Rencontre avec le corps diplomatique à l’issue du voyage

Les espérances et l’avenir du Liban

 Les espérances   et l’avenir du Liban  FRA-008
22 février 2022

Le désir de tout le peuple libanais de voir le Pape se rendre prochainement dans son pays est très fort; aussi, dès que les conditions le permettront, un voyage pourra-t-il être envisagé. C’est ce qu’a affirmé Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les Etats, suite à une rencontre qui s’est déroulée le mercredi 9 février dans l’Aula vecchia du synode, au Vatican, avec les ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège, sur les aspects les plus importants du -voyage qui, du 31 janvier au 4 février, l’a conduit au Liban. «Nous étudions déjà la possibilité d’une visite, peut-être même d’ici la fin de l’année», a souligné le prélat, répondant aux questions des diplomates.

Une visite qui a touché
les réalités du pays

La visite au Liban, a expliqué l’archevêque, a été une expérience très «intéressante en raison de l’intensité des rencontres et excellente du point de vue politique et diplomatique». Mgr Gallagher a ainsi pu «toucher les réalités» du pays, voir comment «tout le monde voulait avoir des contacts avec le Saint-Siège et la secrétairerie d’Etat». Il a également constaté à quel point «un vrai consensus sur les pro-blèmes et les solutions» est nécessaire au Liban, car chacun défend sa propre perspective.

Au cours de cette visite, Mgr Gallagher a rencontré, entre autres, les familles des victimes de l’explosion du port de Beyrouth (4 août 2020), qui ont lancé des appels à la justice. «Ils éprouvent un profond sentiment de frustration», a-t-il dit, car ils craignent que «le processus ne soit entravé». Le grave problème de «la liquidité et de l’accès aux banques», en lien avec l’inflation écrasante, constitue un autre point très important de la réalité libanaise, porté à l’attention du prélat. En outre, la présence de réfugiés syriens dans le pays commence à être perçue par de nombreux Libanais comme un danger pour l’équilibre démographique et économique.

Les élections de mai

Le point clé de la politique libanaise reste l’application des accords de Ta’if (traité qui mit fin à la guerre civile dans le pays entre 1975 et 1990) et la question du «confessionnalisme», un des piliers de ces accords. Mgr Paul Richard Gallagher s’est attardé également sur les propositions avancées par certaines personnalités libanaises, parmi lesquelles le cardinal Béchara Boutros Raï, patriarche d’Antioche des Maronites, pour arriver à une «neutralité» du Liban. «Il semble que ce soit un élément essentiel pour l’avenir du Liban», souligne Mgr Gallagher, pour lequel, cependant, il sera «difficile» de parler de neutralité dans la région. La prochaine étape «indispensable» des élections de mai pourrait donner des résultats et aider à progresser davantage, en gardant toutefois à l’esprit que les questions budgétaires pourraient affecter le vote de la diaspora libanaise qui, avertit le prélat, ne peut être ignorée. Elle doit être considérée comme une partie active du pays, car elle constitue un soutien économique important pour les familles restées au Liban.

Les défis
et les espoirs de la jeunesse

Après une référence au rôle important de l’armée dans le pays, Mgr Gallagher a évoqué l’une de ses préoccupations majeures: la jeunesse libanaise. Les témoignages recueillis lors de sa visite, a-t-il expliqué, s’accordent à dire que de très nombreux jeunes quittent le pays, y compris «les jeunes chrétiens maronites». D’autre part, si il y a eu d’un côté des «témoignages angoissés», il y a eu aussi, de l’autre, «des témoins et des projets d’espérance», comme le Centre Carlo Acutis pour la jeunesse, des pères lazaristes, que Mgr Gallagher a visité au cours de son séjour. De la part des jeunes, a-t-il remarqué, les critiques ne manquent pas, notamment à l’égard de l’Eglise libanaise, considérée comme «riche au milieu de tant de jeunes pauvres»; un problème que Mgr Gallagher a également abordé lors du synode maronite.

Enfin, le représentant du Saint-Siège n’a pas manqué de faire référence au dialogue interreligieux et au dialogue œcuménique, dont l’importance «très ressentie» fait naître un fort désir de «donner suite à l’invitation du Pape du 1er juillet dernier» (cf. Journée de prière pour le Liban voulue par François). Dans le pays, a conclu Mgr Gallagher, la visite du Pape en Irak «a eu un large impact, notamment la rencontre avec l’ayatollah Ali al-Sistani, qui a été une source d’encouragement pour tous».

Francesca Sabatinelli