplorable de ces membres de l'Eglise catholique, je demande le pardon de Dieu et je voudrais vous dire du fond du cœur: je suis vraiment affligé». Le Pape a assuré les délégations u’il se rendra au Canada.